Cassini s’est une dernière fois servi de la lune Titan pour réaliser sa rentrée kamikaze dans l’atmosphère de Saturne (dernières images et planning)
La sonde Cassini de la NASA a (vraiment) fait ses adieux à Titan et elle est maintenant en route vers une rencontre fatale avec Saturne. La sonde est passée par la plus grande lune de Saturne à une altitude de 119 049 km, ce qui a modifié la trajectoire de Cassini afin de la diriger tout droit dans l’atmosphère de Saturne le 15 septembre, marquant la fin de la mission qui aura duré 20 ans.
Cassini a recueilli des images et des données pendant son dernier survol de Titan, mais comme la sonde ne pouvait communiquer avec la Terre, celles-ci seront transmises une fois que le contact sera rétabli avec le contrôle de la mission, aujourd’hui normalement. Avec le téléchargement des données, l’agence spatiale analysera les informations de télémétrie et de suivi de Cassini pour confirmer qu’elle est sur la bonne trajectoire.
Lancée en 1997, Cassini orbite Saturne depuis 13 ans et elle a réalisé 127 survols ciblés de Titan à diverses altitudes. Bon nombre de ces rencontres furent des manœuvres conçues pour envoyer la sonde sur une nouvelle orbite. Cependant, ce dernier survol a ralenti Cassini afin que, au lieu de survoler l’atmosphère de Saturne lors de sa prochaine rencontre, elle y pénètre et s’enflamme.
Le planning pour la fin kamikaze de la sonde Cassini, de son survol de Titan jusqu’à sa rentrée dans l’atmosphère de Saturne. (NASA/ JPL-Caltech)
La raison pour laquelle Cassini sera détruit le 15 septembre, est qu’elle est presque à court de carburant et qu’elle n’est plus capable de contrôler sa trajectoire. Comme Cassini n’a pas été complètement stérilisée avant de quitter la Terre, la crainte est qu’elle pourrait un jour s’écraser sur l’une des lunes potentiellement habitables de Saturne, comme Encelade, la contaminant et compliquant les futures missions de recherche d’une vie « autochtone ».
Le survol d’hier fut la dernière manœuvre majeure dans ce qui est appelé le “Grand Finale” de la mission Cassini, qui a commencé fin avril et qui l’a envoyé dans une orbite lui permettant d’effectuer des plongées hebdomadaires entre Saturne et le bord intérieur des anneaux de la planète, là où aucun autre engin spatial n’est allé. La NASA précise que la sonde continuera à fonctionner jusqu’à ce qu’elle soit détruite, en renvoyant les toutes premières données de l’atmosphère de Saturne.
Selon Earl Maize du Jet Propulsion Laboratory de la NASA à Pasadena, en Californie :
Cassini fut dans une longue relation avec Titan, avec un nouveau rendez-vous presque tous les mois depuis plus d’une décennie. Cette dernière rencontre est un adieu, mais comme elle l’a fait tout au long de la mission, la gravité de Titan est de nouveau en train d’envoyer Cassini où nous en avons besoin.
Sur le site de la NASA : Cassini Makes its ‘Goodbye Kiss’ Flyby of Titan.
(NASA/ JPL-Caltech/ Space Science Institute)
Pendant ce temps, sur Terre , nous continuons à recevoir des images de la sonde et la NASA vient d’en publier deux de l’anneau B de Saturne comme nous ne l’avons jamais vu auparavant.
La première image (ci-dessus), prise le 4 juin, est en noir et blanc et présente la structure ondulée de la partie intérieure de l’anneau. C’est ce qu’on appelle l’onde de densité spirale 2: 1 de Janus (“Janus 2:1 spiral density wave”), ainsi nommée parce qu’elle est générée par Janus, qui orbite Saturne juste en dehors de son anneau A.
En plus de grignoter le bord extérieur de l’anneau A avec sa lune co-orbitale, Épiméthée, Janus a une résonance orbitale avec les particules dans l’anneau. Pour chaque orbite que Janus complète, les particules de l’anneau en font deux. Cela crée une spirale d’ondulation. En fait, c’est le même mécanisme qui entraîne la formation des bras des galaxies spirales.
Les ondulations ne sont pas uniformes en largeur. Plus loin elles sont de Janus (leur influence de propagation), plus proches ensemble elles croissent. Bien que l’image semble descendre vers la droite, toutes les sections de l’anneau sont équidistantes de la caméra, à environ 76 000 kilomètres de Cassini.
Bien qu’elle soit nommée en fonction de Janus, ces ondulations n’auraient pas lieu sans Épiméthée. Les deux lunes orbitent Saturne presque exactement au même rythme. Tous les quatre ans, la lune à l’arrière s’accroche et dépasse la lune devant (lune co-orbitale). Chaque fois que cela se produit, une nouvelle ondulation se forme.
La distance entre chaque ondulation est égale à quatre ans de propagation des ondes à partir de la source. C’est un peu comme les anneaux d’un tronc d’arbre, chaque anneau enregistrant l’histoire orbitale des deux lunes. Les anneaux en haut à gauche, selon le Jet Propulsion Laboratory de la NASA, datent de 1980 et 1981, alors que la sonde Voyager passait à proximité de Saturne.
La deuxième image (ci-dessous), obtenue le 6 juillet, est à la plus haute résolution jamais obtenue d’une partie des anneaux de Saturne, à une échelle d’environ 3 kilomètres par pixel.
(NASA/ JPL-Caltech/ Space Science Institute)
L’image est une mosaïque composite en couleur, créée à partir d’images prises à l’aide de filtres spectraux rouges, verts et bleus. Les bandes font environ 40 kilomètres de large pour les plus petites au milieu, à 300 à 500 kilomètres pour les plus épaisses. Ce qui leur donne leurs différentes couleurs et luminosités, n’est pas connu. Les anneaux sont principalement composés d’eau et de glace. La luminosité pourrait être affectée par la densité des particules, leur abondance et l’ombrage.
Les scientifiques espèrent en savoir plus à l’aide de nouvelles observations de Cassini avant son départ. Son ultime dernier plongeon a commencé le 12 septembre. Elle devrait rentrer dans l’atmosphère de Saturne le 15 septembre. Elle continuera à enregistrer des données et à les transmettre sur Terre jusqu’à ces derniers instants que votre Guru suivra de près.
La chronologie des évènements peut-être trouvé ici : End of Mission Timeline.
Sur le site du JPL de la NASA pour la première image : Staggering Structure et pour la deuxième image : Colorful Structure at Fine Scales.