Une ancienne fourmi vampire avec une corne en métal sur sa tête
Des scientifiques ont découvert une nouvelle espèce de fourmis avec de terrifiantes pièces buccales pointues et renforcées de métal, utilisées pour boire le fluide de ses victimes.
Heureusement, ces insectes se sont éteints il y a bien longtemps, mais un spécimen piégé dans de l’ambre (sève) de 98 millions d’années a révélé les caractéristiques de cette espèce préhistorique, y compris un curieux composant métallique dans ses mâchoires.
La Linguamyrmex vladi, appartient à un groupe connu sous le nom de “hell ant” (fourmis de l’enfer) ou haidomyrmecines, un groupe éteint qui vivait au cours du crétacé et caractérisé par d’étranges pièces buccales verticalement mobiles.
(Barden et col./ Syst Entomol (2017))
Ces fourmis ne sont pas réellement les ancêtres des minuscules créatures que nous côtoyons aujourd’hui et appartiennent plutôt à un groupe-tronc qui s’est éteint avant que l’ancêtre commun de toutes les fourmis modernes ne soit apparu pour commencer sa lignée.
Au lieu de simples mandibules orientées vers le bas, la L. vladi portait deux grandes “faux” qui pointaient vers le haut, une caractéristique qui ne se trouve chez aucune de nos fourmis actuelles.
(Barden et col./ Syst Entomol (2017))
Il semble que ces mâchoires pointues étaient entourées par des poils déclencheurs (“Trigger hairs” dans l’image ci-dessus) semblables à ceux utilisés par les fourmis à mâchoire pièges d’aujourd’hui, qui les referment (leurs mâchoires) extrêmement rapidement.
Cette fourmi avait aussi un appendice ou une corne en forme de “pagaie” renforcée au-dessus de ses mâchoires et il est possible qu’elle l’ait utilisé pour retenir sa proie une fois qu’elle avait enfoncé ses mandibules orientées vers le haut dans le corps de sa victime.
Les chercheurs, dirigés par Phillip Barden, du New Jersey Institute of Technology, ont également découvert un canal en forme de tube entre les mandibules et ils pensent que les fourmis aspiraient probablement leurs aliments, car les mâchoires ne sont pas adaptées pour mâcher.
Selon l’étude :
Les mandibules et la pagaie du Linguamyrmex ont peut-être servi à percer les proies à corps mous et pour se nourrir de l’hémolymphe.
Le spécimen a été retrouvé dans sa tombe ambrée à côté d’une grande larve de coléoptère, qui aurait été une proie parfaite à corps mou pour un prédateur qui suce le liquide vitale (hémolymphe) de ses victimes.
A partir de l’étude : le schéma ci-dessus présente l’emplacement des deux spécimens. (Barden et col./ Syst Entomol (2017))
Les mâchoires de la fourmi n’étaient pas intégrées dans la larve, mais les chercheurs notent que leur placement est “cohérent avec cette proie”.
Une analyse aux rayons X de l’échantillon d’ambre a révélé que la partie inférieure de cette corne sur sa tête est renforcée par des particules de métal. L’insecte ne développait pas vraiment un petit casque de guerre, mais il semblait avoir l’extraordinaire capacité de collecter des métaux à partir de son alimentation dans des parties de son corps qui nécessitaient un renforcement.
Toujours selon l’étude :
Les insectes sont connus pour séquestrer les métaux, en particulier, le calcium, le manganèse, le zinc et le fer dans les ovipositeurs et les mandibules, pour augmenter la résistance et réduire l’usure.
Les chercheurs spéculent que cette corne en métal aurait permis à la fourmi de s’en servir pour résister au gigotement de sa proie si elle la manquait avec ses mâchoires, ou de la bloquer pour insérer plus facilement ses mandibules pointues dans le corps mou de ses victimes.
Comme l’ambre qui a piégé cette fourmi provenait d’une riche zone de fouilles au Myanmar, il se pourrait que d’autres spécimens soient découverts d’ici peu.
L’étude publiée dans Systematic Entomology : A new genus of hell ants from the Cretaceous (Hymenoptera: Formicidae: Haidomyrmecini) with a novel head structure.
Toujours des sujets passionnants et insolites.
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