Les mantes religieuses s’attaquent désormais trop souvent aux oiseaux
A bien la regarder les yeux dans les yeux, on sent bien que la mante religieuse n’a pas que de bonnes intentions et qu’il n’y a que sa posture à être religieuse. Des chercheurs de Suisse et des États-Unis ont constaté que ces agressifs insectes carnivores aux puissantes pattes avant ravisseuses ou raptoriales, connus pour manger habituellement des insectes ou des araignées, en se rajoutant occasionnellement à leur menu de petits reptiles comme les grenouilles et les lézards, tuent et mangent également de petits oiseaux. Et ce comportement n’est pas seulement anecdotique, mais assez largement répandu et inquiétant pour les plus petits volatils, comme le rapporte les chercheurs dans leur étude qui a, pour la première fois, documenté ce comportement pour le révéler au monde entier.
Si vous vous intéresser aux mantes religieuses, vous avez peut-être repéré, après une rapide recherche sur YouTube, qu’il y a bon nombre de vidéos montrant ce comportement, avec les colibris comme principale victime, capturés le plus souvent près des mangeoires domestiques.
La nouvelle étude réalisée par une équipe de zoologistes a documenté 147 exemples de mantes religieuses mangeuses d’oiseaux, montrant que 12 espèces et neuf genres sont connus pour les attaquer. L’équipe a suivi le comportement dans 13 pays, en trouvant des victimes de la mante dans 24 espèces d’oiseaux différentes.
Selon la responsable de l’étude Martin Nyffeler de l’université de Bâle (Suisse) :
Le fait que les mantes religieuses mangeant des oiseaux soient tellement répandues, tant taxonomiquement que géographiquement parlant, est une découverte spectaculaire.
Images tirée de l’étude (Randy Anderson/ Martin Nyffeler et col./ TWJO)
Pus de 70 % des cas documentés ont été trouvés aux États-Unis, en Amérique du Nord, avec des colibris constituant la majorité des victimes. L’omniprésence du comportement sur ce continent remonte à la relâche par l’humain de plusieurs espèces de mantes religieuses qui n’était pas originaire de la région, à la fin des années 1800.
Ces insectes ont été utilisés pendant des décennies dans les jardins comme agents biologiques de lutte antiparasitaire et, à ce jour, beaucoup utilisent encore des espèces importées et indigènes (comme la Mantis religiosa et Tenodera sinensis) à des fins de lutte antiparasitaire. Mais la nouvelle recherche montre que les insectes constituent une menace pour les colibris et les petits passereaux.
Images tirée de l’étude (Randy Anderson/ Martin Nyffeler et col./ TWJO)
Selon Nyffeler :
Notre étude montre la menace posée par les mantes pour certaines populations d’oiseaux. Ainsi, une grande prudence est conseillée lors de la libération de mantes pour la lutte antiparasitaire.
Bien que de nombreux jardiniers trouveront qu’une solution biologique de lutte antiparasitaire est bien mieux qu’un produit chimique, de récentes études ont montré que la nature indiscriminée des proies des mantes religieuses rend leur valeur dans ce domaine négligeable.
L’étude publiée dans The Wilson Journal of Ornithology : Bird Predation By Praying Mantises: A Global Perspective et présentée sur le site de l’université de Bâle : Praying Mantises Hunt Down Birds Worldwide.