Pourquoi le parasite de ce coléoptère lui fait-il adopter une aussi curieuse posture ?
De nouvelles recherches ont décrit comment un champignon parasite, appelé l’Eryniopsis lampyridarum, devient la pire des infections sexuellement transmissibles en tuant son hôte puis en répandant ses spores sur d’autres coléoptères qui tentent de s’accoupler avec son cadavre.
Au cours des 20 dernières années, des entomologistes de l’université de l’Arkansas et de l’université Cornell aux États-Unis ont collecté des coléoptères Cantharide de Pennsylvanie (Chauliognathus pensylvanicus) vivants et morts de divers endroits aux États-Unis afin de regarder de plus près comment les champignons parasites affectaient leur corps.
Le parasite E. lampyridarum n’est pas nouveau pour la science ni le fait qu’il force les mâchoires de son hôte à s’accrocher à une plante avant de mourir puis d’ouvrir les ailes du cadavre pour exposer ses spores à l’air.
Cantharides de Pennsylvanie infectées par le parasite. (Don Steinkraus/ Université de l’Arkansas/ Journal of Invertebrate Pathology)
Mais un certain nombre de choses ne sont toujours pas claires quant aux mécanismes derrière cette prise de contrôle (“zombification”) par le champignon ou les raisons qui l’expliquent, incitant les chercheurs à analyser plus en détail l’horrible processus.
Sur les 446 spécimens qu’ils ont rassemblés, un cinquième des coléoptères mâles et femelles avait été infecté par le champignon, les obligeant, pour la plupart, à prendre une pose, à ouvrir leurs enveloppes extérieures rigides, à écarter les ailes dévoilant un abdomen dodu et moucheté de spores.
(Steinkraus/ Hajek/ Liebherr/ Journal of Invertebrate Pathology)
Deux des coléoptères morts ont été étudiés pendant un certain nombre d’heures afin de mesurer la croissance du champignon et le développement de ses spores. Alors que leurs ailes restent fermées au début, 15 à 22 heures plus tard, elles se sont déployées, coïncidant avec l’apparition des corps fructifères du champignon.
Le timing pourrait donner aux spores les meilleures conditions de survie.
Selon les chercheurs, dans leur étude :
La production de conidiospores et de conidies dans les premières heures de la matinée peut favoriser la survie des conidies fongiques, car l’humidité relative est habituellement plus élevée alors.
La levée des ailes semble également être le résultat de la croissance des champignons à l’intérieur de l’insecte.
Le comportement permettrait aux spores de s’envoler pour flotter dans l’air afin de trouver de nouveaux malheureux coléoptères à infecter, amis les chercheurs pensent maintenant qu’il pourrait y avoir un autre avantage.
Selon eux :
Alternativement, nous pensons que le rôle du déploiement des ailes peut stimuler le comportement d’accouplement ou d’augmenter une autre interaction comportementale, ce qui entraîne la réunion de coléoptères non infectés sur des coléoptères infectés où ils récupèrent des conidies et deviennent infectés.
Le Cantharide de Pennsylvanie se nourrit d’une variété de fleurs, qui se trouve aussi là où ils trouvent leurs partenaires respectifs.Il n’est donc pas difficile d’imaginer qu’un coléoptère infecté luttant, mourant, exposant son abdomen sexy et gonflé, contamine par frottement une autre Cantharide de Pennsylvanie venu se nourrir ou s’accoupler.
Comme la nature est toujours plus horrible quand on remplace les animaux par des humains, le responsable de la recherche Donald Steinkraus de l’université de l’Arkansas donne l’image (anthropomorphisme) d’une personne infectée par un virus, qui a délibérément cherché un bar pour célibataire, a saisi le bar avec les dents, et y est mort, pour qu’ensuite les humains en bonne santé soient exposés aux particules infectieuses du virus.
Il suffit de penser à tous ces autres parasites qui contrôlent l’esprit, des faiseurs de zombies, comme les parasites qui rendent les poissons plus prudents (jusqu’à ce qu’ils soient prêts à être mangés), le protozoaire qui rend les souris plus intrépides devant les chats ou les champignons qui font grimper des fourmis au sommet d’une plante avant de transformer leurs cadavres en des œuvres d’art moderne (même les tarentules) et le Guru en passe.
Mais il reste encore de la recherche a réalisé pour démontrer que c’est vraiment le parasite qui contrôle l’apparence macabre de sa malheureuse victime et quels bénéfices il en retire. Un certain nombre d’insectes adoptent des « poses mortelles » frappantes après avoir été infectés et ce n’est pas nécessairement une adaptation induite par le parasite.
L’étude publiée dans The Journal of Invertebrate Pathology : Zombie soldier beetles: Epizootics in the goldenrod soldier beetle, Chauliognathus pensylvanicus (Coleoptera: Cantharidae) caused by Eryniopsis lampyridarum (Entomophthoromycotina: Entomophthoraceae).