13 % : Il ne reste qu’une infime fraction des océans du monde à abriter de la vie sauvage
Les océans couvrent plus de 70% de notre planète, mais malgré leur immensité, peu de zones marines autour du globe ont été épargnées par l’activité humaine. Selon une étude récente, seule une infime fraction des océans du monde abrite naturellement de nombreuses populations d’animaux sauvages marins. De plus, ce lambeau de nature marine sauvage que nous avons laissée pourrait être perdu si nous continuons à pêcher plus profondément et plus loin.
Mis à part les pôles et les régions éloignées du Pacifique, presque tous les océans du monde sont sous l’influence de l’activité humaine, qu’il s’agisse de la pêche, de la navigation mondiale ou de la pollution.
Selon Kendall Jones, de l’université du Queensland, en Australie, et de la Wildlife Conservation Society, 13 % seulement des océans du monde n’ont pas été touchés par les activités humaines.
Ces dernières zones de nature océanique sauvage contrastent fortement avec les eaux surpêchées et polluées que l’on trouve ailleurs dans le monde, comme le long des côtes. La pêche commerciale couvre maintenant une zone 4 fois plus grande que la zone utilisée pour l’agriculture, et une grande partie n’est pas durable, entraînant l’épuisement de 90 % des espèces importantes.
Selon Jones :
Ils agissent comme des machines à remonter le temps. Ils abritent des niveaux inégalés de biodiversité marine et certains des derniers endroits sur Terre où l’on trouve de grandes populations de prédateurs d’apex comme les requins.
Seulement 5 % du reste de l’océan sauvage se trouve dans des aires marines protégées existantes, ont rapporté Jones et ses collègues dans leur étude. L’une des raisons en est que les zones non touchées sont éloignées de l’activité humaine, mais aussi loin de la juridiction des gouvernements, en haute mer. Couvrant près de la moitié de la planète, les hautes mers sont des eaux internationales où aucun pays n’a juridiction.
Du côté positif, un traité de conservation de la haute mer se profile à l’horizon, avec des négociations accueillies par l’ONU à partir de septembre.
Les chercheurs attirent également l’attention sur les 4 milliards de dollars (3,4 milliards d’euros) par an que les gouvernements dépensent en subventions pour la pêche en haute mer, qui devraient être réduites afin de protéger la faune marine. Les navires de dix pays riches, dont le Japon, la Corée et l’Espagne, prennent 71% des prises en haute mer, mais bon nombre de ces opérations ne seraient en fait pas rentables s’il n’y avait plus de subventions publiques qui compensent le coût des voyages si loin de chez eux.
Si ce petit milieu marin sauvage que nous avons laissé n’est pas protégé, le monde risque de le perdre très vite. Au fur et à mesure que les avancées technologiques, mais aussi que les changements climatiques rendent plus accessibles des régions auparavant isolées, il ne faudra pas longtemps avant qu’une grande partie de la nature marine sauvage disparaisse. Par exemple, en 2014, la compagnie russe Gazprom a ramené les premiers barils de pétrole de l’Arctique, provenant de zones autrefois protégées par une couverture de glace. Là encore, la Russie, cette fois en partenariat avec Total en France et le CNPC en Chine, veut commencer à forer l’Arctique en 2019 pour le gaz naturel. La compagnie devrait extraire 16,5 millions de tonnes de gaz naturel par année.
Outre la surpêche, il existe de nombreux autres problèmes qui menacent la faune, comme la pollution par les engrais agricoles, les produits chimiques industriels et le plastique.
Selon M. Jones :
La pollution plastique est l’une des grandes choses sur lesquelles nous voulons trouver un moyen d’obtenir des données.
C’est si répandu et si difficile à gérer que nous voulons vraiment avoir une bonne idée d’où il est et où il est le plus affecté.
Il est à espérer que cette étude recevra l’attention qu’elle mérite et incitera les responsables à adopter rapidement des accords internationaux visant à protéger les milieux marins sauvages.
L’étude publiée dans Current Biology : The Location and Protection Status of Earth’s Diminishing Marine Wilderness et présentée sur le site de la Wildlife Conservation Society : Just 13% of the World’s Oceans are « Wilderness, » Study Says.