La forme du nez sous l’influence climatique
De nouvelles recherches ont maintenant lié la largeur de nos narines au climat auquel nos ancêtres ont dû faire face. La forme de notre nez est le résultat de l’évolution qui a fait en sorte que nous (au moins nos ancêtres) soyons adaptés à respirer un air soit froid et sec, ou chaud et humide.
De précédentes hypothèses ont suggéré que certaines caractéristiques du nez conditionnent la température et la teneur en humidité de l’air en passant par nos poumons. Mais une étude de 2016 n’était pas d’accord, constatant que notre cavité nasale n’était pas adaptée à l’ajustement de ces caractéristiques, donc, selon leur conclusion, la forme inhabituelle du nez était probablement issu d’une caractéristique aléatoire engendrée par des changements dans le reste du visage humain.
Une équipe internationale d’anthropologues a maintenant tenté de résoudre le débat avec une analyse comparant des caractéristiques telles que la distance entre les narines et les conditions atmosphériques, comme la température, l’humidité relative et l’humidité absolue.
Bien que des études similaires aient été réalisées auparavant, c’est la première fois que des visages d’humains vivants ont été mesuré pour étudier s’il existe une relation entre le climat auquel nous nous sommes adaptés et la forme de notre nez.
Selon le chercheur Mark Shriver de l’université d’Etat de Pennsylvanie :
Beaucoup de chercheurs ont testé la question avec des mesures du crâne, mais personne n’avait fait des mesures sur des personnes vivantes.
Il est possible que la variété que nous observons dans les tailles et les formes du nez puisse tout simplement être la cause d’une dérive génétique : le changement de fréquence de certains gènes en raison de décès aléatoires et des migrations. Ainsi, les chercheurs ont scanné le visage de 476 volontaires qui se sont déclarés être de quatre zones géographiques différentes : d’Afrique de l’Ouest, d’Asie de l’Est, d’Asie du Sud et d’Europe du Nord.
En utilisant les modèles numériques en 3D obtenues, ils ont mesuré les variations de caractéristiques telles que la protrusion de la pointe nasale, la largeur de base de la partie charnue des narines (appelée l’alar) et la largeur des narines.ils ont appliqué un test statistique pour déterminer la probabilité de dérive génétique pour chaque caractéristique. Au final, seulement deux traits semblent avoir été façonnés par la sélection naturelle entre les populations, la largeur de l’alar et celle des narines.
Image tirée de l’étude : A) Les emplacements des repères, qui ont été utilisés pour calculer les distances, sont indiqués par des points rouges. B) Cinq distances linéaires (lignes rouges) et deux surfaces (maille rouge) ont été utilisées pour décrire la forme du nez. Les distances ont été calculées à partir des coordonnées 3D des repères (points rouges). Les surfaces ont été calculées comme la somme des polygones mis en surbrillance en rouge. (Mark Shriver et col./ PLOS Genetics)
Des caractéristiques comme la hauteur du nez pourraient avoir évolué sous des pressions sélectives (comme esthétiques/ sexuelles) au sein de chaque population, mais elles ne se sont pas séparées alors que les groupes de personnes se sont déplacés dans le monde entier.
Ensuite, les chercheurs ont noté les lieux de naissance des parents de 140 femmes de l’étude et ils ont attribué aux volontaires une valeur basée sur les conditions climatiques de la région, en particulier la température et l’humidité. Ils ont constaté que la largeur de leurs narines se corrélée fortement avec la température moyenne et l’humidité absolue du lieu, la quantité totale de vapeur d’eau dans l’air sans tenir compte de la température. Fondamentalement, les nez plus larges sont devenus plus communs dans les zones chaudes et humides, tandis que les nez plus étroits sont devenus plus répandus dans les climats plus froids et plus secs.
Selon Shriver, se référant à l’anatomiste britannique Arthur Thompson :
Tout remonte à la règle de Thompson. À la fin des années 1800, il a dit que les nez longs et minces sont apparus dans les zones sèches et froides, tandis que les nez court et large se sont produits dans les zones chaudes et humides.
Ce ne sera sans doute pas la dernière étude sur la question, de savoir pourquoi les humains modernes et leurs ancêtres ont un nez si étrange, mais avoir de nouvelles données détaillant les diverses formes de nos visages enrichit le débat. Il est probable qu’il existe d’autres pressions, que celles engendrées par le climat, qui ont contribué à forger notre nez.
À l’avenir, les chercheurs espèrent inclure des populations d’une plus grande variété d’ascendances, comme celles originaires d’Amérique du Nord, dans l’espoir d’identifier les gènes sous-jacents responsables.
L’étude publiée dans PLOS Genetics : Investigating the case of human nose shape and climate adaptation.
A envoyer au GIEC.