Sur les gangs de hyènes qui harcèlent les lions pour voler leur nourriture (vidéo)
Harceler un groupe de lions affamés est une entreprise assez risquée, mais elle peut rapporter gros pour les hyènes… à condition qu’elles soient groupées.
Une nouvelle étude offre un rare aperçu sur le comportement coopératif pendant les combats entre deux superprédateurs : les hyènes tachetées et les lions.
Selon Kenna Lehmann de l’université d’état du Michigan (États-Unis) et coauteur de l’étude :
Lorsque les hyènes se mêlent pendant les interactions hyène-lion, il existe un risque important de blessures en participant à ce comportement coopératif. Cependant, quand elles se regroupent ainsi en gang, elles sont plus susceptibles de gagner le contrôle de la nourriture. Cela suggère que le comportement coopératif augmente les capacités* des hyènes.
* D’augmenter leur probabilité de s’alimenter lorsqu’elles se retrouvent face à des lions pour le contrôle d’une ressource alimentaire.
Les hyènes vont même embêter les lions quand il n’y a aucune nourriture aux alentours. L’équipe de recherche a constaté qu’elles sont plus susceptibles de harceler les lions quand il y a davantage de hyènes présentes, indépendamment de la présence d’aliments, d’un lieu de combat et du nombre de lions impliqués.
Comme le montre cette vidéo, les interactions sont intenses. (université de l’État du Michigan)
La meute commence parfois petite, mais davantage de hyènes prennent part à la mêlée alors que l’affrontement s’intensifie. Même contre trois lions, les petites hyènes se groupent en une seule unité, ricanant, grognant et claquant comme une hydre à têtes de hyène. Puis, ressemblant à une unité militaire bien préparée, elles se glissent vers l’avant, chassent les plus grands prédateurs de la carcasse et la revendiquent pour elles-mêmes et leur clan.
Les lions et les hyènes se sont longtemps retrouvés en compétition directement ou indirectement pour les ressources. Même si le comportement de harcèlement coopératif a été documenté chez les oiseaux et d’autres mammifères, c’est la première recherche à complètement décrire cette interaction chez deux superprédateurs.
L’analyse de ces interactions complexes requiert un échantillon important, qui ne peut être obtenu qu’à partir de données détaillées d’observation sur le long terme, précise M. Lehmann. Ayant accès au projet Mara Hyena, l’équipe a pu évaluer 27 années de données couvrant les territoires de sept clans de hyènes dans deux sites d’étude au Kenya.
Selon Tracy Montgomery, coauteur d’étude :
Non seulement cela nous a permis de démontrer que le harcèlement améliore probablement les capacités des hyènes, mais il nous aidera également à identifier les facteurs qui permettront de prédire si ce comportement coopératif se produira. Cela a également ouvert la voie à d’autres études.
De futures recherches détermineront les éléments du gang, en identifiant les participants, leur sexe et leur rang. Les chercheurs vont également essayer de déterminer si tous les animaux partagent la même charge de travail ou s’il y a des filous réguliers qui évitent la lutte, mais qui prennent part au festin.
L’étude publiée dans la revue Current Zoology : Lions, hyenas and mobs (oh my!)