Là où il n’y a nulle part pour se cacher, un petit crustacé dispose d’une cape d’invisibilité probablement bactérienne
Les crustacés qui prospèrent dans l’immensité et au milieu de l’océan n’ont aucun endroit pour se cacher de leurs prédateurs. Par conséquent, de nombreuses créatures qui vivent à des profondeurs où la lumière du soleil s’estompe pour laisser place à l’obscurité, ont développé des corps transparents pour être moins visibles lorsqu’ils sont à découvert contre le crépuscule, pour les prédateurs au-dessus. Mais ils sont également confrontés à des prédateurs disposant de “projecteurs” bioluminescents qui font briller les crustacés comme une lampe de poche à travers une vitre.
Des zoologistes et biologistes de l’université Duke et de la Smithsonian Institution (Etats-Unis) décrivent dans une étude comment des crustacés hypéridés utilisent une “nanobiotechnologie” pour profiter d’une cape d’invisibilité.
Image d’entête : le crustacé hypéridé Phronima, étudié ici. (Laura Bagge/ université Duke)
Ils ont examiné les surfaces de l’exosquelette de l’animal pour étudier leur structure. Ils y ont trouvé des bosses et se sont dit que cela pourrait être intéressant. Effectivement, elles se sont avérées être des sphères microscopiques. Dans certains cas, c’était un tapis nanométrique épais et sur d’autres, une couche de nanosphères plus serrées. Ils avaient les bonnes dimensions pour amortir la lumière de la même façon que la mousse d’isolation diminue le bruit dans un studio d’enregistrement. Les Hyperides semblent disposer de deux techniques pour éviter de refléter la lumière, des nano protubérances sur leur cuticule (un tapis épais) ou un microfilm de minuscules sphères.
Puis, en y regardant de plus près, ces petites sphères semblaient être des bactéries, mais bien trop petites pour être observées. Ajoutant à l’impression que cela pourrait en être, elles sont parfois reliées à un réseau de filaments, comme un biofilm. Chacune des sept espèces d’amphipodes, que les chercheurs ont étudiés, semble avoir leurs propres espèces de “bactéries optiques” symbiotiques. Mais ce n’est pas encore sûr.
Si les sphères sont des bactéries, elles sont très petites et si le revêtement optique est vivant, les chercheurs doivent d’abord comprendre comment cette relation symbiotique a démarré.
Ils font actuellement équipe avec des microbiologistes pour déterminer que ce sont bien des bactéries.
L’étude publiée dans Current Biology : Nanostructures and Monolayers of Spheres Reduce Surface Reflections in Hyperiid Amphipods.