Avec l’aide d’artistes du paléolithique, des scientifiques découvrent que le bison européen est une espèce hybride
L’une des deux espèces de bisons encore présente sur Terre est un hybride du bison des steppes de l’Âge de glace et d’un ancien ancêtre de la vache, selon une nouvelle étude.
Les surprenantes origines du bison d’Europe ont été découvertes par des tests ADN sur de vieux os, puis vérifiées avec l’art rupestre du paléolithique qui, au fil du temps, a suivi/ représenté l’apparence du bison.
Le bison moderne européen (Rafał Kowalczyk)
Le bison d’Europe (Bison bonasus) fut presque chassé jusqu’à l’extinction dans les années 1920, avant d’être réintroduit dans plusieurs pays à travers l’Europe.
Les bisons sont parmi les rares animaux terrestres vivants à avoir survécu aux extinctions du Pléistocène, mais les archives fossiles pour le bison européen commencent très soudainement, il y a environ 11 700 ans.
Pour étudier son apparence, une équipe de recherche internationale a séquencé les génomes de 64 anciens bisons en utilisant des os et des dents vieux de 50 000 ans.
Leurs résultats ont dévoilé une espèce jusqu’alors inconnue qui a précédé le bison d’Europe. Étonnamment, l’espèce représente un hybride entre le bison des steppes (Bison priscus) de l’âge de glace et les aurochs (Bos primigenius), les ancêtres éteints des bovins modernes.
Selon Alan Cooper de l’université d’Adélaïde et auteur principal de l’étude
Les signaux génétiques des anciens os de bisons étaient très étranges, mais nous n’étions pas sûrs que l’espèce existait vraiment, donc nous l’avons surnommé le « bison de Higgs » (en référence au boson de Higgs).
Trouver qu’une hybridation conduit à une espèce totalement nouvelle fut une vraie surprise, alors que cela n’est pas vraiment censé se produire chez les mammifères.
Les aurochs et les bisons ont été très représentés dans l’art rupestre du paléolithique. Et, ce qui s’est révélé fort utile, c’est que leur changement d’apparence au fil du temps à aussi été dessiné, ce qui a permis aux chercheurs de revérifier leur hypothèse.
Selon le coauteur Julien Soubrier, également de l’université d’Adélaïde :
Les os datés ont révélé que notre nouvelle espèce et le bison des steppes ont à plusieurs reprises dominées chacun leur tour l’Europe, de concert avec les changements environnementaux majeurs causés par le changement climatique.
Lorsque nous leur avons posé la question, les chercheurs des cavernes françaises nous ont dit qu’il y avait effectivement deux formes distinctes de représentation du bison dans les grottes de l’âge de glace et il se révèle que leur datation correspond à ceux des différentes espèces.
Les peintures rupestres, datant de plus de 18 000 ans, montrent des bisons avec de longues cornes et de grands quartiers avant similaires aux espèces américaines modernes, qui descendent du bison des steppes.
Reproduction d’une peinture de la grotte Chauvet-Pont d’Arc (image d’entête) représentant un bison des steppes. (Carole Fritz / Gilles Tosello)
Dans les plus récentes représentations, les peintures montrent un bison avec des cornes et une bosses arrière plus proche en apparence aux bisons d’Europe.
Reproduction d’une peinture de la grotte du Pergouset (France) qui représente probablement un bison d’Europe (Bison bonasus) à partir de l’hybridation des aurochs et des bisons des Steppes. (Carole Fritz / Gilles Tosello)
Bien que le bison hybride ait survécu aux plus sévères changements climatiques connus de la science, sa chasse au cours du 20e siècle aurait eu un effet significatif sur son apparence.
Selon Cooper :
Il a dominé au cours des plus froides périodes, sans étés chauds, et elle était la plus grande espèce d’Europe à survivre aux extinctions de la mégafaune.
Cependant, le bison moderne d’Europe est, génétiquement, tout à fait différent, car il est passé par un goulot d’étranglement génétique de seulement 12 individus dans les années 1920, quand il a failli disparaitre. Voilà pourquoi la forme ancienne ressemblait tellement à une nouvelle espèce.
Selon les chercheurs, cette découverte ajoute aux preuves croissantes de l’importance de l’hybridation pour les animaux, ainsi que pour les plantes, afin de s’adapter à leur environnement en constante évolution.
L’étude publiée dans Nature Communications : Early cave art and ancient DNA record the origin of European bison.