Les singes peuvent avoir conscience que vous avez été dupé
La capacité à se rendre compte que d’autres personnes sont capables de se tromper était, autrefois, considérée comme étant unique aux humains. Cependant, selon de nouvelles recherches, certains singes peuvent également être conscients que ce à quoi des individus pensent ne correspond pas forcément à la réalité. Ainsi, comme les humains, les chimpanzés et d’autres singes peuvent déduire des convictions d’autres individus, même si ces croyances contredisent la réalité, et d’anticiper leurs erreurs.
Image d’entête : chimpanzé au zoo de Leipzig. (MPI f. Evolutionary Anthropology)
L’étude a été menée sur des chimpanzés, des bonobos et des orangs-outans en captivités, par des scientifiques de l’université Duke (États-Unis), l’université de Kyoto (Japon), l’université de St Andrews (Écosse) et L’Institut Max-Planck d’anthropologie évolutionniste (Allemagne).
Pour l’expérience, l’ensemble des primates ont pu profiter de deux courtes vidéos :
Dans l’une, une personne dans un costume de King Kong se cache dans une des deux meules de foin présentes, tandis qu’un homme regarde. Celui-ci quitte temporairement la scène par une porte et Kong en profite pour sortir de la botte de foin et fuir. L’homme revient ensuite et essaie de trouver Kong dans le foin.
Vidéo tirée de l’étude, 1er test (université de Kyoto) :
Dans la deuxième vidéo, Kong place une pierre dans une des deux boites présentes tandis que l’homme regarde, mais il l’a récupérée discrètement lorsque l’homme quitte la pièce. Celui-ci revient et va pour récupérer la pierre dans la boîte qu’il pense la contenir.
Vidéo tirée de l’étude, 2em test (université de Kyoto) :
En utilisant un système de suivi infrarouge des mouvements oculaires, mis en place à l’extérieur des enceintes des singes, les scientifiques ont été en mesure de déterminer quelle partie de l’écran les animaux regardaient et à quels moments. Il a été observé que lorsque l’homme est revenu, le regard des singes s’est porté sur la botte de foin ou sur la boîte qu’ils savaient qu’il approcherait à tort, même s’ils avaient vu Kong s’en aller et récupérer la pierre.
Selon les chercheurs, la performance des singes était comparable à celle de nourrissons humains, âgés de moins de deux ans, qui ont pris part à un exercice similaire. C’est la première fois que des animaux, non humains, passent ce type de test.
Selon Christopher Krupenye de l’université Duke, qui a participé à l’étude :
Si de futures expériences confirment ces résultats, elles pourraient amener les scientifiques à réévaluer la profondeur de la compréhension mutuelle des singes.
Dans un article accompagnant l’étude, le primatologue Frans de Waal de l’université Emory, aux États-Unis, considère ce travail comme une “véritable percée” :
L’étude évite un recours indu aux capacités linguistiques nécessaires pour comprendre la narration et les questions dans la théorie de l’esprit testée chez les enfants et elle met en évidence la continuité mentale entre les grands singes et les humains.
Elle a des implications bien au-delà de la capacité à reconnaitre les fausses croyances. Cette recherche révolutionnaire soutient l’idée que l’imagination est un trait commun entre les espèces.
L’étude publiée dans Science : Great apes anticipate that other individuals will act according to false beliefs et présenté sur le site de l’Institut Max Planck : Apes understand that some things are all in your head.
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