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Moustaches-rat

Voilà une découverte que votre Guru croyait avoir été réalisée depuis longtemps… et il n’en est rien. Apparemment la science n’avait pas encore donnée son verdict.

En tant qu’humain, nous avons toutes sortes de façons de déterminer dans quel sens souffle le vent. Nous pourrions regarder la direction d’une girouette, tenir en l’air un doigt léché, observer de quelle manière les rafales déplacent nos cheveux fraichement brossés… De ce que l’on connait, les autres mammifères n’utilisent pas l’une de ces techniques et, jusqu’à présent, nous ne savons pas exactement comment ils le font. Pour les chercheurs, les rats (et d’autres mammifères) détectent l’air et la direction du vent à travers leurs moustaches.

Le fait de suivre le vent est appelé anémotactisme. La plupart de ce que nous savons de ce “déplacement orienté lié à un stimulus extérieur”, ici le vent, se rapporte aux insectes volants. Et tandis que les mammifères terrestres ne peuvent pas chevaucher les courants d’air, ils les utilisent pour échapper aux prédateurs, trouver des partenaires ou de la nourriture.

Pour comprendre si et comment les animaux captent ses informations, les chercheurs de l’université Northwestern (Chicago) ont conçu une arène pour des rats de laboratoire. Cinq ventilateurs furent placés d’un côté du cercle et en face de chacun se tenait l’entrée d’un petit tunnel qui menait vers une récompense. Les scientifiques ont allumé les ventilateurs au hasard, un par essai, et ils ont formé les rats à courir vers le tunnel en face du ventilateur allumé. Dans un premier temps, les rats ont été autorisés à utiliser tous leurs sens pour déterminer la source du vent : du frottement de leur fourrure dans la brise au son du ventilateur lui-même.

Tirée de l’étude, vidéo des tests réalisés (Mitra Hartmann’s lab/ Université Northwestern)

Au bout de 10 jours consécutifs de test, les rats ont été en mesure de les réussir dans environ 60 % des cas. Les chercheurs ont ensuite coupé les moustaches des rats, laissant tous leurs autres sens intacts. En l’absence de moustaches, leurs taux de réussite a chuté de 20 %.

Les chercheurs précisent  que le fait qu’ils étaient toujours en mesure de trouver le ventilateur suggère qu’ils se reposent sur de multiples formes d’entrée sensorielle.

Selon le coauteur de l’étude et neuroscientifique, Chris Bresee :

Le rat utilise clairement plus d’un signal. Mais ils choisissent encore de compter principalement sur leurs moustaches, ce qui suggère qu’elles facilitent la détection du vent même lorsque les rats sauvages explorent naturellement.

De précédentes analyses, par la même équipe de recherche, ont montré que les moustaches des rats se plient dans la même direction que le vent. Plus le vent souffle, plus elles se courbent et vibrent.

Bien que cette étude ne comprenait que des rats, les chercheurs notent que les moustaches des chats, des chiens et d’autres mammifères sont disposées de manière similaire.

Selon l’un des chercheurs, Yan Yu :

Il serait logique que toutes sortes d’animaux exploitent cette information mécanique, étant donné que la détection de la direction du vent est importante dans tant de comportements.

L’équipe de recherche étudie maintenant les signaux mécaniques et neuronaux qui sous-tendent cette capacité du rat, dans le but de mettre au point des capteurs de flux artificiels qui pourraient être utilisés sur des robots.

Ils ont publié leurs résultats dans la revue Science Advances : Whiskers aid anemotaxis in rats.et présentés sur le site de l’université Northwestern : Whiskers Help Animals Sense the Direction of the Wind.

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