La fabrication d’outils chez les corbeaux serait presque réflexe
Les biologistes ont confirmé que les corbeaux sont incroyablement habiles lorsqu’il s’agit de fabriquer des outils à partir de brindilles.
En 2002, un corbeau de Nouvelle-Calédonie en captivité nommée Betty (en image d’entête) étonna les scientifiques de l’université d’Oxford lorsqu’il il se pencha sur un morceau de fil de fer pour le transformer en crochet afin de récupérer de la nourriture dans un tube. À l’époque, on a supposé que Betty présentait de surprenantes capacités à résoudre des problèmes avancés, démontrant ainsi un niveau inédit d’intelligence chez un animal non humain.
Cependant, une nouvelle étude de chercheurs de l’université de St Andrews (Ecosse) révèle que cette flexion d’outils fait partie du répertoire naturel de l’espèce, jetant ainsi le doute sur les compétences présumées de résolution de problèmes par Betty.
Dans l’étude, des corbeaux sauvages capturés ont été exposés à de la nourriture cachée dans des rondins de bois, ainsi qu’à leur matériel végétal préféré pour fabriquer des outils.
Les chercheurs ne s’attendaient pas à ce que 10 des 18 oiseaux commencent à tordre vigoureusement les brindilles, tout comme Betty avec le fil de fer, même si ces outils n’étaient pas nécessaire pour résoudre cette tâche particulière.
L’un des 18 corbeaux calédoniens étudiés (James St Clair)
Selon le responsable de l’étude, Christian Rutz :
Nous ne pouvions pas en croire nos yeux. La plupart des oiseaux bloquent des bâtons avec leurs pattes avant de plier la tige avec leur bec, mais d’autres ont également poussé des brindilles contre des journaux pour les fléchir et un autre les a coincés en position verticale dans des trous avant de tirer la brindille sur le côté, comme Betty l’avait fait.
Il se trouve que les brindilles, que les corbeaux sauvages ont choisi d’en faire leurs outils, sont flexibles.
La recherche soulève la question de savoir pourquoi les corbeaux sauvages, qui sont originaires de Nouvelle-Calédonie dans le Pacifique Sud, courbaient leurs brindilles automatiquement.
Selon le coauteur de l’étude, James St Clair :
Nous croyons qu’un outil courbé est avantageux, parce que l’oiseau peut le positionner dans son bec afin que l’outil pointe en plein milieu de son champ de vision binoculaire. Cela devrait améliorer le contrôle de l’outil pendant la recherche de nourriture.
Alors que les nouveaux résultats suggèrent que Betty, qui est morte en 2005, aurait peut-être tout simplement suivi, une routine familière de fabrication d’outil, plutôt que d’essayer de résoudre le problème, n’exclut pas définitivement la possibilité que le rusé corbeau ait compris la tache et qu’il ait trouvé une solution.
En 2014, des corbeaux calédoniens ont été battus par des bébés humains dans un test d’intelligence, ce qui suggère qu’ils n’étaient pas aussi intelligents qu’on le pensait.
James St Clair de conclure :
Les nouveaux corbeaux calédoniens sont des utilisateurs d’outils doués. Le comportement très adroit que l’on observe chez les oiseaux adultes est le résultat d’interactions complexes entre des prédispositions génétiques et individuelle permanente et l’apprentissage social, un processus que nous ne comprenons pas encore pleinement.
À la lumière de nos nouveaux résultats, d’autres expériences sont nécessaires pour comprendre de quoi ces oiseaux sont exactement capables.
L’étude publiée dans The Royal Society Open Science : Tool bending in New Caledonian crows.