Pourquoi l’orgasme féminin existe-t-il (encore) ?
Depuis des siècles, l’orgasme féminin est défini comme… “mystérieux”. L’orgasme masculin est simple à comprendre, il facilite littéralement la reproduction humaine. Mais ce qui est beaucoup moins clair est : pourquoi l’orgasme féminin existe et comment a-t-il survécu à des millions d’années d’évolution ? Deux biologistes évolutionnistes pensent qu’ils pourraient enfin détenir une réponse.
En général, notre corps représente la version la plus efficace qui n’ait jamais existé de l’espèce humaine. Chaque partie de vous est là pour une raison : vos oreilles entendent les sons, vos reins traitent les déchets, vos poils aident à réguler votre température interne, etc. Même les parties qui ne jouent aucun rôle visible, autre que de prendre de la place, comme vos dents de sagesse, l’appendice* et le coccyx sont encore là pour une raison. Non pas parce que nous avons besoin d’eux, mais parce qu’ils ne représentent pas une grosse entrave (ou dépense d’énergie) pour avoir (encore) été éliminés par la sélection naturelle à travers les petits millénaires de l’évolution humaine.
*Quoique l’appendice pourrait avoir son utilité.
Contrairement aux dents de sagesse, l’orgasme féminin sert encore beaucoup de rôles importants, notamment en termes de renforcement des relations intimes et, au niveau le plus élémentaire, c’est une source de plaisir libre et sain, avec même des avantages pour la santé.
Mais avec toutes ces parties qui doivent se combiner pour obtenir d’impressionnantes contractions musculaires, des libérations d’hormones et un intense plaisir, ce qui ne se produit en moyenne que dans 69 % des cas (95% pour les hommes) lors d’une rencontre hétérosexuelle, c’est un lourd tribut, du point de vue de l’évolution, pour quelque seconde d’extase.
Récemment, les biologistes évolutionnistes Mihaela Pavličev de l’hôpital pour enfants de Cincinnati et Günter Wagner de l’université Yale ont mis au point une nouvelle hypothèse qui pourrait expliquer pourquoi l’orgasme féminin est apparu et qu’il pourrait bien avoir été aussi psychologiquement vital à la reproduction humaine que l’orgasme masculin l’est maintenant.
Selon Pavličev Nicola Davis :
Il est important de souligner qu’il ne ressemblait pas à ce à quoi l’orgasme féminin humain ressemble aujourd’hui. Nous pensons que [la poussée hormonale] est le noyau qui a peut-être été modifié davantage chez les humains.
Pavličev et Wagner ont décidé d’étudier l’orgasme féminin à travers d’autres mammifères placentaires. Chez les lapins et les chats, les poussées hormonales se produisent également pendant les rapports sexuels, mais au lieu de transmettre du plaisir, leur rôle est de signaler aux ovaires de libérer des ovules et ce processus est appelé : “ovulation induite par les mâles”.
Alors que les lapins et les chats ne libèrent un ovule que lors des rapports sexuels, chez les humains, ils sont libérées spontanément chaque mois et non à cause d’un signal hormonal induit par les hommes.
Mais en retraçant l’histoire de l’ovulation dans l’arbre de l’évolution des mammifères, Pavličev et Wagner ont trouvé que celle induite par les mâles à réellement existé avant l’ovulation spontanée et son origine est mis en évidence dans l’ancêtre commun des primates et des rongeurs qui a vécu il y a quelque 75 millions d’années.
Cela suggère que l’orgasme féminin humain pourrait trouver ses racines dans un mécanisme de libération des ovules lors des rapports sexuels, un mécanisme qui est devenu superflu avec l’évolution de l’ovulation spontanée… et l’orgasme féminin d’acquérir d’autres rôles.
Fait intéressant, la position actuelle du clitoris chez les femmes appuie cette hypothèse, les chercheurs affirment que, quand l’ovulation induite par les hommes était la norme, le clitoris était situé à l’intérieur du vagin et qu’il s’est depuis déplacé à l’extérieur.
Quand les premiers mammifères se sont accouplés, le clitoris pouvait envoyer des signaux au cerveau, poussant les hormones à libérer un ovule. Une fois que celui-ci est fécondé, les hormones pourraient avoir contribué à assurer qu’il s’est implanté dans l’utérus. Une fois que l’ovulation spontanée est apparue chez les humains, le clitoris s’est éloigné de sa position, afin de ne pas tromper le corps avec des signaux contradictoires.
Selon Wagner Zimmer :
Vous ne voulez pas que le vieux signal envoie du bruit au mauvais moment.
Bien sûr, pour l’instant c’est juste une hypothèse et elle devra être traitée par d’autres scientifiques et étayée par des preuves avant de pouvoir l’enrichir de dizaines d’autres hypothèses sur l’orgasme féminin qui n’ont pas réussi à parvenir à un consensus. Il est à souligner que cette hypothèse est basée sur le fait que nous essayons d’assimiler la fonction de l’orgasme féminin avec la fonction de l’orgasme masculin, ce qui pourrait également nous amener sur une fausse route.
Peut-être que l’évolution “n’a” aucun objectif, après tout. Peut-être que l’orgasme féminin a évolué avec (en concordance) l’orgasme masculin, ce dernier renfermant un très fort effet de l’évolution à la différence de l’autre, qui en a peu. Même si la jouissance n’est pas un objectif de l’évolution, cela ne signifie pas qu’elle n’a pas son importance.
L’étude publiée dans The Journal of Experimental Zoology : The Evolutionary Origin of Female Orgasm.
Il faudrait surtout étudier quelle taux de fécondation on aurait si l’orgasme n’existait pas.
Bien je pense qu’il serait plus bas qu’aujourd’hui et que la continuité de l’espèce serait menacée.
Et si le fait d’avoir des orgasmes sans ovulation et des ovulations sans orgasme n’avait pas une utilité réelle ?
L’homme est du coup dans l’incapacité totale de savoir quand la femme est féconde et les deux prennent du plaisir dans des rapports sexuels majoritairement « inutiles ».
Des bases intéressantes pour bâtir un vie sociale bien plus complexe et un peu moins violente que si tout tournait autour de l’attrapage de femelle en chaleur chacun dans son coin.