La mémoire des plantes pourrait être le fruit d’une protéine engendrant la démence chez l’humain
Les plantes ont la capacité de fleurir au bon moment, en phase avec les saisons (quand il y en a…). C’est un fait reconnu, mais qui restait inexpliqué et des scientifiques estiment maintenant, que cette capacité est liée à une forme de mémoire chez les plantes.
Celles-ci n’ont, bien évidemment, pas de neurones. Elles s’appuieraient sur des protéines incorrectement repliées appelées prions qui, chez l’humain, engendrent des changements de personnalité, la démence et la mort. Mais, chez les plantes, elles pourraient servir de mémoire à long terme. C’est la possibilité fascinante soulevée par une nouvelle étude qui montre qu’une protéine végétale, impliquée dans la réponse à la lumière et la température, peut avoir la capacité de changer de forme, comme les prions, lui permettant de former des souvenirs environnementaux qui peuvent faire la différence entre une seule nuit froide et un changement dans les saisons.
Image d’entête : l’étude portait notamment sur les plantes du genre Arabidopsis.
Les prions sont des protéines qui peuvent changer de forme et induire ses changements dans d’autres protéines. Dans la plupart des cas, une protéine doit s’en tenir à sa forme spécifique pour fonctionner, ce qui explique pourquoi le prion déclenche toutes sortes de maladies quand ils infectent les humains en bonne santé. Certaines maladies neurodégénératives rares et mortelles, comme celle de Creutzfeldt-Jakob, l’atrophie multisystémique et l’insomnie fatale familiale, sont toutes causées par des prions.Mais chez les plantes, ces molécules semblent jouer un rôle plus bénin.
Une protéine appelée luminidependens (LD) aide les plantes à contrôler leur période de croissance et leur floraison en répondant aux changements de température et de lumière du jour. La recherche, menée par Susan Lindquist de l’Institut Whitehead pour la recherche biomédicale a découvert des preuves que la LD agit comme un prion. En insérant un fragment du gène de la LD dans une levure, Lindquist a créé une protéine incorrectement repliée et qui transmet ce mauvais pliage de manière héritable.
Les chercheurs précisent que leurs résultats ne proposent pas une preuve absolue que la LD est un prion. Mais si l’hypothèse peut être confirmée par des études de suivi, elle révèle un mécanisme fascinant.
Lindquist et ses collègues supposent que la LD utilise ses capacités de changement de forme pour créer une trace physique de l’environnement extérieur, ce qui permet aux cellules de « se souvenir » des changements des saisons et des années précédentes, et de produire des feuilles et des fleurs en conséquence.
Mais avec le changement climatique, la mémoire pourrait leur jouer des tours…
L’étude publiée dans PNAS : Luminidependens (LD) is an Arabidopsis protein with prion behavior.