Poils, sébum, sudation : cette peau artificielle se comporte comme la vrai
Tout le monde peut produire des cellules de peau, vous le faites en ce moment. Mais de grandes feuilles transplantables ? C’est un peu plus difficile. Pourtant, ce n’est pas impossible. Ainsi, des scientifiques japonais ont développé de la peau artificielle sophistiquée, comprenant les 3 couches habituelles, des follicules pileux, du sébum et des glandes sudoripares.
La culture de tissus en laboratoire est en plein essor. Dans la dernière décennie, les scientifiques ont réussi à créer des conduits lacrymaux, des reins miniature, un morceau de cerveau ou d’intestin, estomac, vagins, pénis, pattes de rat, muscles, os et même de la viande bovine. Ses prouesses de la médecine régénérative sont plutôt une bonne nouvelle, alors que les organes transplantables et d’autres parties du corps sont en forte demande, mais certaines ont été plus difficiles à produire que d’autres. La peau, par exemple.
Votre peau comporte trois couches distinctes (l’épiderme, le derme et l’hypoderme, qui est composé de tissu conjonctif et adipeux), de glandes sudoripares et de follicules pileux.
Selon Takashi Tsuji de l’institut Riken et qui a dirigé l’étude :
Jusqu’à présent, le développement de peau artificielle fut entravée par le fait qu’elle ne disposait pas d’organes importants, comme les follicules pileux et les glandes exocrines, qui permettent à la peau de jouer son rôle important dans la régulation.
Tsuji et ses collègues ont décidé de commencer à partir de la base, avant même que les cellules de peau “sachent” qu’elles en seront. Ils ont utilisé des cellules souches pluripotentes induites (iPS), des cellules adultes qui ont été reprogrammées pour avoir le pouvoir des cellules souches, de croître en quoi que ce soit.
Les chercheurs ont utilisé des produits chimiques pour activer un gène, appelé Wnt10b, dans les cellules et qui est connu pour son rôle dans la croissance de la peau. Les iPS cultivées ont pris la forme de petits bouquets de cellules appelés corps embryoïdes (EbS pour embryoid bodies), puis elles ont été transplantées dans des souris. Une fois là, les EBs ont continué à se développer dans les tissus de leur peau. Pour tester le potentiel médical du tissu, les chercheurs ont retiré la nouvelle peau des souris pour la transplanter dans d’autres souris. Ils ont constaté que la peau artificielle s’était bien installée et qu’elle a continué à se développer normalement, avec ses trois couches, des glandes et des follicules. Ils ont également remarqué que la nouvelle peau était en mesure de se connecter aux nerfs et aux muscles à proximité, un élément essentiel pour tout tissu transplanté.
Image d’entête : Les nouveaux tissus de peau cultivés en laboratoire comportant des poils, une fois transplantés sur une souris. (Takashi Tsuji/ RIKEN)
Les chercheurs estiment que leur peau cultivée en laboratoire représente une étape vers d’importantes avancées médicales et permettra également de réduire l’utilisation des animaux de laboratoire dans la recherche (en dépit du fait qu’ils aient utilisés des souris dans cette étude).
Leurs résultats ont été publiés, la semaine dernière, dans la revue Science Avances : Bioengineering a 3D integumentary organ system from iPS cells using an in vivo transplantation model et annoncée sur le site de l’institut Riken : Growing skin in the lab.