A quoi ressemble le virus Zika ?
Le Guru a parfois tendance à ne pas aborder un sujet qui a déjà maintes fois été traité dans la plupart des médias. Ce fut le cas pour le virus Zika, mais votre serviteur va pouvoir se rattraper par le biais de son nouveau portrait.
Voici donc notre premier aperçu de ce virus qui fait trembler et des ravages dans certaines parties de l’Amérique du Sud et dans les Caraïbes. Ce point de vue à l’échelle quasi-atomique, de la structure extérieure de Zika, pourrait guider les scientifiques qui travaillent à l’élaboration de traitements et de vaccin antiviraux.
Faisons tout d’abord les présentations
Le virus Zika est un flavivirus transmis par les moustiques étroitement liés au virus de la dengue. Il a été identifié pour la première fois dans un singe rhésus de la forêt Zika, en Ouganda, en 1947 et chez les moustiques Aedes africanus dans la même forêt en 1948. Il a ensuite été identifié chez l’homme, en 1952, en Ouganda et en Tanzanie.
Des épidémies de maladie virale Zika ont été enregistrées en Afrique, Amériques, Asie et dans le Pacifique.
Il est transmis aux humains par la piqure d’un moustique infecté du genre Aedes, principalement l’Aedes aegypti, dans les régions tropicales. C’est le même moustique qui transmet la dengue, le chikungunya et la fièvre jaune.
Certaines données suggèrent que le virus peut également être transmis à l’homme par transfusion sanguine, transmission périnatale et transmission sexuelle. Cependant, ces modes sont très rares.
La période d’incubation du virus zika est typiquement comprise entre 2 et 7 jours. L’infection se caractérise par une faible fièvre (38,5 °C) souvent accompagnée d’une éruption maculo-papuleuse.
D’autres symptômes communs incluent des douleurs musculaires, des douleurs articulaires avec gonflement possible, des maux de tête, des douleurs derrière les yeux, conjonctivite. Comme les symptômes sont souvent bénins, l’infection peut passer inaperçue ou être diagnostiquée à tort comme étant la dengue.
L’épidémie de virus Zika en cours est préoccupante à cause de liens apparents avec des cas de microcéphalie congénitale, une maladie dans laquelle le cerveau ne se développe pas correctement, ce qui entraîne une tête plus petite que la normale, ainsi que le syndrome de Guillain-Barré qui est une maladie auto-immune, lorsque vos propres défenses immunitaires vous attaquent, prenant vos nerfs pour le virus qui s’y est camouflé… pour faire simple.
Les particularités révélées de sa structure
Pour en savoir plus sur la structure du virus et les possibles façons de le cibler thérapeutiquement, le Dr Rossmann, le Dr Kuhn et leurs collègues ont utilisé la cryo-microscopie électronique pour analyser une souche isolée d’un patient infecté lors de l’épidémie en Polynésie française, en 2013-14.
Selon les chercheurs :
Nous avons été en mesure de déterminer par cryomicroscopie électronique la structure du virus à une résolution qui, auparavant, n’aurait été possible que grâce à la cristallographie aux rayons X.
L’analyse révèle que la structure du virus zika est très similaire à celle d’autres flavivirus, en particulier proche de la dengue. Les scientifiques ont également identifié des régions au sein de la structure du virus où il se distingue des autres flavivirus. Selon l’équipe, la différence se trouve dans une région de la glycoprotéine E que les flavivirus peuvent utiliser pour se fixer à certaines cellules humaines.
Image tirée de l’étude : A) particules du virus Zika congelées. b) reconstruction de sa surface. C) coupe transversale. E) répartition des protéines E et M à sa surface. F) représentation des acides aminés de la protéine E. (D. Sirohi et col., 2016/Science)
La variation de la glycoprotéine E, du virus Zika, pourrait expliquer la capacité du virus à attaquer les cellules nerveuses, ainsi que les associations d’infection par le virus Zika avec des malformations congénitales et le syndrome de Guillain-Barré.
La structure pourrait aider au développement de vaccins : la glycoprotéine E du Zika est une cible clé des réponses immunitaires contre le virus.
Ces informations peuvent également être utiles pour concevoir des traitements tels que des antiviraux ou des anticorps qui interfèrent avec la fonction de la glycoprotéine E.
En outre, des détails sur les différences structurelles entre la glycoprotéine E et la même protéine dans le virus de la dengue peuvent permettre de créer des tests de diagnostic permettant de distinguer l’infection par le virus zika d’une infection par la dengue, ce qui est une nécessité dans les pays où les deux virus (Zika et dengue) circulent.
L’étude publiée dans Science : The 3.8 Å resolution cryo-EM structure of Zika virus.