Sélectionner une page

En résolvant le mystère d’un sursaut radio rapide on a trouvé la masse manquante à notre Univers

27 Fév 2016 | 6 commentaires

Fast-Radio-Burst

Au cours des 15 dernières années, les astronomes ont tenté collectivement d’élucider le mystère des sursauts radio rapides (ou FRB pour Fast Radio Burst), des flashs d’énergie radio incroyablement intenses et brefs, en provenance de zones apparemment aléatoires dans le ciel. Ils sont tellement rapide, de juste quelques millisecondes, qu’il a été très difficile de déterminer quelles en était la cause, leur provenance et le nombre de fois qu’ils se produisent.

Mais cette semaine, après toutes ces années, des astronomes ont finalement réussi à pointer du doigt le(s) coupable et de retrouver la masse visible manquante de notre Univers dans le processus… Un nouveau document de recherche publié cette semaine (lien plus bas) décrit un sursaut radio rapide détecté l’an dernier et son analyse a révélé sa plus importante caractéristique : sa distance… et il arrive de très, très loin.

Le sursaut est appelé FRB 150418, ainsi nommée parce qu’il a été détecté le 18 avril 2015. Il a d’abord été repéré par le radiotélescope de l’observatoire de Parkes, en Australie, alors qu’il il sondait le ciel, réalisant un relevé à la recherche de sources astronomiques d’ondes radio.

Les observations du radiotélescope de l’observatoire de Parkes sur de grandes sections du ciel sur la droite et les encarts, sur la gauche, zoom sur la galaxie elliptique à l’origine du FRB. Le signal caractéristique d’un FRB est représenté dans le petit encart en bas (un “graphique en chute d’eau”). (David Kaplan / Evan Keane)
FRB 150418 Parkes

Lorsque le sursaut a été détecté, une alerte fut envoyée vers d’autres radiotélescopes disposant d’une résolution plus élevée (et donc en mesure de mieux positionner l’explosion dans le ciel). Ainsi, dans les heures qui ont suivi l’évènement, l’Australia Telescope Compact Array du CSIRO (dans l’image ci-dessous) analysait aussi le sursaut, repérant son emplacement.

CSIRO Comact Array

Le lendemain, les astronomes ont utilisé un autre appareil, le télescope Subaru (Hawaî) pour observer cet emplacement dans la lumière visible et ils ont trouvé une galaxie elliptique à la position du sursaut. Ils ont analysé les spectres, déterminé le décalage vers le rouge et ils ont constaté que la galaxie est distante de 6 milliards d’années-lumière, littéralement à l’autre bout de l’univers visible ! Un mystère fut de suite résolu : les FRB ne sont pas locaux. Même pas proche.

Les observations de suivi ont également constaté une rémanence, la lumière s’estompe alors que le “flash” s’éloigne. Il a fallu six jours avant qu’elle ne devienne trop faible pour être encore détectable.

La galaxie, d’où provient le sursaut, est elliptique ce qui, en général, indique qu’elle est plutôt vieille, aucune étoile ne s’y est formée depuis très, très longtemps. Cela signifie que ce qui a causé le sursaut n’était probablement pas une étoile massive qui a explosé en supernova, ce genre d’étoiles ne vivent pas très longtemps et les galaxies elliptiques ne les produisent habituellement pas. En outre, les supernovae ont tendance à briller pendant des semaines ou des mois, beaucoup plus longtemps que la rémanence, d’une semaine, de la FRB.

L’explication la plus plausible est encore plus spéciale : la coalescence d’une paire (binaire) d’étoiles à neutrons. Une étoile à neutrons résulte de l’explosion d’une étoile massive. Ses couches externes sont projetées vers l’extérieur, mais le noyau s’effondre en une boule ultra-dense de quelques kilomètres de diamètre. Si deux de ces étoiles s’orbitent l’une autour de l’autre,  elles finissent par devenir une binaire d’étoile à neutrons. Pendant des milliards d’années, elles se tournent autour, finissent par fusionner et elles forment un trou noir. La fusion est incroyablement violente et projette d’énormes quantités d’énergie dans de très courtes rafales, de l’ordre des millisecondes.

GIF présentant une séquence d’une simulation de la fusion de deux étoiles à neutrons et le sursaut de rayons gamma en résultant, (NASA)

Cela correspond aux particularités des FRB. Et si cela vous rappelle quelque chose, c’est peut-être parce que tout cela ressemble à ce que l’on appelle les sursauts gamma. Ce sont aussi de mystérieuses bouffées d’énergie qui ont été extrêmement difficile à identifier, jusqu’à ce que la technologie fut suffisamment avancée pour permettre de les suivre. il a été déterminé qu’ils présentaient aussi des rémanences et ceux étudiés se sont révélé être très lointains. Il existe deux types de sursauts gamma : de longue durée, qui durent des minutes, et de courtes durées, de quelques millisecondes … et ils sont aussi estimés provenir de la fusion d’étoiles à neutrons !

Donc, il semble que certains sursauts radio rapides (FRB) et certains sursauts gamma ont quelque chose en commun. Ils pourraient même être originaires du même genre d’évènement, mais “exprimés” différemment.

Mais il y a plus : comme les ondes radio voyagent à travers l’Univers, les minces nuages de gaz éthéré distribué à travers l’espace les changent. Les ondes radio se dispersent, avec des ondes obtenant une énergie plus élevée (plus haute fréquence) et arrivant un peu plus tôt que celles dont l’énergie est faible, ce à quoi on pourrait comparer le phénomène à la lumière visible qui traverse un prisme et qui est dispersée, créant un spectre de couleurs, mais les ondes radio sont dispersés dans le temps, pas dans l’espace. Vous en avez une représentation dans l’image d’entête qui présente un sursaut radio rapide atteignant la Terre. Les couleurs représentent la salve arrivant dans différentes longueurs d’onde radio, avec de longues longueurs d’onde (en rouge) arrivant quelques secondes après les courtes (bleu). (image de Jingchuan Yu du Planétarium de Pekin).

Le taux de dispersion observé dépend de la quantité de choses que les ondes radio traversent. Mais cela ne vous donne pas une distance, la source pourrait être à proximité et traverser un nuage de gaz très épais ou beaucoup plus éloigné et passer à travers un matériau beaucoup moins dense.

Pour FRB 150418, la distance a été mesurée de façon indépendante. La densité moyenne de matière entre nous et la source a pu être estimée via la quantité totale de matière déterminée par la dispersion et la distance connue. Ce qui peut ensuite être comparé au modèle actuel de l’Univers qui prédit la quantité de matière qu’il devrait contenir… et les données correspondaient !  Et c’est la que vient la découverte de la matière manquante de l’univers.

Cette correspondance des données est très importante, car l’Univers peut être divisé en trois composantes : l’énergie sombre (environ 70 % de la masse / énergie du cosmos), la matière noire (25 %), et la matière normale (5 %).

La chose est qu’on ne voit que la moitié de la matière normale dans l’Univers; nous ne pouvons pas observer ce qui devrait être du gaz très chaud distribué entre les galaxies. Les observations de la FRB semblent montrer que la substance manquante n’est pas absente. Les ondes radio qui l’ont traversé en ont été modifiées et ce changement est mesurable.

Donc, au moins indirectement, la masse manquante a été trouvée.

Et ce n’est pas encore fini. On sait maintenant que les sursauts gamma sont une des résultantes de nombreux et différent évènement cosmique cataclysmique. L’histoire de cette FRB pourrait être similaire,  bon nombre de processus physiques peuvent engendrer une courte et puissante impulsion d’ondes radio. Nous pouvons encore trouver de nombreuses sources différentes de ce phénomène.

La présentation de la découverte dans cette vidéo du CSIRO :

Et avec la récente détection des ondes gravitationnelles par le LIGO, tous ces phénomènes cosmiques (fusion de trou noir, d’étoile, de galaxies, supernova… ) seront observés de multiple manière, sous différentes “lumières et échos” comme jamais ils ne l’auront jamais été… ça promet pléthore de révélations cosmiques !

L’étude publiée dans Nature : The host galaxy of a fast radio burst et annoncée sur le site du CSIRO : Solved ! First ditance to a ‘fast radio burst’.

Faire un Don !

Pourquoi ?

Parce qu’il n'y a aucune publicité ici et que le Guru compte sur la générosité de ses lecteurs(trices) pour continuer à faire vivre GuruMeditation (...et son créateur par la même occasion). D'autres méthodes vous seront proposées en plus de PayPal.

D’étranges îles découvertes par la NASA sur un lac de lave de la lune de Jupiter, Io

La NASA a découvert une merveille géologique sur Io, la lune ardente de Jupiter, le monde le plus volcanique du système solaire. Les survols effectués par la sonde Juno ont révélé des montagnes inhabituellement escarpées et jusqu’alors inconnues, ainsi que de surprenantes îles dans un lac de lave.

En utilisant les données de Juno, les chercheurs ont créé des animations qui mettent en valeur ces lacs volcaniques et ces imposantes montagnes…

L’affaissement des villes chinoises est le signe d’un problème beaucoup plus global

Des dizaines de scientifiques chinois ont tiré la sonnette d’alarme en s’appuyant sur une analyse détaillée des données satellitaires pour déterminer les mouvements des sols à travers la Chine, en écrivant qu’un tiers des citadins du pays pourraient se retrouver dans une « ville en train de s’affaisser ».

Dirigée par Zurui Ao, Xiaomei Hu et Xie Hu de l’Université normale de Chine du Sud et de l’Université de Pékin, la recherche publiée cette semaine…

Des bactéries multirésistantes trouvées à bord de la station spatiale internationale mutent pour acquérir des caractéristiques distinctes

La Station spatiale internationale (ISS) est depuis longtemps connue pour être un environnement unique, mais selon une nouvelle étude de la NASA, il y pousse des choses tout à fait extraterrestres.

L’agence spatiale américaine indique que des scientifiques du Jet Propulsion Laboratory ont examiné des échantillons de la bactérie Enterobacter bugandensis résistante aux médicaments (ou pharmacorésistantes) trouvée dans l’ISS et qu’ils ont constaté que les souches avaient muté en…

Des scientifiques chinois affirment avoir trouvé le moyen de propulser des sous-marins furtifs à l’aide de lasers

Des scientifiques chinois de l’Institut de technologie de Harbin ont mis au point un système de propulsion laser qui ouvre une nouvelle ère pour la technologie sous-marine. Plutôt que d’utiliser un arbre de propulsion et des hélices, le système proposé fait appel à des impulsions laser et à des fibres optiques pour générer une poussée comparable à celle d’un moteur à réaction commercial.

L’ensemble du système n’utilise que 2 mégawatts de puissance laser, ce qui est dans les limites de puissance d’un sous-marin nucléaire…

Des physiciens pensent que la taille illimitée du multivers pourrait être infiniment plus grande

Des physiciens de l’université de Californie à Davis (UCD), du laboratoire national de Los Alamos aux États-Unis et de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (Suisse) ont redessiné la carte de la réalité fondamentale pour démontrer que la façon dont nous mettons les objets en relation en physique pourrait nous empêcher de voir plus grand.

Depuis près d’un siècle, les théories et les observations qui relèvent de la mécanique quantique, les lois qui régissent l’infiniment petit…

Une nouvelle recherche explore le détournement neuronal que la dépendance à la cocaïne provoque dans le cerveau

La recherche menée par des scientifiques de l’université Rockefeller et de l’Icahn School of Medicine at Mount Sinai (États-Unis) a permis de mieux comprendre comment des drogues addictives comme la cocaïne peuvent l’emporter sur les systèmes de récompense naturels du cerveau, obligeant les individus à renoncer à des besoins fondamentaux comme la nourriture et l’eau.

Cette découverte repose sur une voie neuronale qui répond normalement aux récompenses naturelles, mais qui est exploitée par les…

Découverte d’anciens tunnels de lave dans le désert d’Arabie habités il y a des milliers d’années

Une importante étude archéologique a permis, pour la première fois, de localiser un tunnel de lave en Arabie saoudite qui a été habité par des humains il y a jusqu’à 10 000 ans.

Le site d’Umm Jirsan témoigne d’une activité humaine s’étalant sur plusieurs milliers d’années, de la période néolithique à l’âge du bronze. Soutenue par les autorités saoudiennes, cette fouille s’inscrit dans le prolongement de décennies de recherches entreprises dans la région pour reconstituer l’histoire de l’activité humaine au…

Des millions de joueurs du jeu vidéo Borderlands 3 font avancer la recherche biomédicale

Plus de 4 millions de joueurs jouant à un mini-jeu de science citoyenne dans le jeu vidéo Borderlands 3 ont aidé à reconstituer l’histoire de l’évolution microbienne des bactéries de l’intestin humain…

La vieille sonde Voyager 1 de la NASA rétablit la transmission de ses données après 5 mois de charabia

La sonde Voyager 1 a renvoyé des données exploitables pour la première fois depuis plus de 5 mois, ce qui laisse espérer que la mission, vieille de 46 ans, pourra enfin reprendre ses activités normales.

La sonde interstellaire préférée de la NASA a transmis samedi au centre de contrôle de la mission des données sur la santé et l’état de ses systèmes embarqués…

Photos : Lorsque deux satellites dans des directions opposées se croisent dans l’espace à 10 000 km/h

La sonde Lunar Reconnaissance Orbiter (LRO) de la NASA a pris une photo parfaitement synchronisée lorsqu’elle a croisé le chemin d’un autre engin spatial en orbite autour de la lune.

La sonde LRO, qui est en orbite autour de la lune depuis 15 ans, a pris plusieurs images de l’orbiteur lunaire Danuri de l’Institut de recherche aérospatiale de Corée, alors que les deux engins spatiaux, voyageant sur des orbites presque parallèles, se sont croisés dans des directions opposées au cours de trois orbites entre le 5 et le 6 mars…

Le professeur physicien Peter Higgs, célèbre pour avoir prédit l’existence du boson de Higgs, meurt à l’âge de 94 ans

Le professeur Peter Higgs, lauréat du prix Nobel, physicien théoricien britannique célèbre pour avoir prédit l’existence d’une nouvelle particule, le boson de Higgs, est décédé lundi 8 avril. L’université d’Édimbourg, où Higgs était professeur émérite, a annoncé mardi qu’il était « décédé paisiblement chez lui … à la suite d’une courte maladie ».

Les bosons de Higgs sont l’excitation quantique du champ de Higgs, un champ qui remplit tout l’univers et qui interagit avec les particules…

Voyager 1 : Les ingénieurs de la NASA ont repéré la puce défectueuse qui pourrait permettre de réparer l’ordinateur de la plus vieille sonde spatiale

L’une des plus anciennes (47 ans) et des plus lointaines sondes envoyées dans l’espace par l’humain, la sonde Voyager 1 souffre d’une importante défaillance qui l’empêche de transmettre des données scientifiques ou techniques vers la Terre. Les ingénieurs de la NASA ont réduit le problème de la sonde Voyager 1 à une seule puce défectueuse. Il pourrait désormais être possible de contourner la mémoire corrompue et de remettre la sonde interstellaire en état de marche…

Les astronautes sont conscients de la distance à laquelle ils "volent" dans l’espace en dépit de la microgravité

Des scientifiques étudiant les astronautes à bord de la Station spatiale internationale ont déterminé que les humains sont étonnamment doués pour s’orienter et évaluer la distance qu’ils ont parcourue en microgravité.

Selon Laurence Harris, spécialiste de la vision et de la perception du mouvement à l’université York au Canada, auteur principal de la nouvelle étude…

Le premier utilisateur de l’implant cérébral Neuralink joue aux échecs par la pensée

La société Neuralink a présenté une vidéo de son premier patient humain, Noland Arbaugh, jouant aux échecs sur ordinateur avec ses pensées grâce à un implant cérébral.

Paralysé des épaules à la suite d’un accident de plongée, Arbaugh s’est montré enthousiaste quant au potentiel de cette technologie… »

Pin It on Pinterest

Share This