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Comme le Guru vous l’indiquait dans ses prévisions scientifiques pour l’année 2016, les scientifiques ont décidé de valider le fait que les êtres humains vivent dans une nouvelle époque géologique, qui est en grande partie de leur propre fabrication.

Dans une nouvelle étude, une équipe internationale de géoscientifiques ont conclu que l’impact de l’activité humaine sur la Terre est si répandu et persistant, qu’il mérite une reconnaissance formelle avec la création d’une nouvelle unité de temps géologique, qu’ils se proposent d’appeler l’époque anthropocène.

Selon le coauteur de l’étude, Colin Waters, un géologue à la Commission géologique britannique au Royaume-Uni et appartenant à l’Anthropocene Working Group, une organisation au sein de l’Union internationale des sciences géologiques :

Nous affirmons que les humains sont un processus géologique. Nous sommes la force géologique dominante façonnant la planète. Ce n’est plus tellement la rivière, la glace ou le vent. C’est l’homme.

Le terme anthropocène, de anthropo, pour "l’homme" et cène, pour "nouvelle", s’est immiscé lentement, gagnant en popularité comme un mot à la mode pour l’environnement afin de décrire l’influence de l’humanité sur la Terre depuis l’année 2000, quand il a été popularisé par le chimiste de l’atmosphère, météorologiste et lauréat du prix Nobel, Paul Crutzen.

Au cours des dernières années, il y a eu un mouvement croissant, parmi les scientifiques, à adopter formellement le terme dans le cadre de la nomenclature officielle de la géologie. Ceux qui défendent cette action affirment que l’époque actuelle, dominée par l’humanité, est nettement différente de l’Holocène des 12 000 dernières années, la période durant laquelle les sociétés humaines se sont développées.

La nouvelle étude n’est pas la première à proposer une création officielle d’une époque anthropocène, Simon Lewis et Mark Maslin de l’Université College de Londres ont fait une recommandation similaire l’année dernière, mais la plus récente est l’une des plus complètes à ce jour. Dans ce document, Waters et ses collègues ont cherché à savoir si les actions humaines ont laissé des traces mesurables dans les strates géologiques et si elles sont nettement différentes de celles de l’Holocène. La réponse à ces deux questions est un grand oui, selon les scientifiques.

Ils ont effectué un examen de la littérature scientifique publiée et ils ont trouvé des preuves concernant les nombreuses façons avec lesquels les humains ont changé la Terre pour produire des traces dans la glace et les couches de roche qui seront encore détectables dans des millions d’années à partir de maintenant. Parmi elles, une prépondérance de produits humains uniques tels que le béton, l’aluminium et les plastiques; les niveaux atmosphériques élevés de gaz à effet de dioxyde de carbone et le méthane; des niveaux plus élevés d’azote et de phosphore dans le sol par les engrais et les pesticides; et les retombées de radionucléides des essais d’armes nucléaires au-dessus du sol au cours du 20e siècle.

Les humains ont aussi modifié de manière indélébile le domaine biologique en élevant à outrance quelques animaux domestiques et cultivé de manière spécifique certaines plantes, tout en poussant d’autres espèces vers l’extinction. Ces changements seront vraiment évidents dans le registre fossile avec, comme exemple cité par les chercheurs :

Imaginez l’abondance d’os de poulet et d’épis de maïs dans les sédiments à partir de maintenant par rapport aux sédiments déposés il y a 300 ans.

Les humains ont également facilité le mélange des espèces à un degré sans précédent dans l’histoire de la Terre et, précise Waters :

Si nous trouvons une plante qui est agréable à regarder, au fils des années, nous l’aurons  transporté à travers le monde. Cela crée des signatures de pollen dans les sédiments ce qui est très déroutant. Normalement, vous devez attendre que deux continents se heurtent pour obtenir ce genre de transfert d’espèces, mais nous le faisons en un très court laps de temps.

En fonction de la durée des époques, l’Anthropocène est plutôt jeune : Waters et son équipe soutiennent qu’elle n’a commencé que vers 1950, au début de l’ère nucléaire, de l’accélération de la croissance démographique, de l’industrialisation et de l’utilisation des minéraux et de l’énergie. En cela, le groupe diffère de celui de Lewis et Maslin, qui suggère que le passage entre l’Holocène et l’anthropocène devrait être fixé à 1610 ou 1964. L’année 1610 correspond à la collision des anciens et nouveaux mondes qui a eu lieu un siècle plus tôt et s’est fait d’abord ressentir à l’échelle mondiale en 1610, et l’année 1964 est perceptible dans les couches de roche par sa forte proportion en isotopes radioactifs correspondant aux essais d’armes nucléaires.

Selon Waters :

L’Holocène fut un évènement brutal du point de vue des géologues. Et pourtant, nous observons des changements qui sont encore plus rapides que ça.

Fait intéressant, contrairement à la notion de changement climatique, pour laquelle le consensus scientifique a été créé bien avant que son acceptation par le public se soit généralisée, Waters affirme que nous semblons être plus disposés à accepter l’idée d’une époque anthropocène que certains scientifiques.

Les géologues et les stratigraphes, qui étudient les couches de la Terre, étudient des roches qui ont des millions d’années, beaucoup d’entre eux ont du mal à apprécier qu’un si petit intervalle de temps puisse devenir une époque géologique.

Les chercheurs concluent que, en plus d’être scientifiquement importante, de reconnaitre formellement l’époque Anthropocène pourrait avoir un impact sur la perception du public sur la façon dont l’humanité est en train de changer la planète.

L’étude publiée dans Science : The Anthropocene is functionally and stratigraphically distinct from the Holocene et le groupe d’étude sur l’anthropocène sur le site de la Subcommission on Quaternary Stratigraphy.

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