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cocon Bathyplectes anurus2

Le saut n’est pas une question de plaisir ou de jeux pour les larves d’insectes. Elles doivent le faire pour survivre. Cette manœuvre consiste à trouver un endroit ombragé pour s’y développer, selon des chercheurs de l’université de Kyushu au Japon, qui ont mené des recherches sur le comportement sauteur d’une larve de guêpe parasite.

Image d’entête : cocon de Bathyplectes anurus à l’intérieur d’un cocon d’un phytonome de la luzerne (Matt Montgomery, Université de l’Illinois Extension).

Bathyplectes anurus2L’utilisation du saut, comme moyen de se déplacer, n’a été observée que dans quelques espèces de larves de guêpe parasite, ce qui suggère que ce comportement n’évolue pas facilement. La guêpe parasite étudiée, Bathyplectes anurus (ci-contre), mesure 3 millimètres de long et elle est utilisée pour lutter, de manière biologique, contre le phytonome de la luzerne (Hypera postica), un ravageur agricole qui attaque les légumineuses.

Hypera postica2Les guêpes Bathyplectes adultes pondent leurs œufs dans les cocons de larves du phytonome (ci-contre). Lorsque la larve se développe, elle s’extrait de l’intérieur de son hôte et s’en nourrit rapidement. Elle passe ensuite dix mois dans un cocon qu’elle a elle-même produit et qui est à l’intérieur du cocon de la larve du phytonome de la luzerne qu’elle a mangé, avant de se développer en pupe. Durant cette période, la larve de guêpe gigote brusquement, donnant des mouvements en “coups de fouet” contre l’intérieur du cocon provoquant le déplacement de toute la structure d’environ 5 centimètres à la fois, son fameux saut.

Le chercheur Yoriko Saeki et son équipe ont mené une série d’expériences sur les larves de 100 Bathyplectes afin de savoir si ce comportement est une technique de survie et s’il a un coût pour les insectes. Ils ont examiné les effets de différentes intensités lumineuses, températures et niveaux d’humidité en laboratoire et en pleine nature.

Les cocons de Bathyplectes anurus exposés à la lumière ont bondi près de 3 fois plus souvent que ceux conservés dans l’obscurité. Leurs sauts ont augmenté en nombre lorsque la température était élevée et ils étaient 60 % plus fréquents dans des conditions de faible humidité. Quand les cocons ont été autorisés à se mouvoir dans une arène éclairée comportant des parties ombragées, la plupart ont préféré les zones à l’ombre, une stratégie de survie.

Les cocons ont sauté et se sont déplacés environ 83 % plus souvent quand ils ont été placés près de fourmis géantes japonaises, des prédateurs reconnus de ce type de larves. La fréquence des mouvements a diminué une fois que les prédateurs ont été en contact direct avec les cocons.

Pour avoir un point de vue sur l’action, un comportement similaire de la pratique du saut peut être observé chez la larve en cocon de la guêpe parasite Latibulus argiolus : 
 
Les résultats suggèrent que les larves répondent aux contraintes environnementales en sautant vers un habitat plus favorable qui leur permet de se développer librement. La masse corporelle des individus sauteurs était plus faible par rapport à ceux qui ne sautaient pas. Les chercheurs suggèrent que ce comportement de saut a un cout, car il nécessite davantage d’énergie.

D’autres études, sur la structure des cocons et les mécanismes physiques qui permettent de tels sauts dans des espèces apparentées, aideront les entomologistes à mieux comprendre l’évolution de ce comportement.

L’étude publiée dans la revue The Science of Nature : Costs and benefits of larval jumping behaviour of Bathyplectes anurus.

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