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seiche

À première vue, la seiche semble être un repas assez facile. Elle est molle, trapue, et apparemment sans défense. Mais la seiche ne renonce pas si facilement.

Comme ses cousins, les poulpes et les calmars, les seiches n’ont pas d’exosquelette (de coque externe) et elles ont donc été contraintes de faire preuve de créativité pour se défendre. Les biologistes et créateurs de nouveaux matériaux sont captivés par le talent de la seiche pour le subterfuge. En comprimant, étirant, détendant des cellules pigmentaires et réfléchissant la lumière, la seiche peut changer de couleur et même créer des motifs sur sa peau. Leurs qualités de métamorphes leur permettent de disparaitre en une demi-seconde dans leur environnement.

Mais tous ces artifices ne tromperont que les prédateurs qui chassent à vue. Ceux qui comptent sur l’odeur où le toucher, ne seront pas dupes, ni les chasseurs qui localisent leurs proies en détectant les champs électromagnétiques. Toute chose vivante dégage au moins un peu d’électricité. Certaines, comme l’anguille électrique, portent une charge importante. Mais plupart d’entre nous émettons une légère aura électrique alors que nous vaquons à nos activités quotidiennes.

La liste scientifique des animaux capables de détecter les champs électriques d’autres animaux s’accroit régulièrement et bon nombre d’entre eux sont aquatiques. Au sommet de la liste, il y a les requins, avec leur compétence pour détecter les champs électriques 10 000 fois plus puissante que tout autre animal. Et, entre autres choses, les requins aiment déguster les sèches. Une fois de plus, il semble que la seiche n’est  pas une chance de résister, mais les apparences sont encore une fois trompeuses. Des chercheurs ont récemment découvert que la seiche peut étouffer ses champs électriques, se rendant presque invisible.

Cette idée vient de la biologiste Christine Bedore de l’université Duke (Etats-Unis), qui s’est spécialisée dans l’étude de la détection des champs électriques par les créatures de la mer. Bedore a trouvé que celui émis par la seiche commune (Sepia officinalis) est assez faible, environ 75 000 fois plus faible que celui d’une seule pile AAA. Mais, même un faible champ électrique est encore reconnaissable pour un requin affamé.

Pour savoir comment une seiche répond à la vue d’un requin, Bedore a fixé un écran d’iPad contre la paroi d’un réservoir de seiche. Elle a ensuite diffusé à des seiches des vidéos de ce qui ressemblait à des silhouettes de crabes, de requins et de mérous approchant.

La silhouette du crabe, qui ne présentait aucune menace, n’a pas provoqué de changements dans le comportement de la seiche. Mais à chaque fois que la silhouette d’un requin ou d’un mérou approchait, la seiche s’immobilisait dans le réservoir. Sa respiration ralentit et elle semblait couvrir des parties de son corps avec ses petits bras. Tout au long de l’expérience, Bedore a surveillé la diffusion électrique de la seiche.

Vidéo de présentation des expérimentations sur la seiche (université Duke) :

La tactique de la seiche a eu un énorme effet sur la force de son champ électrique. En couvrant ses siphons avec ses bras, la seiche masque sa production électrique de 89 %.

Pour la deuxième phase de l’étude, Bedore et ses collègues ont offert à de vrais requins l’accès à une seiche simulée dans deux positions : détendue et figée. La "seiche" au repos était non seulement visible, mais également irrésistible :  les requins ont commencé à mordre l’équipement. Le champ électrique étouffé d’une seiche figée, d’autre part, n’a attiré que la moitié des morsures de requin.

L’étude publiée dans Proceedings of the Royal Society B : Freezing behaviour facilitates bioelectric crypsis in cuttlefish faced with predation risk.

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