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Une nouvelle étude révèle que certaines araignées mâles évoluent vers un comportement visant à mutiler les parties génitales externes de femelles pour les empêcher de s’accoupler à nouveau. Ce comportement garantit ainsi au mâle qu’il sera le père de toute de la progéniture.

Les araignées, notamment, emploie des stratégies assez particulières, voir bizarre dans la poursuite de leur réussite sexuelle, en passant par le cannibalisme à l’autocastration, jusqu’à l’ultime don de soit même pour décrocher une aventure.

Mais les chercheurs n’ont pas étudié de près la façon dont les mâles manipulent les parties génitales des femelles. C’est ce qu’a entrepris de faire la biologiste Gabriele Uhl et ses collègues de l’université de Greifswald, en Allemagne, afin d’examiner des spécimens femelles de Larinia jeskovi, une espèce d’araignée trouvée en Sibérie et en Europe de l’Est.

L’équipe a observé que, après l’accouplement, de nombreuses femelles n’avaient plus leurs scapus, une petite excroissance en forme de bouton qui se trouve au-dessus des organes génitaux.

Pour connaitre la raison de cette absence, les chercheurs ont récupéré des L. jeskovi dans la nature et leur ont permis de s’accoupler sous observation attentive dans leur laboratoire. Lorsqu’un mâle montait une femelle vierge, les chercheurs gelaient le couple avec des pulvérisations d’azote liquide, permettant à l’équipe de numériser les organes génitaux emboîtés des araignées.

Images tirées de l’étude : A – femelle Larinia jeskovi avec son organe génital externe indiqué par une flèche. B et C, le scrapus (Sc) de la femelle intact en B et manquant en C, le flèches indiquent les orifices copulatoires. (Gabriele Uhl)
Larinia jeskovi

Une araignée mâle délivre son sperme via ses pédipalpes, une paire d’appendices ressemblant à des pattes près de sa bouche qui se verrouillent sur le scapus de la femelle du dessus et en dessous. (voir : Les araignées éprouvent-elles des sensations durant une copulation… sans pénis ?)

Les analyses ont révélé que les pédipalpes du mâle L. jeskovi saisissent et tordent le scapus de la femelle jusqu’à le couper. Sans cet organe, les autres mâles ne pourront saisir la femelle, empêchant celle-ci d’avoir un autre partenaire sexuel.

Habituellement, la plupart des femelles ont des rapports sexuels avec plusieurs mâles, mais fertilisent leurs œufs avec le sperme d’un seul prétendant. Cette concurrence a incité les mâles à prendre des mesures drastiques, comme de se castrer eux-mêmes afin de boucher l’appareil reproducteur des femelles de certaines espèces .

Les chercheurs soupçonnent que cet acte de mutilation ne soit pas unique aux Larinia jeskovi. Les femelles, dans les quelque 80 espèces d’araignées, ont un scapus qui serait vulnérable à ce type d’attaques masculines.

Même s’ils ne connaissent pas les conséquences sur la femelle mutilée, ce que les chercheurs doivent déterminer en étudiant leur fécondité et leur espérance de vie, cette perte pourrait être un bénéfice. Les femelles peuvent stocker le sperme viable pendant des années, ainsi le fait d’avoir un seul partenaire sexuel pourrait ne pas entraver leur fertilité. Cela pourrait également signifier que, parce qu’elle est maintenant indisponible, elle est moins susceptible d’être harcelée par les autres mâles qui ont tendance à lui piquer ses repas dans la tentative.

L’étude publiée dans Current Biology : Securing Paternity by Mutilating Female Genitalia in Spiders.

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