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Singes-hurleurs

Voici le genre de découverte que votre Guru ne criera pas sur les toits, de toute façon, personne ne l’entendrait…

Une nouvelle étude a trouvé une corrélation inverse entre le volume des cris, notoirement bruyants, des singes hurleurs et la taille de leurs testicules.

Les singes hurleurs mâles utilisent leurs cris pour attirer des partenaires. Ils les produisent notamment avec leur os hyoïde : plus il est large, plus ils seront bruyants et plus ils attirent de femelles, mais la taille de cet os se fait au détriment de la taille des testicules et de la production de sperme. Ainsi, les singes les moins bruyants (avec un os hyoïde plus petit) ont les plus gros testicules et davantage de sperme.

L’anthropologue Leslie Knapp et ses collègues de l’université d’Utah, auteur de cette nouvelle étude, ont déterminé que les hyoïdes et les testicules varient largement d’une espèce de singe hurleur à l’autre. L’os hyoïde pouvait être 10 fois plus grand que ceux disposant du plus petit. Et les plus grands testicules étaient environ sept fois plus volumineux que les singes hurleurs aux plus petits testicules.

Sans exception, les espèces de singes hurleurs avec de plus grands testicules avaient de petits hyoïdes et vice versa.

Quelques cris de singes hurleurs au Costa-Rica :

Les singes aux plus petits testicules et donc aux plus bruyants hurlements sont plus susceptibles de développer un harem de femelles auquel ils auront un accès exclusif pour la reproduction. D’autre part, les singes, bien dotés, mais moins bruyants, ont tendance à se retrouver dans de grands groupes contenant de nombreux mâles et femelles qui pratiquent “l’amour libre” (copulent librement entre eux). Dans ce groupe, non exclusif, les mâles se disputent la paternité, littéralement, avec leurs testicules. Plus un mâle dispose du plus grand nombre de spermatozoïdes, plus il a de chance d’évincer tous les autres mâles qui s’accouplent avec les mêmes femelles.

De cette façon, des singes hurleurs ont évolué deux stratégies sexuelles : cris versus testicules. Les singes bruyants ont besoin de sécuriser un accès exclusif aux femelles parce qu’ils auraient du mal à suivre leurs homologues bien pourvues sous la ceinture, qui sont plus susceptibles de féconder les femelles en raison d’une plus grande production de sperme. Les singes plus calmes ont moins de succès pour attirer les femelles avec leurs hurlements, mais ils ont ce qu’il faut là où il faut.

Naturellement, Knapp met en garde contre tout anthropomorphisme trouvé dans ces résultats (moto bruyante et grosse voiture…), et elle est tout à fait raison. Il y a un monde de différence entre les singes hurleurs et les humains, en particulier à l’égard de la sélection sexuelle. Fort à propos : Les hommes avec de petits testicules feraient-ils de meilleurs pères de famille ?

L’étude publiée dans Current Biology : Evolutionary Trade-Off between Vocal Tract and Testes Dimensions in Howler Monkeys.

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