Sélectionner une page

Sur l’étoile au comportement si mystérieux qu’il impliquait la théorie d’une “mégastructure extraterrestre”

19 Oct 2015 | 6 commentaires

KIC8462852 15oct2015

Merci aux lecteurs et aux lectrices qui se sont étonnées que votre serviteur n’ait pas relayé cette information qui a enflammé une partie de la toile en milieu de semaine dernière, mais votre Guru, en tant que tel, est au courant de tout, même sur le fait que ses chevilles soient très enflées… Il a juste pris son temps pour profiter de quelques retours scientifiques.

En 2010, Zooniverse, la plus grande plate-forme citoyenne de recherche en sciences du monde, a lancé le programme Planet Hunters (chasseurs de planètes) à l’université Yale. Le groupe de citoyens scientifiques utilise les données du télescope spatial Kepler, de la NASA, pour rechercher des baisses de luminosité d’étoiles lointaines, qui pourraient indiquer que de potentielles nouvelles planètes passent devant. En 2011, ils ont trouvé quelque chose de vraiment inhabituel : une étoile si étrange, avec un comportement si difficile à expliquer, qu’il est clair que quelque chose de bizarre se passe là-bas. Même s’ils ne l’évoquent pas dans leur étude, certains des scientifiques y ayant participée ont, de leurs hypothèses, celle d’une activité extraterrestre… mais ne nous enflammons pas, c’est une hypothèse de dernier recours, avec beaucoup d’autres…

L’étoile est appelée KIC 8462852, elle est un peu plus massive, plus chaude et plus lumineuse que le Soleil et elle est située à environ 1500 années-lumière, trop éloignée pour être vue à l’œil nu.

Image d’entête : KIC 8462852, photographiée le 15 octobre 2015. C’est une étoile de type spectral F3 V (naine jaune-blanche), située à environ 1 480 années-lumière de la Terre. (Gianluca Masi)

Elle appartient au 100 000 étoiles qui ont été observées par la mission Kepler. Le télescope spatial fixe ces étoiles pour, notamment, tenter de repérer des baisses dans leur luminosité. Ces très légères variations peuvent être dues à de nombreux facteurs, comme une ou des planètes en orbite autour de l’étoile observée, qui passent directement en face et qui peuvent être vues de la Terre, ce que nous appelons un transit. Celui-ci diminue habituellement la luminosité de l’étoile, d’environ 1 %.

Des milliers d’exoplanètes ont été trouvées de cette façon et les variations de luminosité qu’elles engendrent et que nous voyons sont périodiques, se répétant tous les quelques jours, semaines ou mois, selon la taille de l’orbite de la planète.

Les données de Kepler pour KIC 8462852 sont assez étranges : il y a des creux dans la courbe de sa luminosité, mais ils ne sont pas périodiques et ils peuvent être assez importants. Vers le 800e jour d’observation de Kepler, la luminosité de KIC 8462852 a chutée de 15% pour reprendre une luminosité constante jusqu’aux jours 1510-1570, dans lesquels elle a subi une série de baisses dont une qui a estompé la lumière de l’étoile de 22%, ce qui est énorme ! En considérant  qu’un monde de la taille de Jupiter, la norme parmi les planètes extrasolaires, en absorbe environ 1%.

Graphique présentant la grande baisse de luminosité de KIC 8462852 à environ 800 jours; puis après 1500 jours toute une série de “creux” de différentes grandeurs jusqu’à 22 %. La luminosité normale de l’étoile est placée à “1,00” comme point de référence. (Boyajian et coll.)
Kepler-KIC 8462852

Les exoplanètes présentent des courbes de lumière régulières, reproductibles et donc prédictibles alors qu’elles entrent, traversent et quittent la face de leurs étoiles, ce qui n’est pas du tout le cas pour KIC 8462852.

Avec le plus grand soin, les chercheurs ont exclu de nombreuses possibilités : erreurs instrumentales, taches stellaires (comme les taches solaires, mais sur d’autres étoiles), anneaux de poussière observés autour des jeunes étoiles (ici, c’est une étoile âgée) et des pulsations qui couvrent une étoile de nuages de poussière qui absorbent la lumière.

Il y a aussi le cas d’une collision entre deux planètes : cela génèrerait beaucoup de matière le long d’immenses nuages de poussière qui pourraient facilement étouffer la lumière d’une étoile de façon rapide et irrégulière. Cela pourrait en faire le coupable idéal, sauf que la poussière absorbe la lumière de son étoile, se réchauffe et brille dans la lumière infrarouge. Nous devrions être en mesure de voir cet “excès d’infrarouge » si il était là, mais à la place, KIC 8462852 émet le montant prévu d’infrarouge pour une étoile de sa catégorie et pas un iota de plus. Il n’y a également pas de preuve, dans les données prises par l’Explorateur pour l’étude à grand champ dans l’infrarouge (WISE) plusieurs années auparavant, qu’une collision ayant libéré de la poussière soit arrivée autour de l’étoile.

Après avoir examiné les options, les chercheurs ont conclu que la meilleure hypothèse pourrait être celle d’une comète brisée qui a continué à se fragmenter en une cascade de petites comètes, un scénario assez incroyable. Il y a encore à tenir compte de la poussière, mais pas autant que d’autres scénarios en auraient besoin.

spitzer_4

Les comètes peuvent se désagréger, en particulier lors d’un passage exceptionnellement près du Soleil, comme les comètes ont coutume de le faire dans notre propre système solaire. Ou une étoile de passage pourrait perturber le nuage de comètes d’Oort de l’étoile et déclencher un barrage de comètes dans le système stellaire intérieure. Il se trouve qu’une étoile naine rouge se trouve à environ 1000 ua (1000 fois la distance de la Terre au Soleil) de KIC 8462852. Personne ne sait encore si cette étoile est en orbite autour de KIC 8462852 ou si elle passait juste par là. De toute façon, elle est assez proche pour engendrer un tel scénario. Voilà pour les explications “naturelles”.

Tabetha Boyadjian, chercheuse (postdoc) à l’université Yale, qui supervise Planet Hunters et principale auteure de l’article sur KIC 8462852 (lien plus bas), a demandé à Jason Wright, un professeur d’astronomie à l’université Penn State, ce qu’il pensait des courbes de lumière et il s’avère que ce dernier avait travaillé sur un document concernant la détection de mégastructures transitant, en utilisant Kepler (voir : Percevoir la chaleur d’une technologie extra-terrestre avancée).

Dans un  billet récent de Jason Wright, il écrit :

L’idée est que si des civilisations extraterrestres avancées construisent des mégastructures de taille planétaire, des panneaux solaires, des télescopes, des balises, quelles qu’elle soient, Kepler pourrait être en mesure de les distinguer des planètes.

Supposons que nos sympathiques aliens veulent exploiter l’énergie de leur étoile. Ils pourraient construire par millions d’énormes panneaux solaires et les envoyer en orbite pour absorber la lumière des étoiles pour la transmettre jusqu’à la surface de leur planète. Le physicien Freeman Dyson a popularisé l’idée dans les années 1960. Rappelez-vous, la Sphère de Dyson, une structure hypothétique géante construite pour englober une étoile.

Exemples de sphères de Dyson :

Sphère-Dyson

Bonus StarTrek :
De notre point de vue, nous pourrions voir le scintillement irrégulier de l’étoile alors que des panneaux solaires géants l’encerclent.
Même Wright admet que « l’hypothèse extraterrestre » devrait être considérée en dernier recours. Mais pour ne laisser aucune théorie de côtés, Wright, Boyadjian et des membres du Planet Hunters proposent de faire une recherche radio SETI avec le radiotélescope de l’observatoire de Green Bank (ci-dessous).

Radio-telescope-Green-Bank

Selon l’humble avis du Guru, et ce n’est pas seulement le sien, il y a peu de chance que cela soit une mégastructure extraterrestre, tout comme les premiers signaux du pulsar PSR B1919+21 n’ont pas été générés par de petits hommes verts. Mais, en reprenant ce dernier exemple, qui en est un parmi beaucoup d’autres, le fait de découvrir le comportement (pulsar) des étoiles à neutrons a carrément permis d’ouvrir une nouvelle branche de l’astronomie. Nous pourrions espérer la même chose de cet évènement, une fois élucidé.

Quelle que soit la cause du scintillement inhabituel de KIC 8462852, Boyajian souhaite que les astronomes gardent un oeil sur cette étoile pour savoir si et quand ses erratiques variations lumineuses se répètent.

A suivre…

L’étude de KIC 8462852 par Tabetha Boyadjian publiée dans les Monthly Notices of the Royal Astronomical Society : Planet Hunters X. KIC8462852 – Where’s the flux?. Le billet de Jason Wright : KIC 8462852: Where’s the Flux? A partir de The Atlantic : The Most Mysterious Star in Our Galaxy.

Faire un Don !

Pourquoi ?

Parce qu’il n'y a aucune publicité ici et que le Guru compte sur la générosité de ses lecteurs(trices) pour continuer à faire vivre GuruMeditation (...et son créateur par la même occasion). D'autres méthodes vous seront proposées en plus de PayPal.

D’étranges îles découvertes par la NASA sur un lac de lave de la lune de Jupiter, Io

La NASA a découvert une merveille géologique sur Io, la lune ardente de Jupiter, le monde le plus volcanique du système solaire. Les survols effectués par la sonde Juno ont révélé des montagnes inhabituellement escarpées et jusqu’alors inconnues, ainsi que de surprenantes îles dans un lac de lave.

En utilisant les données de Juno, les chercheurs ont créé des animations qui mettent en valeur ces lacs volcaniques et ces imposantes montagnes…

L’affaissement des villes chinoises est le signe d’un problème beaucoup plus global

Des dizaines de scientifiques chinois ont tiré la sonnette d’alarme en s’appuyant sur une analyse détaillée des données satellitaires pour déterminer les mouvements des sols à travers la Chine, en écrivant qu’un tiers des citadins du pays pourraient se retrouver dans une « ville en train de s’affaisser ».

Dirigée par Zurui Ao, Xiaomei Hu et Xie Hu de l’Université normale de Chine du Sud et de l’Université de Pékin, la recherche publiée cette semaine…

Des bactéries multirésistantes trouvées à bord de la station spatiale internationale mutent pour acquérir des caractéristiques distinctes

La Station spatiale internationale (ISS) est depuis longtemps connue pour être un environnement unique, mais selon une nouvelle étude de la NASA, il y pousse des choses tout à fait extraterrestres.

L’agence spatiale américaine indique que des scientifiques du Jet Propulsion Laboratory ont examiné des échantillons de la bactérie Enterobacter bugandensis résistante aux médicaments (ou pharmacorésistantes) trouvée dans l’ISS et qu’ils ont constaté que les souches avaient muté en…

Des scientifiques chinois affirment avoir trouvé le moyen de propulser des sous-marins furtifs à l’aide de lasers

Des scientifiques chinois de l’Institut de technologie de Harbin ont mis au point un système de propulsion laser qui ouvre une nouvelle ère pour la technologie sous-marine. Plutôt que d’utiliser un arbre de propulsion et des hélices, le système proposé fait appel à des impulsions laser et à des fibres optiques pour générer une poussée comparable à celle d’un moteur à réaction commercial.

L’ensemble du système n’utilise que 2 mégawatts de puissance laser, ce qui est dans les limites de puissance d’un sous-marin nucléaire…

Des physiciens pensent que la taille illimitée du multivers pourrait être infiniment plus grande

Des physiciens de l’université de Californie à Davis (UCD), du laboratoire national de Los Alamos aux États-Unis et de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (Suisse) ont redessiné la carte de la réalité fondamentale pour démontrer que la façon dont nous mettons les objets en relation en physique pourrait nous empêcher de voir plus grand.

Depuis près d’un siècle, les théories et les observations qui relèvent de la mécanique quantique, les lois qui régissent l’infiniment petit…

Une nouvelle recherche explore le détournement neuronal que la dépendance à la cocaïne provoque dans le cerveau

La recherche menée par des scientifiques de l’université Rockefeller et de l’Icahn School of Medicine at Mount Sinai (États-Unis) a permis de mieux comprendre comment des drogues addictives comme la cocaïne peuvent l’emporter sur les systèmes de récompense naturels du cerveau, obligeant les individus à renoncer à des besoins fondamentaux comme la nourriture et l’eau.

Cette découverte repose sur une voie neuronale qui répond normalement aux récompenses naturelles, mais qui est exploitée par les…

Découverte d’anciens tunnels de lave dans le désert d’Arabie habités il y a des milliers d’années

Une importante étude archéologique a permis, pour la première fois, de localiser un tunnel de lave en Arabie saoudite qui a été habité par des humains il y a jusqu’à 10 000 ans.

Le site d’Umm Jirsan témoigne d’une activité humaine s’étalant sur plusieurs milliers d’années, de la période néolithique à l’âge du bronze. Soutenue par les autorités saoudiennes, cette fouille s’inscrit dans le prolongement de décennies de recherches entreprises dans la région pour reconstituer l’histoire de l’activité humaine au…

Des millions de joueurs du jeu vidéo Borderlands 3 font avancer la recherche biomédicale

Plus de 4 millions de joueurs jouant à un mini-jeu de science citoyenne dans le jeu vidéo Borderlands 3 ont aidé à reconstituer l’histoire de l’évolution microbienne des bactéries de l’intestin humain…

La vieille sonde Voyager 1 de la NASA rétablit la transmission de ses données après 5 mois de charabia

La sonde Voyager 1 a renvoyé des données exploitables pour la première fois depuis plus de 5 mois, ce qui laisse espérer que la mission, vieille de 46 ans, pourra enfin reprendre ses activités normales.

La sonde interstellaire préférée de la NASA a transmis samedi au centre de contrôle de la mission des données sur la santé et l’état de ses systèmes embarqués…

Photos : Lorsque deux satellites dans des directions opposées se croisent dans l’espace à 10 000 km/h

La sonde Lunar Reconnaissance Orbiter (LRO) de la NASA a pris une photo parfaitement synchronisée lorsqu’elle a croisé le chemin d’un autre engin spatial en orbite autour de la lune.

La sonde LRO, qui est en orbite autour de la lune depuis 15 ans, a pris plusieurs images de l’orbiteur lunaire Danuri de l’Institut de recherche aérospatiale de Corée, alors que les deux engins spatiaux, voyageant sur des orbites presque parallèles, se sont croisés dans des directions opposées au cours de trois orbites entre le 5 et le 6 mars…

Le professeur physicien Peter Higgs, célèbre pour avoir prédit l’existence du boson de Higgs, meurt à l’âge de 94 ans

Le professeur Peter Higgs, lauréat du prix Nobel, physicien théoricien britannique célèbre pour avoir prédit l’existence d’une nouvelle particule, le boson de Higgs, est décédé lundi 8 avril. L’université d’Édimbourg, où Higgs était professeur émérite, a annoncé mardi qu’il était « décédé paisiblement chez lui … à la suite d’une courte maladie ».

Les bosons de Higgs sont l’excitation quantique du champ de Higgs, un champ qui remplit tout l’univers et qui interagit avec les particules…

Voyager 1 : Les ingénieurs de la NASA ont repéré la puce défectueuse qui pourrait permettre de réparer l’ordinateur de la plus vieille sonde spatiale

L’une des plus anciennes (47 ans) et des plus lointaines sondes envoyées dans l’espace par l’humain, la sonde Voyager 1 souffre d’une importante défaillance qui l’empêche de transmettre des données scientifiques ou techniques vers la Terre. Les ingénieurs de la NASA ont réduit le problème de la sonde Voyager 1 à une seule puce défectueuse. Il pourrait désormais être possible de contourner la mémoire corrompue et de remettre la sonde interstellaire en état de marche…

Les astronautes sont conscients de la distance à laquelle ils "volent" dans l’espace en dépit de la microgravité

Des scientifiques étudiant les astronautes à bord de la Station spatiale internationale ont déterminé que les humains sont étonnamment doués pour s’orienter et évaluer la distance qu’ils ont parcourue en microgravité.

Selon Laurence Harris, spécialiste de la vision et de la perception du mouvement à l’université York au Canada, auteur principal de la nouvelle étude…

Le premier utilisateur de l’implant cérébral Neuralink joue aux échecs par la pensée

La société Neuralink a présenté une vidéo de son premier patient humain, Noland Arbaugh, jouant aux échecs sur ordinateur avec ses pensées grâce à un implant cérébral.

Paralysé des épaules à la suite d’un accident de plongée, Arbaugh s’est montré enthousiaste quant au potentiel de cette technologie… »

Pin It on Pinterest

Share This