Sélectionner une page

pia19807_flat-horizon-monday

Cette semaine, les scientifiques de la NASA ont annoncé qu’ils avaient trouvé des preuves chimiques d’eau liquide à la surface de Mars. Alors que leur analyse est plutôt convaincante, l’existence de cours d’eau salée saisonniers ne sera jamais à 100 % confirmée tant que nous ne l’aurons pas vu, touché et analysé et si ce n’est pas par l’intermédiaire de véritables humains sur Mars, nous devrions l’étudier par procuration, à travers les robots actuellement sur place.

Sauf que ce n’est pas possible. Pas tant que ces lointains robots ont comme origine la Terre.

Image d’entête : Cet autoportrait du Curiosity montre le véhicule sur le site désigné "Marias Pass" sur lequel il a foré dans une roche appelée "Buckskin". La caméra Mahli sur le bras robotisé du Curiosity a pris plusieurs images le 5 aout 2015, qui ont été assemblées pour obtenir ce selfie. (NASA / JPL-Caltech / MSSS)

À l’heure actuelle, l’astromobile Curiosity de la NASA est à environ 50 kilomètres d’un des sites que les scientifiques soupçonnent de retenir de l’eau martienne liquide, mais un traité international, signé en 1967, l’empêche de s’en approcher. Pourquoi ? Et bien parce que pour arriver là où il est actuellement sur la surface de Mars, le Curiosity a du parcourir 225 millions de kilomètres et au cours de sa folle odyssée, il aurait ramassé de la saleté, de la poussière et toutes sortes de mystérieux microbes qui font qu’il est loin d’être stérile.

Et tandis que les scientifiques font de leur mieux pour stériliser leur matériel*, une fois qu’il arrive à sa destination même les très intenses radiations de l’espace ou les ultraviolets martiens ne peuvent pas garantir une stérilisation. Ainsi, nous avons pu constater que le lichen, des microbes ou même les tardigrades peuvent survivre au vide de l’espace et cela pendant de longue période.

*Chaque étape d’une mission est soigneusement contrôlée. De la construction dans une chambre stérile propre avec des systèmes laminaires d’écoulement d’air, des barrières microbiennes pressurisées, au personnel portant des cagoules, des masques, des gants chirurgicaux, des bottines, des combinaisons de protection appelés costumes de lapin (bunny suits). Les composants et les vaisseaux spatiaux sont stérilisés en utilisant la “dry heat microbial reduction” (réduction microbienne par chaleur sèche), en étant enfermés dans un “BioShield” (comme une grande cocotte) et cuits dans un four à 111,7 °C pendant 30 heures. Pour les composants les plus sensibles, un procédé à basse température est utilisé. Les composants sont placés dans le vide et du peroxyde d’hydrogène est injecté dans la chambre de stérilisation pour établir une concentration de vapeur donnée. Des milliers d’échantillons sont prélevés à chaque étape de la construction et testés pour la présence d’organismes formant des spores.
Curiosity-52

Rich Zurek, le scientifique en chef du programme Mars de la NASA, a expliqué lors d’un questions-réponses sur un forum Reddit, cette semaine :

Parce que de l’eau liquide semble être présente … nous devons prendre des précautions supplémentaires pour prévenir la contamination par la vie de la Terre. Nos astromobiles actuels n’ont pas été stérilisées au degré nécessaire pour aller à un endroit où de l’eau liquide peut être présente.

Tous les pays sur la Terre sont liés par les dispositions du Traité de 1967, sur les principes régissant les activités des États en matière d’exploration et d’utilisation de l’espace extra-atmosphérique (2222 (XXI)), qui interdit à “toute personne d’envoyer une mission, robot ou humain, à proximité d’une source d’eau dans la crainte de la contaminer par la vie de la Terre".

La NASA, sur Terre, pourrait soumettre le Curiosity à d’intenses températures et à un puissant rayonnement ionisant pour faire disparaitre définitivement tout ce qui pourrait réussir à survivre au voyage, mais son électronique interne en prendrait un sérieux coup au cours du processus.

Quelle est alors la solution ? Nous savons que la NASA prévoit d’envoyer des humains sur Mars pour la première fois en 2030, alors peut-être que certains astronautes auront la chance de voir l’eau martienne liquide de leurs propres yeux. Une autre option serait d’envoyer des robots sur Mars capables de construire d’autres robots qui peuvent enquêter sur l’eau avec peu de risques de contamination. L’année dernière, la NASA (comme l’agence spatiale européenne) a annoncé qu’elle développe des robots qui peuvent imprimer en 3D des infrastructures sur Mars, ainsi cela pourrait bien être une autre possibilité.

En attendant, le Curiosity, comme l’Opportunity, devront rester bien à l’écart de l’eau martienne.

A partir de l’Office of Planetary Protection, Rich Zurek sur un forum Reddit, l’interview de l’astronome Alan Duffy de l’université Swinburne dans The Sydney Morning Herald, NASA, ESA… Image d’entête, NASA : NASA Mars Rover Moves Onward After ‘Marias Pass’ Studies.

Pin It on Pinterest

Share This