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Mollivirus_MEB

Ce n’est pas le premier et ce ne sera pas le dernier que le réchauffement climatique libèrera du pergélisol de l’Arctique (ou de vieilles crottes de caribous). Ainsi, les microbiologistes n’ont pas trop de mal à trouver de mystérieuses créatures en attente d’être relancées, comme les virus géants.

A partir d’un seul échantillon de permafrost sibérien, ils ont réussi à en trouver deux jusqu’ici. Le premier, le pithovirus sibericum, a été découvert / isolé l’an dernier, tandis que le plus récent, le Mollivirus sibericum, également âgé de 30 000 ans,  est décrit dans une étude publiée cette semaine. Les deux sont des exemples de virus géants rares, du genre facilement visibles sous microscopes optiques.

Les microbiologistes derrière la trouvaille, un groupe principalement composé de Français du CNRS et de Russie (Académie des sciences de Russie), assurent qu’avant de "réveiller" le virus ils auront besoin de vérifier qu’il est inoffensif pour les humains. Pour ce faire, ils utiliseront le virus pour infecter des amibes unicellulaires, qui lui serviront d’hôte.

Selon le coauteur de l’étude, Jean-Michel Claverie de l’Institut de Microbiologie de la Méditerranée (CNRS) :

Quelques particules virales qui sont encore contagieuses peuvent être suffisantes, en présence d’un hôte vulnérable, pour faire revivre les virus potentiellement pathogènes. Si nous ne faisons pas attention et nous industrialisons ces zones sans mettre en place des garanties, nous courons le risque de réveiller des virus tels que la variole que nous pensions avoir été éradiqués.

Le mollivirus sibericum est seulement le quatrième virus géant connu. Ils datent tous de l’époque préhistorique. La première découverte a été réalisée en 2003 avec l’identification de la famille Mimivirus, des virus énormes qui ont été isolés pour la première fois en 1992 dans de l’eau provenant d’une tour de refroidissement pendant une épidémie de pneumonie (causée par des bactéries, pas par le virus). Les Mimivirus sont équipés de 979 gènes codant pour des protéines (au moment de la découverte) beaucoup plus que n’importe quel autre virus connu. La grippe A, par exemple, ne dispose que de 8 gènes, alors que le minimum, pour être considéré comme un virus, est de quatre. Ce sont ainsi les virus les plus complexes connus.

Après la découverte des Mimiviruses, les virus géants trouvés par les chercheurs étaient les Megavirus et les Pandoravirus, isolés à partir d’échantillons d’eau prélevé au Chili et en Australie. Cette famille offre les plus grands génomes viraux découverts à ce jour, avec 2 556 gènes codant pour des protéines. Puis vint le premier virus géant de Sibérie, le pithovirus sibericum, en 2014.

Selon l’étude :

Nos résultats suggèrent que les virus géants sont beaucoup plus diversifiés qu’il n’avait été estimé et démontre que des particules virales infectieuses avec différents modèles de réplications sont présentes dans les anciennes couches de pergélisol de Sibérie.

Les chercheurs de conclure :

Même si aucune des séquences lisibles n’était assez proche pour détecter des poxvirus et des herpèsvirus connus, isolés dans le métagénome de notre échantillon de pergélisol, nous ne pouvons pas exclure que d’anciens virus des populations humaines (ou animal) de Sibérie pourraient émerger alors que les couches de pergélisol de l’Arctique fondent et / ou sont perturbés par des activités industrielles.

L’étude publiée dans The Proceedings of the National Academy of Sciences : In-depth study of Mollivirus sibericum, a new 30,000-y-old giant virus infecting Acanthamoeba.

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