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Pic-Pic-Pic

Deux de ces oiseaux sont étroitement liés. Le troisième est un cousin éloigné. On ne peut pas les différencier, ni les oiseaux entre eux, mais des ornithologues viennent juste de trouver l’intrus.

Les scientifiques connaissent le mimétisme depuis longtemps. Certaines espèces imitent le paysage pour éviter d’être repérées par des prédateurs. D’autres imitent un membre d’une autre espèce plus forte (toxique, par exemple) afin que les prédateurs, qui ne repèrent pas la supercherie, aient trop peur de s’en approcher. Récemment, une nouvelle forme de mimétisme a été révélée. Des scientifiques répertorient les cas de ce qui est appelé le mimétisme interspécifique de dominance sociale (interspecific social dominance mimicry, ISDM) et ces oiseaux en sont le dernier exemple.

Trois types de pics, le Pic ouentou (C dans l’image d’entête), le pic robuste (B), et le pic casqué (A, l’intrus visuel) se ressemblent beaucoup. Ils vivent dans les mêmes zones. Ils mangent la même nourriture. Les biologistes considèrent naturellement qu’ils se sont développés comme des variations découlant d’un seul ancêtre commun. Mais un ornithologue, Mark Robbins de l’université du Kansas (Biodiversity Institute), a repéré un pic casqué dans un parc national et il a été surpris quand le volatil a lancé son cri qui ne ressemblait en rien aux cris des deux autres pics.

Quand lui et deux autres biologistes ont examiné les oiseaux, ils ont constaté que le pic casqué était, génétiquement parlant, l’intrus. Il était aussi le plus petit et le plus faible des trois espèces. Les scientifiques pensent que cet oiseau a évolué pour imiter les deux autres espèces non pas pour tromper les prédateurs, mais pour tromper les oiseaux.

En copiant l’apparence de grandes espèces de pics, socialement dominants, il réduit l’agression et les interférences concurrentielles qu’il reçoit de celles-ci et, en conséquence, a plus accès aux ressources alimentaires.

Pendant ce temps, il peut utiliser son appel pour se distinguer.

On sait relativement peu de choses sur l’écologie et l’histoire naturelle du Pic casqué, qui se trouve au Brésil, au Paraguay et en Argentine, mais il a connu des baisses marquées de sa population, en partie due à la déforestation. Cette nouvelle découverte pourrait le sauver de l’oubli.

L’étude publiée sur bioRxiv : Phylogenetic Relationships of the Helmeted Woodpecker.

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