Pluton présente une surprenante activité géologique et Charon a un nouveau portrait et Hydra est très pixélisée
Dur dur pour le Guru de pouvoir suivre toutes les merveilleuses découvertes de la sonde New Horizons sur Pluton et ses lunes. Dire qu’il reste encore 16 mois pour “télécharger” toutes les données recueillies lors de son survol… Alors que les premières données de Pluton sont réceptionnées sur terre, elles dépeignent une planète naine que nous n’avions pas vraiment imaginée ainsi.
Image d’entête : “Les vues de Pluton à travers les Années”. (NASA)
Les scientifiques sont surpris et déroutés de découvrir que Pluton est un monde géologiquement actif. Ils ont annoncé la présence de montagnes de glace et d’un actif “resurfaçage du terrain” à la première analyse détaillée de la surface de la planète naine. Au lieu d’être marquée par des cratères, la première image à la plus haute résolution de la surface de Pluton n’en présente aucun. Cela signifie qu’elle (la surface) est plutôt jeune, vraiment jeune, de 100 millions d’années tout au plus.
Les montagnes de glace de Pluton observées, culminant à 3300 m, sont situées sur le bord inférieur du Cœur emblématique de Pluton, une zone qui est maintenant appelée “Tombaugh Regio” d’après le découvreur de Pluton et “Regio” pour région en italien.
Cette image a été prise 1,5 heure avant que la sonde ne soit à sa plus proche approche de Pluton, à 770 000 kilomètres de sa surface (NASA-JHUAPL-SwRI)
Pour avoir une surface aussi jeune, Pluton doit être un monde actif avec des processus qui remettent régulièrement en surface du terrain autrefois enfoui. La grande question est: d’où cette énergie provient-elle ?
Des processus actifs sur des mondes glacés ont déjà été observés, mais ceux-ci avaient lieu sur de petites lunes rattachées à des géantes gazeuses. La théorie acceptée veut que la traction constante de ces mastodontes sur ces objets, dans une forme de massage gravitationnelle, les réchauffe par le biais de force de marées. Mais Pluton est tout seul dans l’espace et, alors que Charon est assez grande pour une lune, elle est loin d’être suffisamment massive pour créer le genre de chaleur nécessaire pour faire de Pluton un monde actif.
Nous ne savons pas vraiment ce qui s’y passe. Les seules options plausibles que nous avons jusqu’à présent sont que, soit Pluton a plus d’une source de chaleur interne, soit elle utilise la chaleur plus efficacement, ou elle a, en quelque sorte, piégé de la chaleur plus longuement qu’il ne pouvait être estimé.
Chaque corps céleste, dans notre système solaire, a un certain pourcentage de matières radioactives. Sur les plus grands mondes, cette matière est plus brute que sur les plus petits, ainsi elles sont plus longuement réchauffées par leur désintégration radioactive. Nous savons que la radioactivité est une source de chaleur importante pour l’intérieur de la Terre, alors qu’il est communément admis que Mars est assez petite pour être déjà à court de réchauffement interne.
Les scientifiques s’attendent à ce que Pluton et Charon aient des proportions normales de matières radioactives. Mais peut-être qu’elles étaient au préalable plus chaudes avec, pour une raison inconnue, une proportion plus élevée de matières radioactives ? C’est ce que tenteront de déterminer les chercheurs.
Ou, peut-être que Pluton a une quantité normale de matières radioactives, mais qu’elle conserve mieux la chaleur. Peut-être que les petits corps glacés réagissent différemment des grands mondes rocheux. Il se pourrait que peu de chaleur soit nécessaire pour conduire à des processus de surface quand vous avez des montagnes de glace de 3 300 mètres de haut. Si oui, l’activité thermodynamique est beaucoup, beaucoup plus efficace et de nouvelles théories sur les processus de création de reliefs sur des mondes glacés pourraient voir le jour.
Enfin, Pluton pourrait conserver sa chaleur grâce à sa glace qui pourrait agir comme une couverture thermique avec un intérieur liquide stockant la chaleur, mais se congelant lentement au fil du temps. Si c’est le cas, il faudra revoir les idées formulées sur Pluton et toutes les autres lunes glacées de notre système solaire.
La lune Charon dans toute sa splendeur
La sonde New Horizons a également renvoyé la première image détaillée de Charon. La plus grande lune de Pluton a une grande région polaire sombre, baptisée “Mordor” (vous retrouverez la référence) avec une série de “creux” et de “falaises” s’étendant sur 9 km à travers la surface.
(NASA-JHUAPL-SwRI)
L’image colorisée présente également une région plus lisse, coupant du nord-est au sud-ouest, qui pourrait avoir été remodelée par une activité géologique récente. Elle présente également un canyon faisant de 6 à 10 km de profondeur.
Hydra Pixellisée
La Nasa a également révélé la première image d’Hydra, avec 1 pixel représentant 3 km, et qui pourrait ainsi mesurer environ 45 km sur 30. Cette lune plutonienne est décrite comme « un objet allongé ». Sa surface est probablement constituée de glace d’eau.
(NASA-JHUAPL-SwRI)
Sur le site de la NASA : From Mountains to Moons: Multiple Discoveries from NASA’s New Horizons Pluto Mission et Charon’s Surprising, Youthful and Varied Terrain et Hydra Emerges from the Shadows.
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