La première interrogation de la biologiste Johanna Rode-Margono, de l’université anglaise Oxford Brookes, lors de sa première rencontre avec un Microcèbe géant du Nord, fut de se demander comment il pouvait se déplacer avec une aussi grosse paire de testicules.
Ce lémurien, de la taille d’un écureuil, a les plus grosses gonades du monde des primates (par rapport à leur masse corporelle) et selon Rode-Margono, rapportées à l’humain, cela donnerait deux beaux pamplemousses.
Cette espèce a été découverte en 2005, dans la foret de Ankarafa à Madagascar et afin d’en apprendre plus sur son mode de vie, la biologiste et son équipe ont disposé des appâts à la banane afin de capturer les petits lémuriens et leur poser un collier émetteur. Ils voulaient savoir comment évoluait la taille de leur corps et de leurs testicules au fil des saisons.
Image d’entête, les grandes testicules du Microcèbe géant du Nord ou Mirza zaza (Johanna Rode-Margono) et ci-dessous, ses grands yeux Melanie Seiler)
Celles-ci n’ont pas changées, alors qu’habituellement, chez les autres espèces de lémuriens, elles grossissent, gorgées de sperme, durant une période bien définie des amours.
L’énormité immuable des testicules du microcèbe géant du nord suggère qu’ils s’accouplent quand et où ils peuvent et avec le maximum de femelles.
Pour Rode-Margono :
L’abondance de nourriture pourrait être ce qui permet à cette espèce d’éviter l’accouplement saisonnier. Le climat unique dans la région de Sahamalaza, qui se trouve entre les forêts à feuilles persistantes au nord et les forêts à feuilles caduques sèches dans le sud, permet à de nombreux arbres de garder leurs feuilles toute l’année, ce qui signifie que la disponibilité des aliments ne limite pas l’activité sexuelle.
Outre le caractère amusant de cette particularité physique, ces lémuriens et leur proche parent pourraient rapidement disparaitre en étant considérés (les lémuriens) comme l’un des groupes de vertébrés les plus menacés dans le monde, avec plus de 90 % des espèces de lémuriens estimées comme étant menacées d’extinction. Leur habitat forestier, dont il ne leur reste que 10 %, se rétrécit rapidement en raison de pratiques agricoles et l’exploitation forestière illégale.
Selon Rode-Margono :
Ces grands testicules sont peut-être seulement un fait amusant pour certaines personnes, mais pour nous, cela signifie aussi que nous arrivons à capter l’attention de personnes intéressées par la conservation de ces primates fascinants et insolites.
L’étude publiée dans The American Journal of Physical Anthropology ; The largest relative testis size among primates and aseasonal reproduction in a nocturnal lemur, Mirza zaza et présentée sur le site de l’université Research discovers true meaning behind the name ‘Giant’ Mouse Lemur.
