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lampris-lune

La plupart des poissons ont des températures corporelles qui correspondent à l’eau environnante. Un petit nombre d’entre eux peuvent réchauffer des parties spécifiques de leur corps. L’espadon, le marlin et l’espadon-voilier chauffent temporairement leurs yeux et leur cerveau afin d’aiguiser leur vision lors de la poursuite de proies. Le thon et certains requins, comme le mako et le grand blanc, peuvent faire la même chose avec leurs muscles, pour passer en mode turbo quand ils en ont besoin. Mais aucun de ces animaux ne peut entièrement chauffer leurs corps. Leur cœur et d’autres organes vitaux restent à température ambiante. Ainsi, alors qu’ils peuvent chasser en eaux profondes et froides, ils doivent régulièrement remonter à la surface pour réchauffer leurs entrailles. L’Opah (ou lampris-lune ou saumon des dieux) n’a pas ce genre de problème. Il conserve une température corporelle à environ 5 °C de plus que son environnement.

Selon une récente découverte, il est ainsi le premier poisson connu à avoir le sang chaud. Il le réchauffe à l’aide d’un mouvement de battement avec ses nageoires pectorales et maintient la chaleur qu’il génère avec "une série d’échangeurs de chaleur au sein de ses branchies". Le poisson se trouve habituellement dans les eaux profondes de la mer autour de l’Afrique de l’Ouest et d’Hawaï.

Selon son étude, qui a été publiée cette semaine (lien plus bas), le sang chaud du poisson  est pompé tout le long de son corps, y compris son cœur, ce qui devrait lui offrir "une amélioration des performances physiologiques et protéger la fonction des organes internes."

La découverte a commencé quand un membre de l’équipe scientifique du chercheur Nick Wegner (en image ci-dessous), de la NOAA, a attrapé un Opah et ils ont profité de l’opportunité pour étudier ce poisson peu connu.

Nick-Wegner-NOAA-Opah

Alors que Wegner disséquait l’animal, il remarqua immédiatement  que ses branchies contenaient un enchevêtrement complexe de vaisseaux sanguins rouges et bleus.

Tous les muscles produisent de la chaleur quand ils se contractent, mais, chez la plupart des poissons, cette chaleur est presque immédiatement perdue dans l’environnement, à travers la peau ou les branchies. Ces derniers sont particulièrement problématiques, le sang qui y coule est très proche de l’eau de mer.

Chez l’opah, ce sont ses branchies qui font toute la différence. Les vaisseaux sanguins transportant le sang chaud du cœur aux branchies sont à côté de ceux transportant le sang froid des branchies vers le reste du corps. Cela permet à ses énormes muscles pectoraux, qui génèrent le plus de chaleur, de réchauffer en permanence le reste de son corps. Il conserve également la chaleur à l’aide d’épaisses couches de graisse, qui isolent le coeur des branchies, et les muscles pectoraux de l’eau environnante.

L’équipe de Wegner a confirmé cela en implantant de petits thermomètres dans des Opah vivants qui ont été relâchés. Les instruments ont enregistré des températures toujours plus élevées que celles de l’eau environnante. Le cerveau de l’OPAH est chaud, ses muscles sont chauds et, plus important encore, son cœur est chaud, une première pour un poisson. Pas même un grand requin blanc a le cœur chaud. Voilà pourquoi les saumons des dieux peuvent rester en profondeur, conclut Wegner.

L’étude publiée dans Science : Whole-body endothermy in a mesopelagic fish, the opah, Lampris guttatus.

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