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Message Arecibo

Voici un sujet qui a engendré bon nombre d’histoires de science-fiction et une variété de résultats imaginaires. Bien que personne ne sait ce qui arrivera si nous rencontrons une vie intelligente extraterrestre, les scientifiques sont divisés sur la façon dont nous devrions procéder.

Le SETI écoute le ciel à la recherche de signaux d’une hypothétique d’intelligence extraterrestre depuis de nombreuses années, sans résultats positifs. Bien sûr, il y a eu des signaux intéressants, mais rien indiquant spécifiquement une intelligence.

Des scientifiques du SETI alimentent un débat qui fait rage depuis plusieurs années, à savoir si nous devrions commencer à transmettre activement des messages dans l’espace plutôt que de continuer à balayer passivement le ciel, tout en laissant fuir un faible rayonnement (ondes radio) de nos activités sur la surface de la planète.

Dans une conférence de presse lors de la réunion annuelle de l’American Association for the Advancement of Science à San Jose ce mois-ci, Douglas Vakoch a soumis la question et a déclaré que de commencer à transmettre dans un “mode actif dirigé” ferait partie du développement de l’humanité.

Le chercheur et vulgarisateur scientifique, Seth Shostak, est de son côté. Avec éloquence, il a énuméré les raisons qui nous incombent de mettre des ressources à la disposition d’une recherche active de la vie intelligente en dehors de notre système solaire. Le principal argument étant que nous laissons déjà fuir des ondes radio planétaires dans l’univers et que cela a probablement suffi à alerter toute civilisation raisonnablement avancée de notre présence, alors pourquoi ne pas commencer à bavarder sérieusement ? On a déjà eu plusieurs tentatives de communication actives par les humains (image d’entête : le message d’Arecibo), mais pas sur une base répétée. En outre, le fait de limiter notre production de radiofréquence sera un fardeau pour le développement technologique et culturel que les générations futures ne devraient pas avoir à supporter.

David Brin, auteur de science-fiction et physicien, a répliqué que nous n’avons aucune idée de ce qui se trouve là-bas ou qu’elles sont leurs motivations. Nous ne sommes certainement pas invisibles pour ceux qui cherchent des signaux de vie dans l’univers, mais nous ne voulons pas aller chercher les ennuis. Il a souligné que cette discussion, d’envoyer des messages à une intelligence extra-terrestre, METI (Messages to Extra-Terrestrial Intelligence) par opposition à SETI (Search for Extra-Terrestrial Intelligence) devrait être considéré par toute de l’humanité, car le résultat aura des effets mondiaux.

Brin se demande également si l’altruisme, une stratégie comportementale par laquelle des organismes font de belles choses pour les autres sans penser à eux-mêmes, est réellement répandu dans la nature. Combien de fois a-t-il évolué devrait être une préoccupation, car il pourrait probablement faire parti du développement culturel des ET. Si l’altruisme est une rareté, Brin spécule que le concept du commerce de valeur égale serait plus universellement compris. Dans un futur scénario, où nous aurions besoin de commercer avec des extraterrestres, l’information sera notre atout le plus précieux, et devrait être gardé et valorisé en tant que telle.

Un autre argument, contre l’activation d’un programme METI, implique les considérations existentielles du risque, comme la protection planétaire, et David Grinspoon, astrobiologiste, a détaillé la préoccupation de la contamination. Nous existons dans un monde microbien que nous commençons seulement à décrire et encore moins à comprendre. Il y a une forte probabilité que les ET portent des microbes de toutes sortes qui seraient complètement étrangers et dévastateurs pour nos défenses immunitaires. Il en va de même pour l’effet de notre microbiote sur les ET que nous pourrions rencontrer.

Mais tous ces arguments, pour ou contre, sont complètement sans objet à la lumière des considérations économiques. Il a été calculé, au minima, que pour envoyer des signaux répétés ou continus à un petit nombre d’étoiles proches, en utilisant la technologie actuelle, il en couterait de l’ordre de 640 $ (560 euros) par an. Mais, d’élargir cette recherche exigerait la construction de nouvelles technologies, pour ne pas mentionner un immense cout énergétique.

Frank Drake, de l’équation de Drake, a déclaré que, malgré les nombreux avantages potentiels à prendre contact avec une forme de vie avancé, "il serait stupide d’envoyer des messages maintenant.” Pour commencer, nous ne pourrons bénéficier d’un tel projet pas avant 50 à 100 ans. Donc, ce serait un gaspillage de ressources à ce point dans le temps. Le temps, l’argent et l’énergie seraient bien mieux dépensés dans la recherche. Selon Drake, nous devrions concentrer nos ressources sur l’exploration et l’utilisation de notre propre système solaire, car "une espèce intelligente ne voyagerait pas entre les étoiles." Pourquoi ? Car les déplacements entre les étoiles ont un coût prohibitif. Il a poursuivi en disant qu’un vol spatial de 100 ans à destination d’une étoile à proximité, à un dixième de la vitesse de la lumière (le plus rapide tolérable pour le corps humain), couterait l’équivalent de la pleine production de puissance des États-Unis pendant 200 ans, sans compter la puissance nécessaire pour s’arrêter ou atterrir. Seules les civilisations les plus avancées auront dépassé leurs propres systèmes solaires.

Pour l’instant, il est apparemment moins cher de rester à la maison et d’écouter.

Pour aller un peu plus loin, vous pouvez consulter les articles du Guru sur le sujet :

A partir du SETI : SETI Institute scientists call for transmissions to ET at major science convention et de la revue Science : Researchers call for interstellar messages to alien civilizations.

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