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Macaque-test-miroir

Quand, après des semaines de formation, des macaques rhésus ont appris à quoi servaient un miroir et ainsi la véritable identité de leurs reflets, l’une des premières choses qu’ils ont faites fut d’observer avec minutie toutes les parties de leur corps qu’ils n’avaient jamais vu auparavant et cela comprend, bien évidemment, les recoins les plus intimes.

Les macaques rhésus n’ont jamais prouvé qu’ils pouvaient se reconnaitre dans un miroir. Cependant, des chercheurs ont montré que, grâce à un peu d’entrainement, ils pourraient favoriser un certain sens de la conscience de soi chez ces primates. Et cela pourrait nous en apprendre davantage sur la façon dont le cerveau des humains et d’autres primates permet de se reconnaitre dans un miroir.

Photo d’entête, tirée de l’étude via Nature (Neng Gong)

De nombreuses créatures du règne animal ont conscience de leurs propres réflexions. Les humains dès l’âge de 2 ans, tout comme les dauphins, les grands singes et les éléphants, pour n’en nommer que quelques-uns. Nous savons que les macaques n’y parviennent pas parce qu’ils échouent au test habituel pour la reconnaissance de soi, appelé le test du miroir ou test standard de marquage. Les chercheurs placent un repère inodore et coloré  sur le visage d’un animal,  ou un pointeur de laser sur un endroit particulier de leur corps. Si, tout en regardant dans le miroir, l’animal touche sa face ou frotte la marque, il réussit le test.

Certains animaux, comme les pigeons, échouent à ce test au début, mais ils peuvent apprendre à reconnaitre leur réflexion avec beaucoup de conditionnement. Sachant cela, les chercheurs se demandèrent si les macaques rhésus feraient de même. Alors, ils ont réuni sept singes et ont commencé à les entrainemer. Ils ont assis chaque singe dans un fauteuil face à un miroir. Ensuite, ils ont fait briller un point rouge d’un laser qui causait une légère irritation de la peau sur la face de chaque singe. Chaque fois qu’un singe grattait le point rouge, ils recevaient une friandise. Alors que leur formation avançait, les singes ont tripoté des points laser non irritant pour finalement essayer de se débarrasser d’une marque de colorant rouge inodore sur leurs visages alors qu’ils se regardaient dans le miroir.

Après avoir reçu leur formation, les singes étaient prêts pour leur test final : le test du miroir. Les chercheurs ont fait briller un pointeur laser sur différentes parties du corps des singes alors qu’ils étaient dans leurs propres cages qui avaient été parées de miroirs du sol au plafond. Quand les singes entrainés ont regardé dans le miroir, ils se frottaient la marque, passant le test pour la première fois. Les singes non formés, d’autre part, n’ont pas reconnu le pointeur laser quand ils ont regardé dans le miroir.

Pour prouver que les nouvelles connaissances des singes n’étaient pas juste une réponse conditionnée (tripoter leurs propres visages quand ils voyaient le visage d’un singe avec une marque), les chercheurs les ont placés dans une cage avec un singe non formé et marqué. Plutôt que de toucher leurs propres visages, les singes entrainés ont frotté et léché la marque de leurs homologues non formés. Ainsi, les singes qui ont été formés ne se frottent pas leurs visages à la vue d’une d’une marque rouge placée sur un congénère.

Et qu’est-ce qu’on fait ces singes avec leur nouvelle  conscience de soi ? Et bien, ils en profitèrent pour regarder leurs organes génitaux. Sans aucune contrainte, les chercheurs ont vue les macaques se contorsionner et écarter leurs jambes devant le miroir pour obtenir un meilleur pont de vu des parties inédites de leur corps.

Exemple, vidéo tirée de l’étude, d’un macaque formé à se reconnaitre dans un miroir qui en profite pour jeter un coup d’œil à ses parties :

Cependant, les chercheurs précisent que leur étude est loin d’être qu’une affaire de singes. Étudier la façon dont les cerveaux des singes changent au cours de leur formation au test du miroir pourrait guider les chercheurs vers les origines neuronales de la reconnaissance de soi. Bien que les humains peuvent le faire automatiquement, cette compétence est altérée chez les personnes ayant une déficience mentale, comme l’autisme ou la maladie d’Alzheimer. Savoir comment les singes acquièrent cette compétence pourrait, peut-être, aider les personnes avec ces maladies à leur réapprendre ainsi.

Les chercheurs ont publié leurs résultats cette semaine dans la revue Current Biology : Mirror-Induced Self-Directed Behaviors in Rhesus Monkeys after Visual-Somatosensory Training et photo d’entête et description de l’étude dans Nature : Monkeys seem to recognize their reflections

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