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Eleftheria terrae

Des scientifiques ont trouvé dans le sol une nouvelle classe d’antibiotiques qui semblent arrêter les infections de microbes résistants aux médicaments.

A  une époque où les autorités mondiales de la santé mettent en garde contre les dangers d’espèces microbiennes de plus en plus résistante aux médicaments, c’est plutôt une bonne nouvelle. L’Organisation Mondiale de la Santé, par exemple, parle d’une "ère post-antibiotique, dans laquelle les infections courantes et les blessures mineures, qui ont pu être traitées pendant des décennies, peuvent à nouveau tuer."

La découverte du médicament, appelé teixobactin, fait suite à l’examen de 10 000 composés produits par des bactéries vivant dans le sol qui n’avaient jamais été mis en culture. Dans leur étude, l’équipe écrit que le médicament fonctionne en perturbant la construction des parois cellulaires bactériennes. Ils ont été agréablement surpris de constater que le médicament ne semblait pas être arrêté par des souches bactériennes qui avaient évolué la capacité de survivre aux antibiotiques.

Selon le coauteur de l’étude, Kim Lewis, de l’université Northeastern (États-Unis) :

Dès le début, nous avons vu qu’il n’y avait pas de développement de résistance à la teixobactin. C’était, bien sûr, une caractéristique inhabituelle et intrigante du composé.

Tanja Schneider, microbiologiste à l’université de Bonn en Allemagne et coauteur de l’étude, indique que la teixobactin agit contre les bactéries comme celles qui causent la tuberculose résistante aux médicaments et potentiellement mortelle et certaines infections à staphylocoques, en trouvant une nouvelle cible dans ces cellules.

Selon Schneider :

Nous avons constaté que la teixobactin cible la biosynthèse de la paroi cellulaire de la bactérie. La Teixobactin se lie spécifiquement aux blocs de construction de celle-ci.

Au lieu d’attaquer les protéines, que les bactéries peuvent facilement modifier, le médicament s’en prend aux lipides qui constituent la paroi cellulaire et ceux-ci ne sont pas aussi aisément modifiable. Cette différence signifie que le médicament ne trouvera pas une résistance “accumulée” par les bactéries au fil du temps.

La découverte, qui a montré de bons résultats dans le traitement d’infections bactériennes pulmonaires et sanguines résistantes aux antibiotiques chez les animaux, a encore beaucoup de chemin à parcourir avant qu’elle puisse être prescrite aux patients. Les chercheurs pourraient commencer des essais cliniques humains dans deux ans, si tout va bien.

Cependant, en raison de la source bactérienne spécifique du médicament, il ne peut traiter les infections engendrées par certains types de bactéries. En fait, l’antibiotique a été isolé d’une bactérie à Gram négatif appelé Eleftheria terrae (en image d’entête) et il ne peut tuer les bactéries à Gram positif comme celles qui causent des infections à staphylocoques et streptocoques, il ne serait donc pas approprié pour traiter les infections causées par l’E. coli, Klebsiella ou d’autres bactéries à Gram négatifs.

Il pourrait y avoir d’autres découvertes réalisées en suivant les procédés qui ont permis de trouver la teixobactin. La méthode développée par l’équipe pour analyser les bactéries devrait aider à la recherche de nouveaux composés antimicrobiens. Près de 99 % des espèces bactériennes vivant à l’état sauvage n’ont pas encore été étudié pour les composés chimiques qu’elles produisent.

L’étude publiée dans Nature : A new antibiotic kills pathogens without detectable resistance.

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