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Phaethornis superciliosus

Pesant à peine 5 gr, l’Ermite à long bec ne semble pas être une menace. Mais les colibris ont ce que le biologiste Alejandro Rico-Guevara (université du Connecticut) appelle un “caractère extrêmement combattif." Ces petits oiseaux sont de féroces combattants et quand les mâles solitaires se réunissent pour attirer les femelles avec leur chant et rentre en compétition pour avoir la chance de s’accoupler, souvent éclate des échauffourées. Un mâle se rapprochera d’un autre et essayera de le chasser de son perchoir, puis les deux se tourneront autour et essayeront de se monter dessus tout en balançant leurs têtes et en claquant leurs becs. Comme la confrontation dégénère, Rico-Guevara a vu les oiseaux tentés de se poignarder dans la gorge avec leur bec, les utilisant comme des petits poignards.

C’est le bec qui distingue les mâles des femelles de cette espèce. Ils ont l’air très similaires, sauf que les femelles et les jeunes ont un bec supérieur et inférieur, tandis que les mâles adultes ont une “supraclusion” distincte (recouvrement vertical) et la partie supérieure de leur bec se termine en une pointe acérée, en forme d’aiguille (image d’entête de Jean-Pierre Policard – GEPOG). Chez d’autres espèces de colibris, où se rencontre une telle différence, celle-ci est généralement expliquée par leurs habitudes alimentaires. Les deux sexes se nourrissent de plantes différentes pour limiter la concurrence pour la nourriture et leurs becs sont adaptés à leurs différents menus. Mais les mâles et femelles Ermites à long bec s’alimentent des mêmes plantes et après avoir vu les mâles s’affronter à coup de bec, Rico-Guevara se demanda si la pointe de leurs armes avait évolué pour le combat à la place de l’alimentation.

Pour le savoir, Alejandro et le biologiste Marcelo Araya-Salas ont étudié les oiseaux pendant quatre saisons de reproduction au Costa Rica. Ils ont comparé la taille et la forme des becs masculins et féminins, ils ont suivi le développement du bec chez les mâles alors qu’ils grandissaient, ils ont testé leur capacité de perforation et ils ont observé les mâles s’affronter entre eux pour pouvoir profiter des faveurs d’une femelle.

Vous pouvez voir les colibris s’affronter dans cette vidéo des chercheurs :

Les chercheurs ont confirmé que seuls les mâles avaient un bec supérieur plus long, plus pointu et qu’ils l’ont développé que lors de la transition à l’âge adulte, une fois prêts à s’accoupler et à rentrer en en concurrence avec les autres. Les becs des mâles adultes ont également pu perforer une feuille de plastique plus facilement que les femelles ou les becs de jeunes colibris et, dans les combats, les mâles adultes avec les becs les plus proéminents et pointus étaient mieux en mesure de défendre leur territoire et d’accéder plus aisément aux femelles afin de s’accoupler.

Ainsi, pour Rico-Guevara, tous ces éléments viennent confirmer la théorie de l’évolution du bec à pointe en tant qu’arme pour le combat entre mâles et cela en fait le "la première arme sexuellement dimorphe, documentée chez les colibris."

L’étude publiée dans la revue Behavorial Ecology : Bills as daggers? A test for sexually dimorphic weapons in a lekking hummingbird.

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