Les astrobiologistes aiment à débattre des différents paramètres nécessaires à l’habitabilité planétaire, mais il y a une chose sur laquelle ils ont tendance à s’entendre, c’est que l’eau doit être présente. Une nouvelle théorie renverse cette hypothèse en suggérant que la vie extraterrestre pourrait, à la place, prospérer à partir “de dioxyde de carbone supercritique".
Lorsque les chimistes parlent de fluides supercritiques (FSC), ils décrivent des fluides qui ont dépassé leurs seuils de température et de pression. Une fois que vous avez passé ce "point critique", les liquides et les gaz ne peuvent coexister. En effet, la matière peut être poussée à des températures et des pressions au point où il est impossible de distinguer si elle est un liquide ou un gaz. Ainsi, les FSC ne possèdent pas de phase définie. En raison de leurs propriétés uniques, ils peuvent dissoudre des matières comme un liquide, mais se déplacer comme un gaz.
Le dioxyde de carbone devient supercritique lorsque sa température dépasse 31,1 °C et 74 bars, le genre de pression que vous pouvez trouver à 800 m en dessous de la surface de l’océan. Le CO2 supercritique est utilisé pour un certain nombre de choses, comme la décaféination des grains de café de et même dans le nettoyage sec. Mais si les astrobiologistes Nediljko Budisa et Dirk Schulze-Makuch de l’université de Berlin ont raison, le CO2 supercritique pourrait être capable d’agir comme un solvant permettant la survie dans un environnement planétaire.
Les chercheurs ont noté que les enzymes pourraient être plus stables dans le dioxyde de carbone supercritique que dans l’eau. En outre, le dioxyde de carbone supercritique rendent les d’enzymes plus spécifiques aux molécules auxquelles elles se lient, conduisant à moins de réactions secondaires inutiles.
De manière surprenante, un certain nombre d’espèces de bactéries sont tolérantes au dioxyde de carbone supercritique. Des recherches antérieures ont trouvé que plusieurs espèces microbiennes et leurs différentes enzymes sont actives dans le fluide.
Encore plus fascinant, la pression atmosphérique de Vénus est environ 90 fois supérieure à celle de la Terre, avec une température moyenne de 467 °C, environ 97% de son atmosphère est composé de dioxyde de carbone. Il est possible, par conséquent, que l’atmosphère de Vénus soit un FSC. Et en effet, les chercheurs pensent que des restes organiques de la vie peuvent encore être conservés dans un tel fluide.
D’autres possibilités incluent des super-Terres, des planètes avec 10 fois ou plus la masse de notre planète (en image d’entête, représentation artistique de la super-Terre GJ 1214b aux épaisses couvertures nuageuses). Ces exoplanètes auraient une attraction gravitationnelle plus forte, ce qui entraine des pressions atmosphériques élevées et par conséquent, des fluides supercritiques.
L’étude publiée dans la revue Life : Supercritical Carbon Dioxide and Its Potential as a Life-Sustaining Solvent in a Planetary Environment.
Perso, je me suis toujours demandé pourquoi les scientifiques étaient tous persuadés qu’il fallait de l’eau pour que la vie se développe !
Rien ne nous prouve que dans l’univers, il n’existerait pas d’autres « matières » qui permettraient la vie ! Peut être que certains organismes vivants n’ont tout simplement pas besoin d’eau pour vivre.
J’ai toujours trouvé étrange de se baser sur ce que nous connaissons pour imaginer / chercher ce qui pourrait y avoir ailleurs !
Un peu comme pour les planètes et cette fameuse « zone habitable » ! Rien ne nous indique que certains organismes n’ont pas besoin de plus ou de moins de soleil que nous pour vivre !
« Des recherches antérieures ont trouvé que plusieurs espèces microbiennes et leurs différentes enzymes sont actives dans le fluide » A ce moment de ma lecture j’ai vérifié deux fois que je n’étais pas en train de lire un article écrit aux environs d’un premier avril… Incroyable ! Mais semble-t-il vrai : en parcourant l’article source (libre d’accès) et les abstracts des articles référencés (le reste étant payant), il ressort que si c’est une blague, c’est un complot planétaire… Certaines bactéries gardent une certaine activité métabolique même dans du scCO2 !!!
Par contre, pour autant que j’aie compris, il ne semble pas qu’elles aillent jusqu’à se répliquer ; encore que cela soit peut-être encore mal étudié.
Y a-t-il plus dingue comme projet de recherche que de tenter d’identifier des bactéries se reproduisant dans du CO2 supercritique, ou tenter de faire évoluer des bactéries tolérantes jusqu’à ce qu’elles y arrivent ? Et pourtant, maintenant j’espère que quelqu’un va s’y coller !
Mais l’article de Life ne va pas jusque là : il se contente de spéculer en conclusion que des traces de matière organique auraient pu être simplement conservées dans le scCO2, et témoigner qu’il y a eu de la vie sur Vénus aux débuts du système solaire.
C’est aussi ce que je me suis souvent dit, difficile en effet d’imaginer une forme de vie tellement et radicalement différente de la notre qu’elle passerait inaperçue depuis des siècles.
de plus il faut pouvoir s’en rendre compte et la, c’est lune autre paire de manches.
Dans le même genre d’idées, c’est comme se demander si un demodex a conscience que la surface qui l’abrite est un être vivant.
tiens ?? ou est passé mon commentaire ?
erf, je m’embrouille tout seul, c’est revenu…
A mon avis le scCO2 pourrait conserver de la matière organique comme il est dit dans l’article source mais il est impossible qu’elle puisse remplacer l’eau des cellules. L’eau est un solvant très spécial vu qu’il est protique et amphotère alors que le scCO2 est totalement inerte.
Certaines enzymes sont actives dans le scCO2 mais la plupart ont besoin d’eau pour fonctionner. Les cellules ont besoin d’une espèce chimique à faible niveau d’activation thermodynamique pour qu’elles puissent facilement initier une réaction et la réaction inverse.