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lettuce shark

Beaucoup de chenilles profitent (merci l’évolution) d’une combinaison de venin et de couleurs vives pour avertir les prédateurs potentiels : “si vous pouvez me voir, vous ne voudrez pas me manger”. Mais les naïfs oisillons, les jeunes volatiles qui ne connaissent pas encore les règles de mère Nature, n’en tiennent pas compte et c’est ainsi que d’autres larves empruntent une stratégie opposée, revêtant une tenue de camouflage et délaissant la piqûre toxique en fonction du moment.

Selon une étude publiée cette semaine, les jeunes oiseaux qui viennent de quitter leur nid ne connaissent pas encore les couleurs qui annoncent une proie nuisible. Cette naïveté aviaire aurait motivé l’évolution de chenille, poussant les larves qui émergent pendant la saison des premiers oisillons à opter pour le camouflage plutôt que d’investir dans la production de toxines.

En image d’entête (Cucullia lactucae) et ci-dessous (Hypomecis roboraria) deux espèces de chenilles citées dans l’étude qui empruntent une stratégie de défense bien différente, en fonction du moment.
Hypomecis_roboraria1

Des chercheurs finlandais et australiens sont arrivés à cette conclusion après avoir effectué quelques expériences. Ils ont placé plus de 1200 fausses larves qui avait trois modèles de couleur : noir, noir avec quelque couleur ou noir avec un point orange vif, autour de la Finlande-Centrale. La coloration des fausses larves représentait certaines chenilles naturelles de la région. L’équipe a placé chaque type de larves sur des tiges, des feuilles et des branches, donnant aux oiseaux qui s’en approchaient, le choix entre les trois couleurs.

Chacune des larves était attachée à un fil, afin que l’équipe puisse faire la différence entre celles qui avaient été picotées de celles déplacées. Les becs d’oiseaux ont tendance à laisser des traces. Puis ils ont suivi ce qui arrivait à leurs larves de mai à août, pour inclure la saison de nidification des oiseaux locaux, avec une marge de temps avant et après.

Chenille Hemileuca maia :

(Hemileuca maia

L’équipe a constaté que la survie des larves dépendait beaucoup de la maturité des oiseaux. Dans un premier temps, davantage de larves noires ont été choisies, lors des semaines où maman et papa oiseaux vont chercher de la nourriture pour leurs petits. Mais une fois que les oisillons ont quitté le nids, un nombre disproportionné des fausses larves ultras visibles et semi-visible ont été délogés de leurs tiges ou trouvés mutilés. Les auteurs ont également échantillonné 688 vrais papillons et des larves de mites dans la région au cours de la même période étudiée.

Ils ont trouvé que les chenilles visibles étaient extrêmement rares, représentant moins de 5 % de toutes les larves. Mais celles qui avaient évolué pour être sombre, camouflé, émergeaient soit avant que les oisillons aient quitté le nid ou après avoir grandi pour devenir des adultes avertis. Les larves de type intermédiaire, qui avaient quelques légers points lumineux, ont comblé ces deux périodes de sorte que, globalement :

Les larves sont apparues selon un gradient passant de brillant à terne pour redevenir brillant.

L’équipe soupçonne que les jeunes oiseaux picorent “bêtement” tout ce qui trouve sur leur chemin même si cela peut finir par leur donner une douloureuse leçon. Cependant, les oiseaux ont habituellement le dernier mot. Alors qu’avoir le bec plein d’épines n’est jamais amusant, pour les chenilles, le simple fait de se faire picoter signifie la fin.

Les auteurs écrivent que ces résultats :

Révèlent l’intéressante possibilités d’un jeu évolutif entre plusieurs espèces, où les espèces apparaissant plus tard exploitent essentiellement l’effort d’éducation par les espèces précédentes.

L’étude publiéei dans la revue Nature Communications : Seasonal changes in predator community switch the direction of selection for prey defences.

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