Que les ouistitis aient la capacité d’apprendre de leurs congénères n’est pas très surprenants. Ce qui est un peu plus impressionnant, c’est qu’ils peuvent apprendre de ouistitis inconnus, qu’ils n’ont pas rencontrés avant. Mais ce qui est vraiment étonnant, c’est qu’ils peuvent apprendre de vidéos pédagogiques.
Tina Gunhold, une biologiste cognitive à l’université de Vienne (Autriche) et ses collaborateurs ont d’abord entrainé deux ouistitis capturés à récupérer une banane, enfermée dans une boîte, de deux manières différentes : soit en basculant un couvercle ou en tirant un tiroir. Durant cette phase, les chercheurs ont filmé les deux singes une fois qu’ils avaient acquis le comportement adéquat (pour l’ouverture de la boite) afin qu’ils puissent servir d’instructeurs involontaires. L’équipe a ensuite placé le même type de boîte sur une branche d’arbre dans la forêt, avec un écran d’ordinateur sur lequel ils ont diffusé l’une des deux vidéos pédagogiques. Douze groupes de ouistitis, 108 animaux en tout, ont regardé la vidéo.
(Vidéo tirée de l’étude via Nature)
Six sur les 12 groupes n’ont vu qu’une image fixe d’une femelle Ouistiti ouvrant le tiroir ou un Ouistiti mâle poussant vers le haut le couvercle de la boîte. Les six autres groupes ont pu profiter d’une vidéo de 5 minutes des ouistitis faisant la même chose.
La vidéo présente une double problématique, non seulement le Ouistiti dans le film était un intrus, mais la vidéo elle-même était probablement étrange, comme les ouistitis n’en avaient jamais vu auparavant. Même les jeunes enfants humains, ont besoin de temps et d’expérience avec des vidéos et des images 2D pour apprendre à savoir les interpréter et les comprendre.
Au final, 13% soit douze animaux ont réussi à ouvrir la boîte, mais 11 d’entre eux ont appris à le faire en regardant la vidéo.
Les résultats de l’équipe suggèrent que certains animaux sauvages sont capables d’être formés par vidéo, une découverte qui pourrait avoir un impact sur la gestion de la faune sauvage, bien que davantage de recherches devront être effectuées pour voir si d’autres animaux peuvent apprendre de la même façon. Ce qui reste un mystère est ce qui se passe dans l’esprit des petits singes alors qu’ils regardent la vidéo, il est évident que les ouistitis déjà formés ne sont pas vraiment là, dans l’arbre, avec eux. Les ouistitis sont très territoriaux, ils réagissent fermement face à un étranger, comment peuvent-ils concilier ce qu’ils voient avec la réalité et en tirer des leçons ? Ceci devra faire l’objet d’autres études.
L’étude publiée dans Biology Letters : Video demonstrations seed alternative problem-solving techniques in wild common marmosets.
