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Depuis des générations, les parents et les enseignants se sont tournés vers les fables afin d’inspirer le comportement moral des enfants. Certaines des histoires les plus populaires enseignent l’importance de dire la vérité. Une étude récente, cependant, estime que les fables qui punissent le personnage principal d’avoir menti sont moins efficaces que celles qui récompensent l’honnêteté.

Un groupe de pédopsychiatre a mis en place une expérience simple en utilisant trois histoires racontées pour promouvoir l’honnêteté chez les enfants : "Pinocchio", "Le garçon qui criait au loup" et "George Washington et le cerisier"*.

* La légende veut que le petit G. Washington ait coupé, par erreur, un jeune cerisier appartenant à son père et au lieu de cacher la vérité, il l’avoua. Face à ces aveux, son père le pardonna (l’équivalent de faute avouée, à moitié pardonnée, voir récompensée) 

Ces histoires ont été choisies parce qu’elles tentent d’inspirer l’honnêteté de différente manière. Dans "Pinocchio", le mensonge entraine immédiatement des conséquences négatives : quand il ment, son nez s’allonge. Dans "Le garçon qui criait au loup” le mensonge a de graves conséquences ; le petit berger ment si souvent, en racontant être attaqué par un loup, que quand un loup apparait vraiment, personne ne le croit et lui et ses moutons sont dévorés. En revanche, "George Washington et le cerisier" souligne les conséquences positives de l’honnêteté. Lorsque George dit à son père la vérité sur l’abattage de l’arbre de la cerise, son père est fier de lui.

Les chercheurs ont travaillé avec un groupe d’enfants de 3 à 7 ans. Chaque enfant a joué un jeu dans lequel ils devaient deviner l’identité d’un jouet en fonction du bruit qu’il faisait. Au milieu du jeu, l’expérimentateur quittait la salle pendant une minute pour prendre un livre, en mettant en garde l’enfant de ne pas jeter un coup d’œil au jouet qui était laissé sur la table. Pour la plupart des enfants, il était trop difficile de résister à cette tentation.

Après avoir observé ce que les enfant faisaient, le chercheur revenait dans la salle pour lire une des histoires et il demandait ensuite aux enfants s’ils avaient triché en ayant jeté un œil au jouet. Compte tenu des différentes façons dont chaque histoire tente de promouvoir l’honnêteté, les psychologues ont prédit que toutes les histoires seraient efficaces, mais de différentes manières :

Spécifiquement, nous avons prédit que les tricheurs qui ont écouté "Le garçon qui criait au loup" seraient plus enclins à avouer leur tricherie que ceux qui ont entendu les autres histoires en raison de la conséquence fatale associée au mensonge dans cette histoire. Cependant, nous avons également prédit que cet effet n’est visible que chez les enfants plus âgés, qui seraient plus en mesure d’apprécier la finalité de la mort que les jeunes enfants…

Nous nous attendions à ce que les enfants qui ont écouté "Pinocchio" soient aussi plus enclins que les autres enfants à confesser leur tricherie en raison de la conséquence physique immédiate dont Pinocchio a souffert quand il a menti. L’humiliation publique doit être facilement rattachable, même pour les jeunes enfants. Ainsi, nous avons prédit que cette histoire serait tout aussi efficace dans la promotion de l’honnêteté chez les enfants de tous âges. Nous avons également émis l’hypothèse que "George Washington et le cerisier" seraient efficaces dans la promotion de l’honnêteté à tout âge, car elle illustre les avantages de l’honnêteté de manière concrète.

Mais, la seule histoire qui a augmenté de façon significative l’honnêteté des enfants, indépendamment de leur âge, était celle de "George Washington et le cerisier", ce qui suggère que de mettre l’accent sur le caractère positif de l’honnêteté est la méthode la plus efficace.

Afin de continuer à tester la théorie, les chercheurs ont ajouté une quatrième histoire : ils ont inventé une version de l’histoire de George Washington avec une fin malheureuse, le père de George le punit en lui confisquant sa hache. Effectivement, ils ont constaté que cette version négative ne motivait pas les enfants à dire la vérité.

Leur conclusion : les jeunes enfants sont plus susceptibles d’être honnêtes s’ils pensent qu’ils seront récompensés pour avoir dit la vérité au lieu d’être punis ou humiliés si l’on découvre qu’ils ont menti.

Les psychologues, bien sûr, ne disent pas que Pinocchio est une histoire “nuisible” pour les enfants. C’est toujours une merveilleuse fable, mais il ne faut pas s’attendre à ce qu’un long nez inspire les enfants à toujours dire la vérité.

L’étude publiée dans la revue Psychological Science : Can Classic Moral Stories Promote Honesty in Children?

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