Selon une étude menée il y a deux ans, mais qui vient d’être acceptée pour publication (peer-reviewed)  ce mois-ci, des scientifiques ont utilisé des scanners du cerveau pour détecter et reconstituer des visages pensés par des personnes.

Pour l’étude, les chercheurs ont analysé l’activité cérébrale de leurs cobayes humains par l’intermédiaire d’un IRMf, qui détermine l’activité dans les différentes parties du cerveau en mesurant le flux sanguin, tout en leur montrant des images de visages. Puis, en utilisant uniquement les scans du cerveau, les scientifiques ont réussi à recréer les images des visages que les cobayes regardaient.

Les photos ci-dessous et en entête sont les reconstructions effectuées en laboratoire.

Alors que les reconstructions basées sur les 30 lectures du cerveau sont floues, ils se rapprochent des véritables images. Ils ont eu la bonne couleur de peau et 24 reconstructions sur 30 ont correctement détecté la présence ou l’absence d’un sourire.

Les lectures du cerveau étaient plus mauvaises pour déterminer le sexe et la couleur des cheveux : environ les deux tiers des reconstructions ont clairement déterminé le sexe, et seulement la moitié ont obtenu la bonne couleur des cheveux.

Comme indiqué dans mon introduction, ces tests ont eu lieu il y a deux ans et leur étude vient seulement d’être acceptée pour la publication (lien plus bas). Depuis,  Alan S. Cowen, de l’université de Californie à Berkeley coauteur de l’étude avec le professeur Marvin M. Chun de Yale et Brice R. Kuhl de l’Université de New York et d’autres, ont travaillé sur l’amélioration du processus dans l’intervalle de temps, notamment à l’aide de modèles mathématiques plus sophistiqués.

Pour extraire les visages sur la base de l’activité du cerveau, les chercheurs ont montré aux participants de l’étude 300 visages tout en enregistrement leur activité cérébrale. Ensuite, ils leur ont montré 30 nouveaux visages et ils ont utilisé les modèles d’activité cérébrale précédemment enregistrés pour créer 30 images basées uniquement sur les scans du cerveau.

Pour Cowen, une fois que la technologie sera améliorée, les applications pourraient permettre de mieux comprendre certains troubles mentaux, d’enregistrer les rêves, jusqu’à résoudre des crimes en reconstruisant le visage d’un suspect.

Vous pouvez voir comment les gens perçoivent les visages en fonction de différents troubles, comme l’autisme, et l’utiliser pour aider au diagnostic.

L’évolution de cette technologie dépendra des progrès de l’imagerie cérébrale et de l’analyse mathématique. Pour les chercheurs, cela pourrait prendre 10, au plus 20 ans.
Une des difficultés est que deux cerveaux peuvent présenter une activité différente pour la même image. Les images floues, représentées ici, sont en fait des moyennes des pensées de six bénévoles de laboratoire. Pour un seul individu, l’image serait moins cohérente.

Pour l’instant, il n’est pas possible d’espionner les souvenirs ou d’extraire de force de l’information. Ce genre de technologie ne peut lire que les parties actives du cerveau, il n’est donc pas possible de lire la mémoire passive (à long terme), il faudrait amener la personne à se remémorer activement ses souvenirs. Pour les chercheurs, ce n’est qu’une question de temps, il s’agit quand même d’analyser de très fins détails de la structure du cerveau que nous ne comprenons pas vraiment actuellement.

L’étude publiée dans la revue NeuroImage : Neural portraits of perception: Reconstructing face images from evoked brain activity et l’annonce sur le site de l’université Yale : Yale researchers reconstruct facial images locked in a viewer’s mind.