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nematodes Pristionchus pacificus@'GuruMeditation

Ce que vous pouvez voir se tortiller, dans le Gif d’entête et dans la vidéo plus bas, est un rassemblement de vers ronds, ou nématodes, Pacificus Pristionchus. Ils ne sont pas en pleine manifestation, mais tentent désespérément de s’agripper à un coléoptère de passage. Ce n’est pas vraiment un parasite, car il n’a aucune intention belliqueuse envers son futur hôte. Enfin, ils souhaiteraient quand même que celui-ci meure assez vite de causes naturelles pour manger les microbes qui se développeront sur sa carcasse.

Dans les premiers jours de sa vie, le P.pacificus arrête sa croissance et devient une larve dauer, beaucoup plus résistante et adaptée pour survivre dans des conditions difficiles. Le dauer, mesurant 1/4 de millimètre de long, se tient sur sa queue et agite son corps dans l’espoir de s’accrocher à un coléoptère comme un scarabée vagabondant par exemple.

Mais Sider Penkov et Akira Ogawa de l’Institut Max Planck ont constaté que les groupes de P.pacificus peuvent aussi fusionner pour former une seule ondulation, "une tour de dauer" pouvant mesurer jusqu’à 1 cm et composée de près d’un millier d’individus. Certaines sont si grandes qu’elles peuvent être observées à l’œil nu même si leurs membres sont tous microscopiques.

D’autres nématodes comme le Caenorhabditis elegans, le chouchou des biologistes, font aussi des tours de Dauer, mais ces constructions sont petites et très fragiles. En revanche, les tours de P. pacificus sont incroyablement résistantes. Penkov et Ogawa ont essayé de les pousser avec un fil métallique et elles ne se sont pas effondrées. Ils ont placé les tours dans l’eau et les larves se sont mises à nager, mais ensemble, en conservant leur cohésion. Seul du détergent ajouté à l’eau à désintégrer les tours en une masse de larves individuelles. L’équipe a estimé que les vers devaient être collés ensemble avec une graisse ou un composé cireux qui repousse l’eau, mais qui peut être dissous par le détergent.

Nematode NematoilEn effet, ils ont vu que les vers libéraient des gouttelettes sur leurs peaux (image ci-contre), peu de temps après s’être transformés en dauers. Les gouttelettes contiennent une grosse molécule de cire (C60H100O2N), une des plus longues trouvées dans le règne animal ou végétal. L’équipe l’a appelé nematoil.

La (le?) Nematoil est la colle qui donne à la tour dauer son pouvoir. Lorsque l’équipe a synthétisé le produit chimique et l’a appliqué aux C. elegans, ils ont constaté que même ces nématodes pouvaient s’unir en une flèche solide.

Penkov et Ogawa soupçonnent que la hauteur de la tour donne à ses larves, la constituant, de meilleures chances de s’agripper à un scarabée. Une fois accroché à l’un deux à l’aide de leurs cuticules, l’ensemble de la tour peut-être récupéré pour la promenade de l’insecte, maintenue par les sécrétions de nematoil.

Ce n’est là qu’une partie du secret des tours de dauer du Pacificus Pristionchus et elle soulève davantage  de questions comme : Comment font-ils pour coordonner leurs mouvements afin de produire une onde cohérente ? Certains trichent-ils en utilisant la cire de leur voisin ? Qu’elles sont les vers qui se retrouvent aux sommets ? Qui commande ? Les Pacificus Pristionchus savent-ils que leurs cousins ont déjà été dans l’espace et que certains y vivent plus longtemps que sur Terre ? Peut-on s’en servir pour faire du stop ?… etc. 

L’étude publiée dans Nature Chemical Biology : A wax ester promotes collective host finding in the nematode Pristionchus pacificus.

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