Sélectionner une page

Combat-champignons@GuruMeditation

La mycologue Lynne Boddy, de l’Université de Cardiff au Pays de Galles, organise dans son laboratoire un genre de Fight club pour champignons.

En animation d’entête : Un match serré entre les brins de deux féroces combattants : un Hypholome en touffe (en haut à droite) et un Phanerochaete velutina (en bas à gauche). (Lynne Boddy)

Le combat entre des individus fongiques ressemble à une guerre entre des tas de spaghetti. Les principaux organes des champignons sont des réseaux de longs brins fins appelés hyphes qui s’insinuent dans tout ce qu’ils peuvent manger : troncs d’arbres, racines des plantes, fumier, etc. Défendre une source de nourriture ou arracher encore quelques millimètres de territoire à un rival peut prolonger leur vie. Donc, les champignons ne laissent pas une absence de dents, de griffes ou d’yeux diminuer leur férocité. Lynne Boddy étudie les basidiomycètes, de nombreuses espèces de champignons à chapeau, truffés de combattants qui empoisonnent leurs adversaires ou qui libèrent des enzymes qui dissolvent leur chair.

Elle estime avoir organisé des centaines de combats après avoir rapporté des champignons sauvages, mis en place les affrontements dans des récipients de laboratoire ou dans des blocs de bois pour documenter des joutes qui peuvent durer des semaines. Elle regarde les brins de la forme de cheveux exsuder des gouttelettes de produits chimiques, parfois rouge sang. Puis elle teste l’air au-dessus des gouttes pour détecter les gaz toxiques qui s’échappent vers l’ennemi. Elle compare cela aux gaz dans une guerre de tranchées.

Elle a constaté, par exemple, que le champignon Hericium coralloïdes (ci-dessous), qui se déploie des troncs d’arbres en de délicates cascades blanches, met KO le Polypore aplani. Hericium_americanum

Mais l’Hericium succombe à son tour face à une espèce appelée Stérée hirsute. Un combat à mort a montré que les brins de la féroce Hypholome en touffe (GIF d’entête) font subir une cuisante défaite au Phanerochaete velutina.

Certains champignons excellent à la fois dans l’attaque et la défense, tandis que d’autres ne maitrisent ni l’une ni l’autre. Parfois, comme pour David contre Goliath, un faible favori peut battre un grand tueur.

Lynne Boddy étudie actuellement l’impact du changement climatique sur ces organismes. La chaleur ou l’humidité fait ressortir la grandeur de certains concurrents, mais condamne les autres.

Les images numériques d’interactions mycélial sur des blocs de bois de Hêtre commun de 2 cm, entre l’Hypholoma fasciculare (Hf), le Phanerochaete velutina (Pv) et le Resinicium bicolor (Rb). (A) contrôle non pâturé à température ambiante (16 °C), (B) contrôle non pâturé, (C) Folsomia candida et (D) Oniscus asellus-pâturé à une température élevée (20 °C). (Lynne Boddy)

Champignon-fight-club 
Le changement climatique peut donc affecter le classement, et c’est ce que Boddy et ces collègues ont rapporté cette année dans une étude publiée sur Plos One : Contrasting Effects of Elevated Temperature and Invertebrate Grazing Regulate Multispecies Interactions between Decomposer Fungi. Mais les résultats ne dépendent pas que de la météo, cela dépend aussi du taux de grignotage mené par les petits arthropodes du bois.

Pin It on Pinterest

Share This