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Chatouillement 2

Vous aviez déjà pu apprendre avec le Guru, pourquoi il était très difficile de pouvoir profiter de ces propres chatouilles*. Et bien une nouvelle étude jette un doute considérable sur cela… enfin,  sur ce que les scientifiques pensent savoir des mécanismes neuronaux des chatouilles.

La nouvelle étude (lien plus bas), menée par Jakob Hohwy et George Van Doorn, de l’Université Monash à Clayton, Australie a soumis ses participants à une "illusion d’échange de corps" afin de tester *l’hypothèse largement répandue que nos cerveaux amortissent les effets d’un chatouillement qui est autoadministré, ce qui évite de nous tordre de rire à chaque fois que nous frôlons nos propres membres contre notre corps.

Dans cette illusion, le volontaire (sujet) et l’expérimentateur se sont assis en se faisant face. Le sujet portait des lunettes qui affichaient la vidéo d’une caméra positionnée soit sur sa tête, ou dans certains cas, sur elle de l’expérimentateur, en fournissant donc au cobaye soit sa propre perspective ou celle de l’expérimentateur. Ce n’est pas encore là que cela peut paraitre le plus compliqué…

Test-chatouillesEn utilisant leur main droite, le sujet, comme l’expérimentateur, tenait les extrémités opposées d’une tige de bois, auxquelles était fixé un morceau de mousse. Chacun  d’eux a placé sa paume de main gauche contre la mousse. Ensuite, le sujet ou l’expérimentateur se sont relayés pour déplacer la tige de la main droite, ce qui provoquait le chatouillement de leurs paumes gauche.

Dans les situations où les sujets ont vu la scène du point de vue de l’expérimentateur, ils ont connu une illusion d’échange de corps, leur donnant la sensation de posséder le corps de l’expérimentateur. Les sujets ont rapporté qu’ils avaient eu la sensation d’avoir perdu le contrôle de leur vraie main et que la main de l’expérimentateur commençait à sembler leur appartenir.

Si l’expérimentateur chatouillait le sujet, alors qu’il était dans l’illusion, celui-ci pouvait sentir le chatouillement sur ​​sa paume. Mais si le sujet prenait l’initiative tout en restant sous l’illusion, de tenter de se chatouiller,  le sujet ne sentait pas le chatouillement sur leur main gauche, même s’il avait l’impression que l’expérimentateur déplaçait la tige. En d’autres termes, ils ne pouvaient pas se chatouiller, même sous l’influence de l’illusion.

Donc, cela va contre les précédentes idées mises en avant en 2000, par Sarah-Jayne Blakemore de l’University College London (UCL) et ses collègues, qui estimait que quand nous avons l’intention de bouger, le cerveau envoie des ordres aux muscles, mais prédit aussi les conséquences sensorielles du mouvement imminent. Quand la prédiction correspond aux sensations réelles qui surviennent, le cerveau “amortit” sa réponse à ces sensations. Cela nous empêche de nous chatouiller.

Si le cerveau fait de fines prédictions basées sur les commandes moteur actuelles, afin de déterminer quand amortir la réponse face à ces propres chatouilles, donc ces prédictions devraient échouer pendant l’illusion, puisque l’ordre de bouger ne fait pas apparaitre (visuellement) sa propre main en mouvement.

Hohwy pense que cette étude soutient une idée appelée “l’inférence active”, développée par Karl Friston, également à l’University College London et ses collègues, qui soutient (l’hypothèse) que le cerveau atténue les sensations entrantes à chaque fois que nous effectuons un mouvement. Donc, selon Hohwy, vous ne devriez pas être en mesure de vous chatouiller, peu importe le contexte.

L’étude publiée sur Science : Can you tickle yourself if you swap bodies with someone else?

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