Le secret du vol électrostatique des araignées
Si le fait que des araignées puissent voler vous semble étrange, voir inquiétant, c’est que vous n’avez peut-être pas lu les deux articles du Guru concernant l’omniprésence d’une variété d’insectes, et pas forcément volant au demeurant, au-dessus de nos têtes. Votre serviteur vous l’avait tout d’abord relaté dans son article : L’autoroute atmosphérique des insectes pour ensuite revenir plus précisément sur la loterie aérienne de l’araignée et de son parachute fait maison.
Le Guru doit vous avouer, qu’il ne savait pas que l’araignée devait utiliser autre chose que le vent pour accomplir son périple aérien. C’est ce secret, de la maitrise du vole à voile arachnéen, sans la présence de courants d’air, que nous allons découvrir ensemble par l’intermédiaire d’une nouvelle étude sur le sujet.
Image d’entête : tubules sécréteurs de soie d’une araignée du genre Gasteracantha Magnification : x490 par Microscopie électronique à balayage (Dennis Kunkel).
Le vol de l’araignée était une curiosité, même pour Charles Darwin, qui a écrit que son bateau, le HMS Beagle, fut “envahi par des araignées en montgolfière par un temps relativement calme et clair », selon une nouvelle étude de Peter Gorham de l’Université d’Hawaii (lien plus bas).
Le HMS Beagle
Darwin observa deux espèces d’araignées, une petite et une plus grande. La première a relevé son abdomen pour relâcher un filet et décolla horizontalement à une vitesse « inexplicable ». Une plus grande espèce diffusa plusieurs tresses de soie de plus d’un mètre de long, qu’il a décrit comme ondulant « comme des films de soie soufflés par le vent. » L’araignée lâcha la surface sur laquelle elle était perchée et s’envola… le vol à voile de l’araignée en action.
Darwin pensait que les courants d’air chaud pourraient être le secret des capacités aériennes des araignées, mais cela n’expliquait pas certaines choses, comme pourquoi les fils se déployaient ainsi et comment même les plus lourdes araignées décollaient si vite alors que les courants d’air étaient relativement faibles. En outre, plus tard, ces araignées ont été trouvées jusqu’à 4 kilomètres d’altitudes et ne sont pas susceptibles d’être arrivées là avec, pour seul aide, l’air chaud.
Darwin et d’autres ont aussi théorisé qu’une “répulsion électrostatique » jouait un rôle dans le déploiement des fils. De nombreuses années plus tard, Gorham dit qu’en effet, les forces électrostatiques pourraient déterminer le vol des araignées.
Selon lui :
Il y a donc une large et plausible gamme de processus par lequel les tresses de soie peuvent acquérir une charge initiale.
L’un d’eux est le chargement des fils par l’atmosphère de la terre, au cours du filage, dans un processus appelé « flow electrification”. Gorham pense que son origine probable est la terre elle-même, qui a une densité de charge négative d’environ 6 nanocoulombs par mètre carré en moyenne. C’est plus que suffisant pour donner un boost à la soie et les araignées peuvent très bien être en mesure de choisir les proéminences/ surélévations où la densité de charge est beaucoup plus élevée.
Tout cela explique la puissance de lancement de l’araignée dans l’air immobile, pourquoi les grandes araignées peuvent accomplir un tel effet de poussée vertical et pourquoi les fils de soie se déploient :
Parce que leurs charges négatives se repoussent.
La théorie de Gorham doit encore être testée par certains biologistes entreprenants.
L’étude de Peter W. Gorham publiée sur Arxiv : Ballooning Spiders: The Case for Electrostatic Flight, décrite sur le blog d’Arxiv : “Ballooning” Spiders Use Electrostatic Forces To Generate Lift.
Déjà merci pour l’article.
Ce que je retiens, en somme, c’est la capacité des araignées -sus-mentionnés- à « donner » une charge électrostatique à leur parachute de soie. Cette charge s’opposant à l’hypothétique charge infime de la terre. Le tout permettrait à l’araignée de se retrouver en apesanteur et de s’envoler. Ne serait-il donc pas possible -dans une optique de biomimétisme et avec un peu d’imagination, d’utiliser le principe de cet étonnant « planeur à répulsion électrostatique » dans des technologie humaines?
Je pense évidement au fantasme des voitures volantes (qui n’en est plus tant un étant donné l’hypothèse du vol électrostatique).
Juste une idée de conversation
(Il n’est vraiment pas nécessaire de publier ce message pour satisfaire mon égo ;-))
Quelques typo.. ou erreurs :
« Le Guru doit vous avouez, qu’il ne savait pas que l’araignée devait utiliser autre chose que le vent pour accomplir son périple aérien. » Vous avoueR.
« Charles Darwin, qui a écrit que son bateau, le HMS Beagle, fut “envahi par des araignées en montgolfière par un temps relativement calme et claire ». Sans « E » à clair.
En dehors de ça, merci pour tout, vraiment. C’est passionnant 🙂
Vous méritez, cher Jean, que l’on satisfasse votre égo au vu des indications grammaticales que vous apportez au Guru qui fait, reconnait-il, souvent preuve d’inattention. Votre message est donc constructif et contribue à soutenir le travail du Guru.
Pour les commentateurs aux phrases acerbes sur le sujet et au risque de briser tout fantasme, il faut garder en tête que le Guru est seul, qu’il passe plusieurs heures sur une étude qui est très souvent en anglais, que l’intégralité de ses articles sont en libre consultation et qu’il n’acquiert aucun revenu de GuruMeditation, malgré tout ce temps passé à satisfaire votre curiosité. Cela ressemble à un sacerdoce qu’il ne pourra malheureusement pas maintenir éternellement. J’y reviendrais bientôt plus longuement dans une note à mes cher(e)s lect(rices)eurs.
Merci encore !
Pas de virgule entre avouez et que : faute de ponctuation qui sont trop souvent minorées alors qu’elles changent parfois fondamentalement le sens d’une phrase
Théorie qui se tient si on lit cet article :
http://www.newspress.fr/Communique_FR_268390_3518.aspx