Les persistantes modifications provoquées par le parasite qui fait aimer l’urine de chat aux souris
Le Toxoplasma gondii est un parasite du cerveau qui fait perdre aux souris leur crainte instinctive des chats et qui peut conduire à la schizophrénie chez l’homme. Les scientifiques pensent que le parasite agit par l’inflammation du cerveau ou en y créant des kystes. Mais il apparait maintenant que le Toxoplasma agit beaucoup plus insidieusement et de manière permanente sur le cerveau de ses hôtes.
C’est donc un parasite commun du cerveau, assez performant, qui infecte les mammifères, y compris les humains (Voir : Comment le parasite commun du chat, le toxoplasma, manipule le cerveau de l’homme) et les oiseaux. Cependant, ce protozoaire ne peut se reproduire sexuellement que dans l’estomac des chats, en faisant l’hôte principal du parasite.
Lorsque le parasite infecte un hôte intermédiaire, comme une souris, il s’infiltre dans le système nerveux central et forme des kystes à croissance lente dans les neurones où il peut subsister pendant toute la vie de l’animal infecté.
Mais afin de compléter son cycle de vie reproductive, il doit être ingéré par un chat. Le parasite est capable d’y parvenir en modifiant le comportement de l’hôte intermédiaire. Dans le cas de la souris, il modifie leur psychologie en leur faisant perdre leur aversion innée à l’urine de chat (voir : des parasites contrôlent le cerveau des rats, afin d’être mangés par les chats). Mais le détail de la manipulation derrière cette prouesse de reconfiguration neurale, accomplie par le parasite, est restée un mystère.
Pour en savoir plus, Wendy Ingram de l’Université de Californie à Berkeley et ses collègues ont débarrassé des souris de diverses souches de T. Gondii pour observer l’effet. A leur grande surprise, ils ont constaté que les souris conservaient encore leur absence de peur face à l’odeur de l’urine de chat après l’élimination de l’infection, confirmée par l’absence de marqueurs d’inflammations ou de kystes.
Et sur la base des expériences réalisées avec différentes souches, les chercheurs ont découvert que le cerveau des souris s’est modifié de façon permanente, seulement trois semaines après une infection. Ingram spécule que le Toxo injecte certaines protéines dans les cellules de l’hôte et agit sans une réplication active du parasite.
Selon les auteurs de l’étude (lien plus bas) :
Ainsi T. gondii peut interagir avec et manipuler ses hôtes intermédiaires sans l’exigence de la formation de kystes ou de persistance du parasite. A la lumière de ces constatations et de nos données présentées ici, nous pensons qu’un nouveau modèle “noncyst –centric” de manipulation par le T. gondii du comportement de médiation de l’hôte intermédiaire souris est justifié.
Ces nouvelles sont, en fait, assez inquiétantes en raison de la prévalence de la Toxo(plasmose) chez l’homme, il est estimé que plus d’un tiers de la population mondiale est infectée par le parasite. Elle est généralement transmise par la manipulation des excréments de chats infectés, mais le plus grand risque d’infection passe par l’ingestion de viande infectée ou par la manipulation de légumes et de fruits non lavés.
Et comme les souris, nos cerveaux ne sont pas à l’abri des effets d’une infection. Des études montrent que le parasite pourrait être responsable de l’augmentation des taux de schizophrénie et de suicide.
Lire toute l’étude sur PLoS One : Mice Infected with Low-Virulence Strains of Toxoplasma gondii Lose Their Innate Aversion to Cat Urine, Even after Extensive Parasite Clearance.