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Cheirogaleus medius

Les habitudes du seul primate hibernant connu, le lémurien Chirogale moyen (et tellement Kawaï), pourrait aider les chercheurs à placer des humains dans un état de torpeur, dans lequel le métabolisme est ralenti, pour survivre à certaines opérations médicales et aux vols spatiaux, ainsi que de répondre, peut-être un jour, à la question du : “pourquoi dormons-nous ?”

Malgré des décennies de recherche, l’utilité du sommeil reste encore un mystère. Les théories vont de la conservation de l’énergie, aux traitements de l’information et des souvenirs, à l’élimination des toxines qui s’accumulent quand nous sommes éveillés. Une théorie suppose que le sommeil, qui représente un tiers de notre vie, aide à réguler la température du corps et le métabolisme. Dans une étude publiée cette semaine (lien plus bas), des chercheurs de l’université Duke (États-Unis) ont trouvé les preuves de cette idée chez le lémurien Chirogale moyen (Cheirogaleus medius), un primate de la taille d’un écureuil natif de l’île de Madagascar.

Ce plus proche parent génétique de l’homme, qui hiberne, passe jusqu’à sept mois chaque année dans un état physiologique connu sous le nom de torpeur, dans lequel la régulation de la température corporelle cesse et le métabolisme ralentit.

Dans cet état, ces lémuriens peuvent faire passer leur pulsation cardiaque de 120 battements par minute à seulement 6 et la respiration est grandement ralentie. Au lieu de maintenir une température corporelle constante, comme la plupart des mammifères, leur corps se réchauffe et se refroidit avec la température de l’air extérieur, pouvant fluctuer de 25 degrés en une seule journée. Pour la plupart des mammifères, un changement de quelques degrés de plus dans la température du corps, pendant un certain temps, serait mortel. Mais pour ce petit lémurien, l’hibernation est un moyen d’économiser de l’énergie pendant la longue saison sèche de l’hiver à Madagascar, une période de l’année où la nourriture et l’eau se raréfient.

En mai 2013, ces mêmes chercheurs (université Duke) découvraient l’hibernation chez deux espèces de lémuriens à Madagascar :

Si la thermorégulation est une fonction du sommeil, les chercheurs se sont demandé si les Chirogales dormaient moins dans l’état de torpeur.

Pour le savoir, ils ont fixé des électrodes sur la tête des animaux et les ont replacés dans leurs nids pour les surveiller. Ils ont étudié des Chirogales en hibernation à l’état sauvage sur la côte ouest de Madagascar, ainsi que le sommeil (à la différence de l’état de torpeur) de ces animaux en captivité au Duke Lemur Center. Les chercheurs ont également mesuré l’apport d’oxygène et d’autres signes vitaux. Ils ont constaté que les Chirogales en torpeur ne présentaient pas une activité ralentie du cerveau (faible amplitude) associée au sommeil profond. Les lémuriens en hibernation ne montrent pas de périodes d’activité du cerveau compatibles avec la phase de mouvements oculaires rapides (REM pour Rapid Eye Movement), présentant les signes du sommeil paradoxal où la plupart des rêves sont censés se produire, mais uniquement lorsque les températures hivernales ont augmenté au-dessus de 25 °C.

L’équipe scientifique compte retourner sur les hauts plateaux de Madagascar pour étudier un autre groupe de mammifères hibernant, une famille de petits animaux ressemblant à des hérissons, appelés tenrecs (ci-dessous).
Tenrec

En identifiant les similitudes entre les Chirogales et d’autres animaux hibernants, les chercheurs pourraient être en mesure, un jour, d’induire des états similaires à ceux de l’hibernation chez les humains.

Être capable de mettre “en veille” des humains, en réduisant temporairement leur rythme cardiaque et l’activité de leur cerveau, pourrait faire gagner du temps dans la prise en charge des patients qui ont subi un traumatisme crânien ou une crise cardiaque, de prolonger la durée de vie des organes transplantés, ou même d’ouvrir la porte aux très longs voyages dans l’espace…

L’étude publiée sur PlosOne : The Relationship of Sleep with Temperature and Metabolic Rate in a Hibernating Primate.

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