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Vous avez peut-être entendu dire que les guépards abandonnent la chasse, car ils surchauffent. Mais cette théorie est fausse, selon une nouvelle étude. En fait, les guépards surchauffent souvent quand ils ont réussi leur chasse et voici pourquoi.

En dépit d’être le plus rapide des sprinteurs terrestres, les guépards sont de très inefficaces chasseurs. En fait, moins de 40 % de leur traque finie par une victime et le grand félin doit même abandonner la chasse lorsque sa proie semble être à sa portée. Depuis plusieurs décennies, la théorie dominante pour expliquer ces échecs de chasse est que les guépards arrêtent leur traque, car ils surchauffent et ne peuvent tout simplement pas supporter quelques foulées de plus.

Pour Robyn Hetem, un physiologiste à l’Université de Witwatersrand en Afrique du Sud,
cette théorie est très populaire chez les guides, dans les manuels et dans beaucoup de médias. Il a découvert, avec surprise, que la théorie ne remonte qu’à une seule étude.

En 1973, un couple de chercheurs a formé deux guépards pour courir sur des tapis roulants alors qu’ils prenaient une série de mesures, comprenant la température rectale, le taux métabolique et la perte de chaleur par le refroidissement de l’évaporation. Ils ont conclu que les animaux stockaient de la chaleur métabolique, autrement dit, ils n’ont pas perdu de chaleur à partir d’un refroidissement par évaporation. Lorsque les guépards courent, la chaleur s’accumule rapidement, atteignant les 40,5 °C, jusqu’au moment où d’autres exercices deviennent thermiquement impossibles.

Dans ces expériences, les guépards ont couru pendant environ 2 km à une vitesse moyenne de 10 km/h, avec des vitesses maximales allant jusqu’à 30 km/h. Sur la base de leurs mesures et calculs, les auteurs ont émis l’hypothèse qu’un guépard cesserait de courir après environ 30 secondes lors d’une véritable chasse, ce qui correspond au temps moyen d’une traque par un guépard dans la nature. Les conclusions avaient un sens à première vue, mais il y a un problème majeur avec l’étude : elle n’a pas simulé de véritables chasses, où les guépards sprint jusqu’à 100 km/h sur seulement quelques centaines de mètres.

L’incroyable course du guépard filmée au ralenti

Alors Hetem et ses collègues ont décidé de vérifier si les guépards vivant en liberté abandonnaient vraiment la chasse en raison d’une surchauffe. Ils ont donc posé des capteurs sensibles à la température et au mouvement sur six guépards (dont deux ont été tués par des léopards au cours de l’étude) dans un centre de réhabilitation, le Fiducie Cheetah Camp Rehabilitation Tusk de la Fondation AfriCat au centre de la Namibie. Pendant sept mois, les chercheurs ont analysé la température et l’activité physiques des quatre guépards restants, alors qu’ils réalisaient 23 chasses infructueuses et 40 chasses réussies.

Pendant l’étude, les guépards avaient une température corporelle quotidienne moyenne de 38,3 °C, avec des températures minimales et maximales de 37,3 °C et 39,5 °C, respectivement. Comme la plupart des autres mammifères, y compris les humains, ces félins ont un rythme de la température corporelle de 24 heures. Les chercheurs ont constaté que les températures des guépards n’ont pas augmenté de manière significative au cours de la chasse. En effet, les températures à la fin de leurs chasses fructueuse ou infructueuse étaient en moyenne de 38,4 °C. Le principal facteur qui influe sur la température fut le moment de la journée où la chasse a eu lieu, la température de leur corps quand la chasse a commencé et régulée par le rythme de 24 heures de température.

Cependant, l’équipe a remarqué que la température du corps des guépards a commencé à augmenter lentement une fois la chasse terminée. Étonnamment, quand celle-ci était fructueuse, elle entrainait une augmentation de la température corporelle de 1,3 °C, tandis que des chasses infructueuses faisaient seulement augmenter la température corporelle de 0,5 °C. En outre, les températures des guépards ont rarement atteint la limite supposée de température, au cours d’un exercice, de 40,5 degrés C.

Les chercheurs ont constaté que l’activité de chasse, sa durée, la température de l’air et d’autres facteurs n’ont pas d’incidence sur la température des guépards après l’exercice. Et pour ajouter une autre couche au mystère : un des guépards fut blessé pendant quelques jours et ne pouvait pas chasser, donc il se nourrit de la chasse de ces frères et sœurs. Mais son profil de température a encore égalé celle des guépards en chasse.
La première hypothèse des chercheurs était que la température des guépards a augmenté parceque’ils mangeaient. Mais cette théorie ne tenait pas debout parce que les guépards se reposent après la chasse, alors que leur température corporelle augmente.

La cause la plus probable de cette augmentation est “l’hyperthermie de stress." Parmi les grands prédateurs, les guépards sont au plus bas dans la hiérarchie. Après la chasse, ils sont très fatigués et plus vulnérables à d’autres grands félins, comme les léopards et les lions. Et s’ils ont une proie, il devient encore plus probable qu’un autre prédateur viendra, ainsi ces animaux doivent rester vigilants après la chasse. Les guépards ont déjà été décrits comme montrant des signes de nervosité après avoir obtenu une proie et en alerte tant qu’ils se nourrissent. Ils éprouvent l’hyperthermie parce qu’ils sont stressés, semblable à la façon dont les antilopes éprouvent l’hyperthermie induite par la peur.

D’autre part, l’augmentation de la température observée dans l’étude de 1973 peut-être due à la configuration de l’expérience. Les animaux ont été manipulés pendant de longues périodes, sur un tapis roulant, avec une sonde de température par voie rectale, une expérience qui pourrait bien avoir été stressante.

Alors, pourquoi les guépards renoncent à la chasse ?
Il existe plusieurs théories qui circulent, selon Hetem. L’explication la plus probable : Il n’y a plus d’énergie. Le sprint est un exercice très anaérobique qui se traduit par l’accumulation d’acide lactate, ce qui perturbe la dégradation du glucose en énergie.

L’étude publiée sur Biology Letters : Cheetah do not abandon hunts because they overheat.

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