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Les scientifiques ont découvert une paire de virus qui défient toute classification. Plus grand et plus complexe génétiquement que n’importe quel genre viral connu de la science, cette classe de créature mi-vivante, mi-morte, appelée “pandoravirus" (un portrait en image d’entête), pourrait relancer un vieux débat sur la classification de la vie elle-même.

Il fut un temps où les scientifiques considéraient les virus comme minuscules et simples, puis vint le mimivirus. Lorsque le mastodonte viral a été découvert, il y a dix ans, il était de loin le virus le plus grand et le plus complexe génétiquement, que la plupart des scientifiques n’avaient jamais rencontrés. A 600 nanomètres de diamètre (taille comparable à certaines bactéries) et avec un génome contenant environ 1000 gènes, il ressemble, à bien des égards, plus à une bactérie parasite qu’à un virus. (Considérer le VIH, qui mesure seulement 120 nanomètres de diamètre, et renferme seulement neuf gènes) d’où la contraction en mimivirus pour Mimicking microbe virus ou en français virus imitant des microbes". Une poignée d’autres grands virus ont été découverts depuis, le Mamavirus, par exemple, et le mégavirus qui porte bien son nom. Aujourd’hui, cependant, les chercheurs dirigés par les biologistes Jean-Michel Claverie et Chantal Abergel de l’Université Aix-Marseille (qui a aidé à découvrir le megavirus) ont annoncé une découverte qui remet beaucoup de choses en question. Les pandoravirus, récupérés à partir de la boue dans les eaux côtières de Melbourne, en Australie et au centre du Chili sont deux fois plus grands que n’importe quel virus connut de la science. Chacun possède également environ 2500 gènes, dont 2300 sont entièrement nouveaux pour la science. Les Pandoravirus ne sont pas juste énormes, ils sont aussi distincts de tout virus connu sur terre, y compris d’autres virus géants.

Par le fait que ces pandoravirus soient génétiquement uniques (pour ne pas mentionner le fait qu’ils ont été récupérés à partir totalement différents continents) suggère que ce genre de virus géants pourraient être plus fréquents qu’on ne le pensait précédemment, tout en soulevant des questions impérieuses sur les frontières entre les cellules vivantes et les virus inanimés.

C’est d’ailleurs là que ce situe le débat : oui ou non, les virus sont ils "vivant".

Les virus sont aujourd’hui considérés comme étant entre le vivant et non vivant. Ils ne peuvent pas se répliquer seuls, mais peuvent le faire dans des cellules vivantes et peuvent également influer profondément sur le comportement de leurs hôtes.

L’ambigüité provient en grande partie de la nature paradoxale du virus. D’une part, ils possèdent de nombreuses caractéristiques que nous associons à la vie, l’ADN et l’ARN, par exemple et ils ont la capacité d’évoluer. Ils sont aussi très habiles pour détourner la machinerie cellulaire de leur hôte, qu’ils exploitent pour se reproduire, diffuser et infecter, parfois avec une efficacité meurtrière. C’est d’autant plus impressionnant, si ce n’est effrayant, surtout pour quelque chose qui n’a pas la capacité de produire ses propres protéines, car les virus ont longtemps été considérés comme relativement simples. Les scientifiques pensaient qu’ils sont assez petits et leurs génomes si minuscules. Ils n’ont pas de paroi cellulaire. Ils ne sont même pas soumis à des processus métaboliques.

Ce sont ces raisons qui ont empêché les virus de s’introduire dans l’arbre de vie. Il y a dix ans, cependant, la découverte accidentelle du Mimivirus a poussé de nombreux scientifiques à reconsidérer les qualifications pour l’inclure dans les branches sacrées de l’arbre phylogénétique. Les pandoravirus, de par leur taille et leur composition génomique sans précédent, ne manqueront pas de faire la même chose.

Selon les chercheurs :

Parce que plus de 93% des gènes des Pandoravirus ne ressemblent à rien de connu, leur origine ne peut être retracée vers une lignée cellulaire connue. Cependant, leur ADN polymérase s’associe à ceux des autres virus géants, ce qui suggère l’existence controversée d’un quatrième domaine de vie.

La recherche est publiée dans le dernier numéro de Science : Pandoraviruses: Amoeba Viruses with Genomes Up to 2.5 Mb Reaching That of Parasitic Eukaryotes.

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