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Gryllus veletis3

Les grillons jouent les fier-à-bras sur le ring dès qu’ils ont des spectateurs ou plus simplement c’est le premier insecte chez lequel on a pu constater un changement de comportement lorsqu’il se sent observé. Ils deviennent, notamment, plus agressifs lorsqu’ils savent que d’autres grillons les regardent. Contrairement à la majorité des mammifères qui peuvent être influencés par d’autres, c’est la première fois que ce phénomène a été observé chez un invertébré.

Le grillon est, par nature, un combattant pour accéder soit aux ressources, terrain et autre compagne. La plupart des études les concernant se sont bornées à leurs joutent sans les replacer dans les réseaux sociaux dans lesquels ils vivent.

De nouvelles expériences ont placé des grillons mâles (Gryllus veletis) dans des arènes pour qu’ils s’affrontent et ceux-ci étaient plus violents et exposaient davantage leur victoire, par divers frétillement et autres stridulations, quand des grillons mâles ou femelles étaient dans le public. La nouvelle étude révèle que le comportement du grillon est beaucoup plus complexe qu’on ne le pensait.

Pour leurs expériences, Lauren Fitzsimmons, biologiste à l’Université de Windsor en Ontario, Canada et la biologiste Sue Bertram de l’Université d’Arizona ont pris des grillons mâles et femelles dans un champ local (Arizona) et ont élevés leurs descendants en isolation dans un laboratoire. L’équipe a ensuite placé des paires de mâles élevés soit en laboratoire ou sauvage dans une petite arène à des moments différents, qui conduisait toujours à l’affrontement.

Une des vidéos réalisée par Lauren Fitzsimmons. Le vainqueur de se combat de grillon tient à présenter la joie de sa victoire à son public (45 secs) par le biais des sons qu’il émet du frottement de ses ailes ainsi que la danse qu’il effectue et qui est appelée “judder" ou "body jerk”.

Dans une zone de surveillance adjacente à l’arène, séparée par une glace, les scientifiques ont mis au point des expériences avec trois situations d’audience : un mâle regardant et écoutant le combat, une femelle regardant et écoutant le combat, ou aucun public. Les combattants masculins de laboratoire ont eu un public élevé en laboratoire et les grillons sauvages ont eu des spectateur(rice)s capturés dans la nature.

Les chercheurs ont filmé chaque combat et se les sont repassés au ralenti afin de noter l’agressivité et le comportement global des mâles dans les trois situations de public distinctes. Quand ils se battent, les grillons se touchent les antennes, se poussent avec leurs mâchoires, se mordent et s’agrippent. Le gagnant secoue vigoureusement son corps et se frotte les ailes pour fredonner un air spécifique… de gloire.

Les résultats ont montré que tous les mâles ont combattu plus violemment et montraient une plus grande jubilation par des danses et des stridulations, quand un mâle ou une femelle observait et écoutait, que quand il n’y avait aucun public. Pour ce qui est des spectateurs, ils ont passé la moitié du temps à se toiletter et à renifler les alentours et l’autre moitié du temps à regarder le combat, surtout quand une bagarre dégénérait.

De plus, les mâles sauvages ont réagi avec davantage de fermeté face a un public que ceux élevés isolés en laboratoire, suggérant qu’ils n’ont pas été assez en contact avec d’autres grillons pour savoir ce qui se passait. Les mâles ont agi avec autant d’agressivité que cela soit envers un mâle ou une femelle. Lauren Fitzsimmons pense que les grillons femelles préfèrent des mâles dominants, généralement le vainqueur du combat, ainsi un mâle agressif pourra s’accoupler à la femelle s’il gagne. Et quand un mâle est dans le public, les combattants présentent l’agression comme un moyen de montrer leur force et de dire aux autres mâles qu’ils ne veulent pas avoir affaire à eux, selon Fitzsimmons.

Globalement, l’étude démontre que les insectes peuvent apprendre, enfin, qu’ils ont une capacité de mémorisation ou d’adaptation de leur comportement au fil du temps.

La prochaine étape logique, pour Fitzsimmons, est de savoir si les observateurs féminins ou masculins sont, par exemple, influencés par le fait de regarder le combat, dans le choix de leur partenaire. C’est tout à fait possible pour la biologiste.

Leur étude publiée sur Biology Letters : Playing to an audience: the social environment influences aggression and victory displays.

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