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pied-Euophrys frontalis

On aurait tendance à croire que pratiquement toutes les araignées tissent des toiles pour attraper leur proie. Pourtant, plus de la moitié de toutes les espèces modernes d’araignée ont abandonné la construction de toile ou n’ont jamais développé une telle adaptation. La raison ? Et bien, apparament, c’est bien moins couteux en terme d’énergie dépenser, d’attraper à mains nues son repas que d’élaborer et de construire une grande toile. Certaines araignées chasseuse ont donc développé de nouvelles techniques de traque et une poigne de fer.

Des biologistes de l’Université de Kiel et de l’Université de Berne, Allemagne, révèlent le secret des touffes denses de poils au bout des pattes de nombreuses araignées, appelées scopulae.

Toutes les images dans cet article tirées de l’étude (lien plus bas). Image d’entête (un clic pour un grand format), le “pied” d’une araignée sauteuse, qui ne construit pas de toile mais qui saute sur ces proies pour les attraper, présentant une paire de griffes et des touffes de poils adhésifs.

Selon l’un des auteurs de cette nouvelle étude (lien plus bas), Jonas Wolff, biologistes (morphologie fonctionnelle et biomécaniques) à l’Université de de Kiel :

Plus de la moitié des espèces d’araignées décrites ont abandonné la construction de toiles. Elles saisissent directement leur repas et doivent être en mesure de tenir et contrôler la proie attraper sans se faire blesser.

Wolff et ses collaborateurs se sont demandé comment ces araignées parviennent à capturer leur proie. Pour le savoir, ils ont tourné leur attention vers des coussinets poilus, qui poussent sur les pattes de nombreuses araignées. Ces tampons sont faits de poils spécialisés (setae), qui se scindent en plusieurs branches. Avec celles-ci, les setae peuvent s’accrocher aux surfaces de très près, ce qui est nécessaire pour exploiter les forces adhésives intermoléculaires.

Description du tarse (“pied”) de l’araignée chasseuse à gauche, et détail à droite d’un poil (seta) provenant de la scopula.

détails-tarse-scopulae-setae

Ci-dessous : série d’images par microscopie électronique à balayage (MEB)  de la portion distal de divers “pieds” (tarses) d’araignée portant les griffes tarsales et les blocs de setae; échelle – 50 µ m.
A. Heptathela sp. (Liphistiidae), juvénile, sans setae. B. Malthonica ferruginea (Agelenidae) araignées à toile. C. araignée du désert Sicarius sp. (Sicariidae), avec des structures de setae réduites. D. Trabea paradoxa (Lycosidae). E.  Drassodes lapidosus (Gnaphosidae). F. Palpimanus gibbulus (Palpimanidae). G. Clubiona terrestris (Clubionidae). H. Marpissa muscosa (Salticidae). I. patte (Distal tarsus ) d’araignée qui s’enfonce dans le sable du désert Homalonychus selenopoides (Homalonychidae). K. l’araignée-crabe sans toile Misumena vatia (Thomisidae). L. l’épeire carrée ou Araneus quadratus (Araneidae) à toile. M. Fecenia cylindrata (Psechridae) à toile, avec des pinces, la grande exception chez les tisseuses de toile.

tarse-araignée-griffe-scopulae

Selon Wolff :

Jusqu’à présent, les scientifiques supposaient que les araignées utilisaient principalement ces tampons collants pour grimper sur des surfaces lisses. L’hypothèse qu’ils seraient plus importants pour la rétention des proies a reçu peu d’attention. Nos résultats montrent que l’abandon de la construction de toile s’est produit indépendamment à plusieurs reprises. Fait intéressant, il a souvent été accompagnée par l’évolution de pastilles adhésives similaires. Des touffes spécialisées, qui permettent à l’araignée de grimper sur des surfaces lisses et raides comme des vitres, de nouveaux développements sont issues de l’appareil de capture des proies. Ces résultats nous donnent un éclairage entièrement nouveau sur l’évolution des araignées.

Image MEB du bout d’une patte d’une araignée sauteuse, l’Euophrys frontalis, fermé en A et ouvert en B. C’est la mécanique de dispersion de la touffe de poil sous une pression d’hémolymphe, probablement très important pour un détachement rapide.

tarse-araignée sauteuse-griffe-scopulae

Les chercheurs ont publié leurs résultats dans le numéro de mai de la revue scientifique PLoS ONE : The Great Silk Alternative: Multiple Co-Evolution of Web Loss and Sticky Hairs in Spiders.

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