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chauve-souris-langue

Une espèce de chauve-souris remplit sa langue de sang afin d’ériger de minuscules structures ressemblant à des poils qui lui permettent de récupérer le nectar rapidement et plus efficacement.

La technique a été découverte par des biologistes de l’Université Brown, qui ont inventé la formule “mop (balai à frange) hémodynamique à nectar” pour décrire cette langue et il pense que cette inhabituelle méthode pourrait être convertie pour l’industrie médicale, des designs pour des robots chirurgicaux miniatures.

La chauve-souris d’Amérique du Sud et Centrale est connue pour son métabolisme le plus rapide chez les mammifères, presque semblable au colibri. Les deux créatures ont besoin d’un métabolisme rapide pour être en mesure de planer au-dessus des fleurs et d’y recueillir le nectar. Une étude de 2008 a révélé que la chauve-souris, connue sous le nom de Glossophage de Pallas, tire l’essentiel de son énergie pour son vol stationnaire du sucre récemment ingéré à partir de nectar, environ 78 %. Chez le colibri, le sucre à partir de nectar alimente environ 95 % de son vol stationnaire. Le sucre n’est pas stocké, mais rapidement utilisé en vol, ainsi les deux espèces sont constamment poussées à collecter plus de nourriture pour alimenter leur cueillette.

Une étude de 2011, que le Guru vous a d’ailleurs décrite,  a découvert comment les colibris réalisaient cet exploit. Avec des caméras à grande vitesse ils ont filmé la langue en pleine action. Elle a révélé que l’oiseau a le contrôle de la pointe de la langue qui est divisé en deux : quand il s’alimente, l’extrémité se sépare en deux et s’aplatit pour attraper le nectar, se repliant dans la bouche lors de sa rétractation.

Sans surprise, cette espèce de chauves-souris dispose de langues assez inhabituels. Elle s’élargis de 50 % lorsqu’elle est étendue et la pointe est couverte de papilles filamenteuses (ci-dessous) que les biologistes de l’Université Brown décrivent comme ressemblant à une "brosse ou un balai".

Au microscope électronique, la langue du Glossophage de Pallas (Glossophaga soricina)

Glossophaga soricina tongue-langue

Il a été estimé que ces poils pourraient les aider, mais c’est seulement après avoir lu l’étude sur le colibri que l’auteure principale, Cally Harper, a soupçonné que les papilles avaient un rôle à jouer, et que ce n’était pas juste des structures passives.

Harper a continué d’étudier l’anatomie de la chauve-souris en détail et, comme dans l’étude de 2011, il a capturé la chauve-souris en train de s’abreuver avec des caméras à grande vitesse. En évitant les yeux sensibles de la chauve-souris, Harper et son équipe, de l’université de Brown, se sont porté directement sur la langue et ont observé que les papilles à la pointe de la langue devenaient rouge vif lors de la tétée, elles étaient remplies de sang.

Selon les auteurs :

La tumescence et l’érection des papilles persistent tout au long de la rétraction de la langue, et le nectar, pris au piège entre les rangées de papilles en érections, est relâché dans la bouche. La pointe de la langue n’augmente pas en volume alors qu’elle s’allonge, ce qui suggère que la contraction des muscles par rapport au volume fixe de la langue est principalement responsable de l’allongement de la pointe, tandis que l’érection des papilles est un processus hydraulique entrainé par le flux sanguin.

Au repos, les papilles se couchent contre la langue, se dressant en cas de besoin. Alors que les muscles de la langue se serrent et se contractent pour l’allonger, il semble qu’elles exercent aussi une pression artérielle sur la pointe de la langue où les papilles se dressent perpendiculairement par rapport à son axe. L’idée est de rendre la surface de la pointe aussi grande que possible. Ce contrôle de la langue par la chauves-souris à l’aide de ces muscles est comparé à la façon dont les trompes des éléphants ou des calamars se déplacent.

Harper spécule que d’autres chauves-souris se nourrissant de nectar et même la souris à miel (un petit marsupial) pourraient employer une méthode similaire (ce dernier ne vit que de nectar et de pollen).

M. Harper pense que la langue de la Glossophaga soricina pourrait inspiré le design industriel, par exemple dans le domaine des endoscopes, car elle change leur longueur et leur surface en même temps.

Cally Harper de l’université Brown expose sa découverte

Leur recherche est publiée sur PNAS : Specialized bat tongue is a hemodynamic nectar mop.

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