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Charley Lineweaver, un cosmologiste à l’université nationale d’Australie, croit que  "l’hypothèse de la Planète des Singes", que l’intelligence correspondant à celle de l’homme est une caractéristique de l’évolution convergente (une niche d’intelligence dans laquelle d’autres espèces évolueraient si l’espèce humaine était amenée à disparaitre) serait basé sur une notion erronée de l’évolution. Donc pour lui, la théorie sur laquelle repose le film, ainsi que souscrite par Carl Sagan et les astronomes impliqués dans la recherche de vie extraterrestre (Search for Extraterrestrial Intelligence-SETI) est fausse et elle pourrait avoir des conséquences graves dans notre recherche de vie intelligente ailleurs dans la Voie Lactée.

Jetons un coup d’œil sur l’intrigue du film de 1968, "La planète des singes", avec Charlton Heston jouant le rôle de Taylor, un astronaute qui effectue un voyage interstellaire. Après avoir voyagé pendant plus de deux mille ans à presque la vitesse de la lumière (au cours duquel l’équipage d’astronautes ne vieillit que de seulement 18 mois en raison de la dilatation du temps), le vaisseau spatial fini par s’écraser sur une planète dont l’atmosphère comprend 20 % d’oxygène et où un jour sidéral correspond à 23 heures et 56 minutes.

Sans vraiment savoir où ils sont dans la galaxie, ils découvrent rapidement que sur ce nouveau monde étrange, les chimpanzés et les autres primates ont évolué pour ressembler à l’homme à la fois physiquement et dans le développement de leur société. Les êtres humains, des animaux muets qui sont capturés et utilisés pour l’expérimentation scientifique, occupent un échelon plus bas dans la hiérarchie de l’intelligence. Cette planète possède du maïs, des chevaux et des gorilles qui utilisent des fusils et des chimpanzés qui utilisent des appareils photographiques. Il ne lui vient pas à l’idée que cette planète est, en fait, la Terre. Charlton Heston tombe amoureux d’une Homo sapiens muette et après un long périple, ils découvrent les restes de la statue de la Liberté. Ce n’est qu’alors qu’il se rend compte que c’est la planète Terre… il n’y a plus à rentrer à la maison, ils y sont déjà en tant qu’espèce subordonnée.

Dans une interview avec la revue Astrobiology (lien plus bas), Lineweaver souligne que “l’hypothèse de la Planète des singes” indique qu’une telle niche existe, que les êtres humains ont développé un gros cerveau parce qu’il y avait une pression de sélection pour entrer dans cette niche de l’évolution. Une autre façon de formuler cette idée est que les organismes intelligents sont plus à l’aise et plus adaptés que les organismes stupides dans tout type d’environnement, et donc il faut s’attendre à ce que toutes espèces, partout dans l’univers, deviennent plus intelligentes que ce que nous considérons être.

Carl Sagan les a appelés des “équivalents humains fonctionnels”. C’est ce sur quoi le programme SETI a été basé. Il y a une grande polarisation scientifique entre des chercheurs en sciences physiques comme Paul Davies, Carl Sagan et Frank Drake, d’une part, et les biologistes comme Ernst Mayr et George Gaylord Simpson qui disent que la vie est si bizarre, que les êtres humains n’évoluerons jamais de nouveau. Si une espèce disparait, elle ne revient pas. Il peut y avoir une niche qui s’ouvre quand une espèce s’éteint, mais la même espèce ou même quelque chose de semblable ne ré-évoluera pas vers cette niche.

Si l’intelligence est efficace pour tous les environnements, nous devrions observer une tendance dans le quotient d’encéphalisation (taille du cerveau) chez tous les organismes en fonction du temps. Mais les données ne montrent pas cela. Des preuves sur Terre pointent vers une conclusion inverse. La Terre a réalisé ses propres expériences avec l’évolution grâce à la dérive des continents. Nouvelle-Zélande, Madagascar, Inde, Amérique du Sud … une demi-douzaine d’expériences indépendantes qui s’étalent sur plus de 10, 20, 50, voire 100 millions d’années d’évolution n’a rien produit de ce qui ce qui ressemble à l’homme quand elles ont commencé. Donc, c’est une idée stupide de penser que les espèces vont évoluer vers nous.

Si vous allez sur ces autres continents et que vous demandez aux zoologistes : Que pensez-vous être la chose la plus intelligente ici ? Est-ce d’essayer de devenir humain ? Est-il aussi possible qu’aujourd’hui, de construire un radiotélescope il y a 50 millions d’années ? Je pense que la réponse serait non. Si c’est la réponse, alors il n’y a aucune tendance vers une intelligence semblable à celle de l’humain, et toute cette idée de l’intelligence qui serait convergente est juste une vaine prétention fondée sur ce que nous voulons croire au sujet de nous-mêmes.

Une seule espèce, sur des milliards qui ont existé sur Terre, a montré une aptitude pour les radiotélescopes et même si nous n’avons pas réussi à en construire durant les premiers 99% de nos 7 millions d’années d’histoire.

Quand vous regardez l’arbre de vie, c’est vraiment un buisson. Toutes les choses qui sont encore en vie aujourd’hui sont vers le haut et vers le bas, au fond, nous avons une convergence parce que toute vie a évolué à partir d’un certain LUCA (le dernier ancêtre commun universel). Si vous regardez toutes les espèces il y a 600 millions d’années, il n’y en avait qu’une seule qui avait une tête. Nous les voyons partout, mais seulement parce que cette seule espèce a rayonné. La séquence d’ADN d’une espèce en particulier est très unique. Ce n’est pas quelque chose de déterministe, comme la formation des planètes. Nous sommes dans le domaine de la biologie, et non pas dans le domaine de la physique.

Si les têtes sont aussi excentriques en tant qu’espèce, alors vous pouvez vous demander, devrons-nous nous attendre à avoir des éléphants indiens dans l’espace ? Pas des éléphants d’Afrique, mais des éléphants indiens. Maintenant, si vous ne vous attendez pas à trouver un éléphant indien sur une planète en orbite autour d’Alpha Centauri, alors vous ne pouvez pas vous attendre à quelque chose d’autre qui est spécifique de l’espèce sur le marché. Il est important de réaliser que la construction de radiotélescopes est une caractéristique propre à une espèce. Pourtant, nous tenons à maintenir que c’est quelque chose que l’intelligence fait en général. Nous avons tous été endoctrinés à croire que notre intelligence est si merveilleuse que toutes les autres espèces la voudraient, y compris tous les extraterrestres.

Selon les estimations actuelles, il y a environ 100 milliards d’étoiles dans notre galaxie (et une planète par étoile), juste pour la Voie Lactée et 10 milliards de milliards d’étoiles dans l’univers. Il y a plus d’étoiles dans l’existence que de jours depuis que l’univers s’est formé. Pourtant, le silence assourdissant de l’espace n’est pas surprenant. Il doit y avoir d’autres émetteurs radio là-haut, mais peut-être pas dans notre galaxie. Si l’homo sapiens survie assez longtemps, le temps nous le dira.

Lineweaver conclut :

Il ne faut pas s’attendre à voir d’autres formes de vie qui soient génétiquement, intellectuellement et fonctionnellement semblables à nous. Je soupçonne fortement que nos parents les plus proches de l’univers sont ici sur Terre, et ils ne sont pas susceptibles d’être ailleurs.

Mais la NASA et les différents organismes de recherche spatiale à travers le monde restent à l’écoute et nos futures recherches ont été reconfigurées pour explorer des formes de vie qui ne seraient pas à base de carbone (et d’inconnue).

A partir de l’interview de Charley Lineweaver : Pondering the Planet of the Apes.

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